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EAN : 9782351780800
216 pages
Gallmeister (30/11/-1)
3.57/5   34 notes
Résumé :
Dès l’enfance, ici, on est rompu à la survie. Dans cette famille de pionniers en Alaska, on ne pleurniche pas, trois générations s’entrecroisent pour le prouver. Pêcheuses, pêcheurs, trappeurs, trappeuses, chasseurs ou chassées, la force des liens se mesure au courage, à la capacité de tenir la bouteille, d’encaisser les coups et au don pour raconter des histoires. Tous ont appris très tôt que les bananes portent la poisse sur les bateaux, c’est l’oncle qui le dit.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Prends ta mini-jupe en poil de castor, je t'emmène dans le Grand Nord. Là où tout est gelé, même le majeur, là où cohabitent ours, phoques et hommes bourrus et bourrés, la barbe hirsute, l'ermite chevelu. Oui, je m'y vois déjà, retour à l'état sauvage, pas de frigo pour mettre les bières au frais. J'ai mis ma tuque (tu veux tâter mon pompon ?), je te donne la pelle, y'a de la neige à pelleter.

Quelques bières, de la neige, une baleine qui s'échoue, des autochtones violents, des vents violents, des eaux violentes, et une nuit qui n'en finit jamais ou un jour qui ne s'achève pas. La beauté sauvage devant la fenêtre de mon igloo, ou de ma cabane en rondin. Tiens, un vol de lagopèdes à queue blanche… et une baleine bleue échouée… C'est beau une banquise la nuit.

Melinda Moustakis raconte dans ce premier recueil les écueils de la vie en Alaska. Pas de complainte, la graisse du phoque est dans la poêle à pancake, juste de la survie. Survie en milieu hostile, ça ferait une bonne émission de télé, sauf que ici c'est encore plus sauvage, comme le saumon qui remonte la rivière. Alaska, c'est aussi et avant tout une histoire de rivière, son eau glacée coule furieusement comme le sang entre mes veines, elle draine la vallée de sa fougue, de son impétuosité, de son mystère, de sa froidure extrême. L'Alaska, cet état extrême tout au nord où un lagopède pourrait presque passer inaperçu au milieu de la banquise.

Ils se battent, ils boivent, ils combattent. Les grizzlis, les saumons, les hommes. Tous égaux devant la nature, tous doivent avoir un caractère bien trempés pour suivre le flot sauvage de la Kenai, pour surmonter la sauvagerie de notre monde, encore plus celui de l'Alaska. Et se planter un hameçon sur soi, crois-moi, ça te fait pousser un sacré cri de sauvage.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Melinda Moustakis raconte des moments de vie d'une famille de pionniers en Alaska, pays désertique où l'existence est un combat de tous les jours. La pêche est un moment important, les hameçons mal implantés sont retirés à la clinique où ils tapissent un mannequin. Ces récits qui ne manquent pas d'humour sont néanmoins révélateurs de l'existence d'un peuple fier, courageux et rompu à la survie sous ces latitudes peu clémentes.

Challenge Petits Plaisirs - 216 pages
Challenge Atout Prix - le prestigieux prix Flannery O'Connor et le prix O.Henry / PEN.
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Au fil des générations, au fil de l'eau de la rivière Kenai, une famille vit tant bien que mal au rythme des hivers interminables de l'Alaska. « Ils luttent contre la rivière, les pierres, les ours, l'hameçon et la ligne. » (p. 16) Zacharias, Colleen, Kitty, Ben, Gracie, Jack, ces enfants ont très tôt appris que la nature est belle, qu'elle donne beaucoup, mais qu'elle demande également beaucoup. Il en va de même de la famille : pour y faire sa place, il faut se battre, se dresser contre les plus forts et ne pas avoir peur de réclamer plus que sa part, pour soi et pour le plus faible que l'on veut protéger. « La vérité, c'est qu'il y a des grizzlys, il y a des poings, des bouteilles et des ceintures. Il y a des choix : faire le mort ou se cacher. » (p. 63) Ici, les femmes sont aussi dures au mal que les hommes : pas question d'être une petite nature face à cette Nature, à la fois hostile et sublime. Quel que soit l'âge ou le sexe, il faut s'endurcir, faire sa part, encaisser les coups qui tombent, immuables comme la neige, savoir les rendre et supporter les rigueurs de l'hiver et de la vie.

