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EAN : 9782918135883
194 pages
Editions Dialogues (24/04/2014)
3.71/5   12 notes
Résumé :
Paris octobre 1940. Le Professeur Dejean, chirurgien français de renommée internationale, reçoit une convocation insolite. Un médecin allemand, travaillant dans un hôpital réquisitionné par l'occupant lui propose ce pacte : « Opérez avec moi certains malades difficiles et, en échange, je vous ferai livrer les médicaments dont vous manquez cruellement. »
Au nom de leur éthique, les deux chirurgiens ennemis peuvent-ils dépasser leurs antagonismes ? Pareil pacte... >Voir plus
Que lire après A Hambourg, peut-être...Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre soulève de nombreuses questions, et ouvre plusieurs pistes de réflexion. Il est écrit dans un style très simple, mais cache un fond plus complexe qu'il n'y paraît.
C'est l'histoire d'un médecin sous l'occupation allemande. On plutôt, de deux médecins. Lucien Déjean est français, il essaie tant bien que mal de faire tourner son service hospitalier avec ses collègues, malgré la pénurie de médicaments et de moyens. Helmut Garten est allemand, il soigne ses compatriotes. Les deux praticiens vont se rencontrer, et les deux hommes vont, à travers leur pratique médicale, nouer des liens, d'abord basés sur un intérêt professionnel mutuel, puis sur amitié qui ne peut pas s'avouer.
Denis Labayle est médecin, on le sent bien : tout ce qui a trait dans le récit à la médecine est très réaliste, très authentique. L'univers hospitalier qu'il décrit n'est pas artificiel, mais vrai, et loin des clichés habituels que l'on trouve dans d'autres romans sur ce sujet.
Voilà déjà un sérieux atout pour ce livre, et ce n'est pas le seul.
L'occupation, vue à travers Lucien Déjean, sa famille et particulièrement son vieux père, est bien décrite. Les restrictions alimentaires, le manque de chauffage, l'obscurité, les privations diverses, les familles séparées entre la zone libre et la zone occupée : tous ces éléments sont présents tout au long du roman, naturellement intégrés dans le récit.
Enfin, on ne peut pas aborder cette période de l'histoire sans y inclure le thème de la Résistance. Là-encore, l'auteur nous fait sentir les tensions, les enjeux, les risques liés à certaines activités, de façon simple, mais très réaliste.
Tout en suivant les différents protagonistes dans l'avancée du récit, on ne peut que se poser des questions essentielles. La première, classique : qu'aurais-je fait ? Mais bien d'autres, telles que : une certaine forme de collaboration est-elle acceptable si le bénéfice pour ses compatriotes est effectif ?
L'auteur nous fait nous interroger, à travers une histoire aux apparences simples et au style sans fioriture. Ce n'est pas de la haute littérature, mais un récit efficace et bien construit, qui nous amène mine de rien à réfléchir. J'ai bien aimé.
Je remercie Babelio et les éditions dialogues pour ce livre qui m'a donné envie de découvrir d'autres titres de Denis Labayle.
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En premier lieu, je remercie Babelio qui, dans le cadre de Masse Critique, m'a offert l'opportunité de lire ce roman de Denis Labayle, auteur que j'ai ainsi découvert.
L'histoire se déroule à Paris, sous l'Occupation. Lucien Déjean vit avec son père, très diminué par les gaz respirés durant la 1ère guerre mondiale, alors que sa femme et sa fille ont rejoint la zone libre. Chirurgien, il opère avec peu de moyens et de matériel des blessés toujours plus nombreux, en compagnie de Bernard, son collègue et ami. Un soir, alors qu'il rentre chez lui, un soldat allemand l'attend et lui remet une convocation : il doit se rendre à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière afin d'y rencontrer un certain Helmut Garten.
Lucien, jusque-là, avait réussi à se tenir à l'écart de la guerre et à maintenir un semblant de continuité dans son quotidien, tourné tout entier vers le soin. Cette injonction allemande va l'obliger à faire des choix, à arbitrer entre ses convictions et le confort de ses malades. En effet, Garten, lui aussi chirurgien, lui propose de l'assister dans ses interventions contre la possibilité de recevoir du matériel et des médicaments. Dejean n'hésite pas longtemps. Les arguments de l'Allemand l'emportent : "Ne peut-on en rester à notre idéal commun qui est de soigner des malades quels qu'ils soient, et oublier le reste ?".
Malgré l'opposition de Bernard, le chirurgien français se laisse convaincre. Ainsi, une fois par semaine, les deux hommes vont opérer ensemble, souvent en silence, en échangeant des regards derrière leur masque - peu à peu une complicité professionnelle s'instaure, le respect mutuel s'installe, d'autant qu'on comprend implicitement que Garten n'adhère pas à l'idéologie nazie et qu'il subit, presqu'au même titre que les français, cette guerre. Déjean améliore ainsi la qualité des soins des malades accueillis dans son hôpital grâce aux médicaments.
Cette belle collaboration connaît cependant un tournant le jour où le chirurgien allemand somme Lucien de le rejoindre d'urgence, en dehors de leur accord de ne travailler ensemble que le mercredi, afin de l'aider à sauver un officier dont l'opération se déroule mal et qu'il est en train de perdre. Tous deux arrivent après quelques heures de lutte à gagner contre la mort : l'officier survivra...
Dans le même temps, Lucien se sent suivi dans la rue, épier par une jeune femme qu'il croise un peu trop fréquemment. Qui est-elle ? A-t-il été dénoncé pour ses activités avec l'ennemi ?
Je ne veux pas dévoiler davantage l'intrigue de ce roman qui pose des questions vraiment intéressantes, hors de tout manichéisme : les allemands ne partageaient pas tous l'idéologie nazie, les compromis ne sont pas toujours des compromissions, les héros ne sont pas toujours ceux qu'on croit, etc. le climat pesant, gris et morne de la période de l'occupation est bien restitué, par petites touches, sans description inutile - renforcé par le personnage du père de Lucien, malade à bout de souffle, tout en ambivalence face aux occupants. le seul bémol concerne le style de l'auteur qui manque un peu de souffle (pour moi, bien sûr), qui m'a empêchée d'adhérer complètement à la lecture d'un roman dont l'histoire par ailleurs m'a beaucoup intéressée, en cela qu'elle aborde sous un angle original à la fois la guerre et les choix et dilemmes auxquels on peut être confronté lorsque les temps sont troublés.
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Un chirurgien qui a été démobilisé et qui travaille avec peu de médicaments et beaucoup de patients sous l'occupation allemande à Paris est convoqué par un allemand.

Récit d'un amour pour la médecine, et le serment d'Hippocrate.
Tout en pudeur, il y a aussi de belles amitiés évoquées.

C'est un point de vue intéressant sur la seconde guerre mondiale, ici on ne parle pas des juifs et des camps de concentration. On parle des restrictions, de la peur, du froid, on évoque la grande guerre et on se pose des questions intéressantes. Que faire? Résister? Collaborer? Ne rien faire?

Un court roman, qui me semble aussi adapté pour des ados, et qui permet de se poser la question: "qu'aurions-nous fait à leur place?"
Il y manque peut-être un peu de force, mais ce livre est touchant sans pathos.
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Médecin de formation, Denis Labayle nous livre ici son 7e roman. J'avais lu à sa sortie « Noirs en blanc » qui est un de mes coups de coeur 2012. En découvrant ce nouveau roman, se déroulant sur fond de Seconde Guerre mondiale, j'ai de suite eu envie de le lire. Je n'ai pas été déçue.

Avant tout, je tiens à préciser que ce n'est pas un Xe récit sur la guerre. Il aborde une facette différente de celle-ci, de façon originale.


En octobre 1940, la situation est difficile en France. L'Allemagne a réalisé une guerre éclair humiliante que personne n'imaginait possible. le pays est occupé, affamé et asphyxié par les nombreuses privations et obligations imposées par les vainqueurs. Même soigner la population est une gageure tant les conditions sont épouvantables dans les hôpitaux qui manquent de tout. C'est dans cette atmosphère pesante que Lucien Déjean va voir son existence changer, après une inquiétante convocation à la Salpêtrière, réquisitionnée alors par les Allemands.

Ce roman est l'histoire d'une rencontre, celle d'un médecin français, chirurgien réputé dont les travaux ont connu une notoriété internationale et celle d'un médecin allemand, officier dans la Wehrmacht. Deux hommes que tout oppose et qui n'auraient jamais dû se rencontrer et encore moins coopérer. Deux intellectuels brillants, passionnés par leur métier, deux pères de famille éloignés des leurs, deux hommes aux valeurs communes, deux équilibristes marchant sur le fil tenu séparant humanisme et trahison.

En acceptant la proposition qui lui est faite, Déjean signe-t-il un pacte avec le diable ? Bien sûr, il a fait le serment de sauver des vies mais travailler ensemble n'est-ce pas collaborer ? Où se situe la limite ? le voici seul face à un douloureux cas de conscience.
Denis Labayle dresse le portrait de deux hommes ordinaires, placés par les circonstances dans des situations délicates et litigieuses. Ailleurs, en d'autres temps, sans doute auraient-ils pu être amis. Mais comment être ami avec l'ennemi sans passer pour traitre ?


Rappelant par un certain côté « le vieil homme et la mer » de Vercors, ce roman a cependant le mérite d'être écrit avec recul. Sans juger ni l'un ni l'autre, l'auteur nous place face à notre propre conscience, nous poussant à nous interroger sur ce que nous aurions fait nous-mêmes. Confrontés à des questions d'éthique tout au long du récit, nous sommes amenés à revoir nos certitudes.


Vous l'avez compris, j'ai été séduite. Non seulement par le propos et le traitement de celui-ci, mais aussi par les ressorts dramatiques forts et la réflexion qu'ils induisent. Les personnages sont bien campés, les principaux comme les secondaires. Les relations humaines sont vraies et sonnent juste, chacun ayant des forces et des faiblesses, de grandes qualités de coeur et des zones d'ombre. L'écriture de l'auteur est sobre, d'une précision quasi chirurgicale mais laisse cependant la part belle aux émotions.