Ce texte tient davantage du recueil de chroniques que du roman : pas de linéarité temporelle ou narrative, car il s'agit plutôt d'évoquer des atmosphères et de peindre des scènes qui oscillent toujours entre le drame et la cocasserie. En effet, que dire des innombrables accidents de pêche et des hameçons qui se fichent partout sur le corps ? Alors que les mères n'ont de cesse de dire à leurs filles qu'elles ne seront jamais aussi fortes qu'elles, les fils doivent lutter contre les poissons et l'attrait trop facile de la bouteille. « La Californie t'a ramollie, dit-elle quand je lui rends visite. / Et je pense toujours, l'Alaska t'a rendue cruelle. Mais je ne le dis jamais. » (p. 189) Dans un décor où les nuits sont longues comme cent jours et les jours longs comme cent nuits, la folie n'est jamais loin et la tentation de la violence et de l'alcool est parfois trop forte.

Alaska présente un bestiaire quasiment légendaire, en tout cas emblématique du Grand Nord américain : on voit des grizzlys, des truites Dolly Varden et des saumons qui luttent contre le courant, des aigles, des élans, des baleines et des chiens de traineau. Avec ce premier roman, Melinda Moustakis entre d'un bond dans la cour des grands auteurs de nature writing. Impossible de ne pas penser à David Vann, publié chez le même éditeur, surtout à Désolations. Impossible surtout de ne pas attendre avec impatience le prochain texte de cette jeune auteure, en espérant qu'il sera aussi juste, aussi puissant et aussi percutant qu'Alaska.
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L'Alaska, ses grands espaces, ses montagnes, ses rivières. Une terre dont la beauté n'a d'égale que la rudesse. Une terre où la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Naitre sur les terres d'Alaska, c'est s'accrocher, pour survivre, ou mourir.

Et puis, il y a ses habitants. Ou plutôt cette galerie de personnages que l'auteure choisit de nous dépeindre. Sur plusieurs générations, une étonnante famille de pionniers, pêcheurs, chasseurs, aussi rugueux que peuvent l'être certains coins de cette nature. Âpre, sauvage, une nature qui se mérite. Comme se mérite cette lecture.

Comme l'hameçon qui se fiche dans le doigt, on est accroché par l'écriture de Melinda Moustakis qui nous agrippe et ne nous lâche plus. Pas de fioritures. C'est direct. C'est authentique. Souvent féroce. Ça sent la vie, la vraie, dans toute sa brutalité et c'est ça qui est bon.

Alaska se compose d'un ensemble de textes oscillant entre le billet, la chronique et la nouvelle. La nature, les hommes, leur quotidien, des thèmes qui interagissent entre eux et d'où découle une telle unité qu'on a le sentiment de lire un roman, une nouvelle forme de roman.

Du coup, de par sa structure, les phrases défilent. Les pages se tournent à toute allure. On est pris par le rythme de l'auteure. On avance dans la lecture à la même vitesse qu'on descendrait les rapides de Kenai Canyon. Une lecture au rythme de la nature. Pas toujours de tout repos.