Une belle ode à la vie, à l'amitié que je vous conseille vivement. Cela vous donnera aussi l'occasion de découvrir peut-être une maison d'édition de qualité, les Editions Dialogues.

Lien : http://argali.eklablog.fr/a-..
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Tout d'abord, je tiens à remercier l'équipe de Babelio pour m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre d'une masse critique. J'ai toujours été attirer par la vie pendant les Guerres mondiales, et c'est pour cela que ce livre m'a de suite attirée. Je me suis littéralement jetée dessus lorsque je l'air reçu, et je n'ai pas été déçue. A Hambourg, peut-être... a été une bonne lecture que j'aurais aimé plus longue.
On rencontre ici Lucien Déjean, chirurgien français durant la Seconde Guerre mondiale. Les temps sont de plus en plus durs, les médicaments viennent à manquer... Un jour, il reçoit une proposition d'un chirurgien allemand travaillant en France : Lucien l'aide à opérer certains patients, et, en échange, on lui fournit le matériel dont il a besoin. Mais peuvent-ils collaborer ?
Lucien est un personnage auquel je me suis beaucoup attachée. Il n'est pas vraiment un héros, juste un homme qui essaie de faire de son mieux pour que tout le monde aille bien. C'est un personnage authentique, qui aurait pu être réel, et il est impossible de ne pas l'aimer. Serviable, généreux, il n'est pas forcément très courageux, mais il fait face à son destin avec force et intelligence. Helmut Garten, l'allemand, est authentique lui aussi, même si on ne connait pas grand chose de lui. Cependant, dans le contexte de l'histoire, il a un comportement surprenant, on ne s'attend pas à ce qu'il fasse telle ou telle chose, ce qui m'a permis de me rapprocher de lui.
L'écriture de Denis Labayle est agréable à lire, on rentre facilement dans le décor grâce aux descriptions très complètes. L'ouvrage est assez court, mais l'intrigue ne va ni trop vite, ni trop lentement. Ce qui m'a manqué est peut-être la présence de différents points de vues. On ne suit que le docteur Déjean, et j'aurais aimé connaître la vie du docteur Garten, connaître son avis sur certaines situations, ou comment lui vivait, puisque le livre nous plonge dans le contexte de la guerre du côté des civils. On y voit la faim et le froid dûs aux rationnements, la peur... Cela change des livres parlant des déportés, et j'ai apprécié ce côté. C'est un livre très enrichissant.
C'est donc en suivant la vie de Lucien que l'on en apprend plus sur cette période dévastatrice pour l'Europe. Il fait face aux conséquences de ses actes, et même s'il n'y a pas grand chose de très, très surprenant ou stressant, les pages se tournent d'elles-mêmes. J'aurais aimé un peu plus d'action, en savoir plus sur la vie de Lucien à partir d'un certains moment. La fin est superbe, surprenante, je ne m'attendais pas à ce genre de dénouement. Une fin ouverte, mais qui me satisfait amplement. Je n'ai plus de questions, sauf une : et moi, qu'aurais-je fait ?
En conclusion, A Hambourg, peut-être... est un bon roman historique qui se lit très facilement. Malgrè quelques petits défauts, ce livre est très enrichissant et agréable à lire. Je le conseille à tout ceux qui s'intéressent à la Seconde Guerre mondiale.
Lien : http://prilla-in-booksland.s..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le soir, à table, nous mangions face à face, le plus souvent sans rien dire. Et de quoi aurions-nous parlé ? Du manque de pain, du froid, des nouveaux rationnements ? Quel intérêt d'évoquer une fois de plus l'absence d'Agnès et la disparition de Pierre ? Étrange période où il fallait tout économiser, même les mots.
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C'était étrange. J'avais vu souvent la mort frapper à l'improviste, mais toujours les autres. Jamais je ne l'avais sentie rôder si près. Même lors de la débâcle, même sous les attaques des stukas, je n'avais pas eu peur. Pris par l'action, je n'avais pas pensé une seconde à ma mort. Maintenant, j'avais peur. Peur pour Bernard, pour Agnès et Véronique. Surtout peur de moi. Moi qui avais toujours espéré me tenir à distance de la violence des hommes, et qui me trouvais brutalement confronté au pire des dilemmes : faire pencher la balance d'un être du côté de la vie ou de la mort. Tous mes repères explosaient : hier, on m'accusait d'avoir sauvé un homme, aujourd'hui on me demandait d'en supprimer un.
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- Bernard, nous sommes des médecins, pas des militaires. Parions sur Hippocrate contre César, sur la science contre la haine.
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-Et vous, que faisiez-vous avant la guerre ?
-J'étais institutrice.
-Ça ne me surprend pas; je vous avais imaginé enseignante.
-Pourquoi ?
-Votre côté un peu dirigiste.
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-Que veux-tu, la liberté a un prix. Un jour, nous aussi nous aurons à choisir..., sinon, on choisira pour nous et il sera trop tard.
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