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Melinda Moustakis est née à Fairbanks en Alaska et a grandi à Bakersfield en Californie. Petite fille de pionniers et nièce d'un pêcheur de truites, elle est âgée d'à peine trente ans et Alaska son premier ouvrage, vient de paraître.
Alaska est un recueil de nouvelles mais si ce n'était pas écrit dessus, on pourrait croire qu'il s'agit d'un roman, tant les textes sont liés entre eux. le roman d'une vie, évoquée par flashes de souvenirs ou de faits s'étalant sur une longue période indéterminée mais actuelle. Dans ces conditions il est très difficile et je ne m'y risquerai pas, d'en faire un résumé. Disons qu'il est question de pêche, de cabane au fond des bois et de toilettes rustiques construites à part, d'ours et d'élans, de neige épaisse, pour les décors. Quant aux acteurs, il y a une grande famille pas très riche (« on est toujours obligés de manger des flocons d'avoine, du foie d'élan et des lapins si on arrive à en attraper »), un père violent quand il a bu, une sacrée bonne femme de mère, des enfants de tous âges dont l'un est muet, un grand-père et des tantes et des cousins… On suit tant bien que mal les aventures difficiles ou douloureuses des uns et des autres.
Tant bien que mal, car le plus notable dans cet ouvrage, c'est le style de Melinda Moustakis. Voilà un bouquin qui tranche avec le reste du catalogue de l'éditeur – bien que je n'en ai pas tout lu bien évidemment, mais beaucoup quand même. Melinda Moustakis décape, selon les textes son écriture diffère mais le plus souvent elle surprend. Mots accolés (« Nous scotchons ensemble le râteaubalaipelle. »), tournures de phrases improbables ou baragouin d'enfants, situations qui ne s'expliquent qu'à posteriori, entrée de personnages non présentés. Tout n'est pas clair ou compréhensible immédiatement. Des chapitres sont faits de sous-chapitres extrêmement courts, des mini-nouvelles. Parfois au contraire, on tombe sur un texte à l'écriture beaucoup plus classique. de ce fracas émergent des nouvelles superbes et émouvantes comme Morsure (p. 107), Un autre animal (p. 117) ou ce Premiers secours (p. 176) un mini-texte.
Un premier bouquin qui ne laisse pas indifférent par sa forme atypique et des images fortes, à la hauteur de cet Etat américain où survivre vous occupe à plein temps.
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critiques presse (1)
Lexpress
23 décembre 2014
L'écriture heurtée, crue et drôle de Melinda Moustakis restitue parfaitement les joies enfantines ou les angoisses d'une soeur sans nouvelles du frère parti se saouler avec un ami. Et cette humanité brouillonne survit tant bien que mal, un peu à la manière de ces saumons qui remontent la Kenai River toute proche et qui, mus par un instinct ancestral, se reproduisent avant de se laisser mourir [...].
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Elle était partie randonner avec son père et ses frères dans la forêt pour repérer des élans. Elle portait un fusil presque aussi grand qu’elle et Ben la relaya plus tard car l’arme était lourde. Son père leur demanda de grimper sur l’échelle d’affût et d’y rester. Il reviendrait les chercher quand le soleil atteindrait la crête. Elle et Ben restèrent assis dans le mirador de chasse et attendirent. Ils ne parlaient pas. Elle laissait ses jambes pendre dans le vide.
– Tu as entendu ? murmura Ben.
Elle n’entendait que les arbres.
– Je suis sûr d’avoir entendu un truc.
Le visage vers le sol, elle essaya de voir jusqu’où elle pouvait se pencher avant d’avoir la sensation de tomber.
– Arrête. Tu vas finir par te casser la figure, dit-il.
Elle ne tomba pas, mais son chapeau, si. Elle commençait à redescendre quand Ben lui attrapa le bras.
– N’y va pas.
Elle se débattit jusqu’à ce qu’il lâche prise, et elle descendit. Elle retrouva son chapeau et le replaça sur sa tête – lorsqu’un grognement retentit dans la forêt. Elle fut projetée à terre. Elle répète toujours :
– Une chose qu’on apprend à faire, en plus de savoir tirer, c’est à faire le mort.
Elle retint sa respiration et se cacha le visage entre les mains. Elle entendit des coups de feu. Elle entendit des cris. Son corps roula sur le côté. Elle sentit une pression contre son épaule gauche. Puis elle aperçut Ben.
Ben la souleva par les aisselles et la traîna jusqu’au pied de l’arbre. – Il faut que tu remontes. L’ours risque de revenir.
Les yeux de Ben étaient écarquillés.
Il la remit sur ses pieds, plaça ses mains sur les barreaux en bois. Tout semblait rétréci, brumeux, et tout dégageait une odeur de pourriture. Elle gravit l’échelle d’affût, Ben derrière elle qui la poussait et la pressait. Son épaule palpitait comme si elle se souvenait soudain des événements récents, Ben roula en boule sa chemise à carreaux et essaya d’arrêter le flot de sang.
Quand elle vient me rendre visite en Californie, elle porte des débardeurs et les gens l’interrogent sur l’origine de la cicatrice qui lui plisse l’épaule. Elle leur répond :
– J’ai été attaquée par un grizzly en Alaska.
Et ils la croient. Ils croient que Ben a tiré plusieurs coups de fusil, ils croient qu’elle est remontée sur le mirador de chasse tandis que le sang suintait de sa plaie. Ils mordent à l’hameçon, et elle leur dit alors :
– En fait, c’était un accident. Je me suis accrochée l’épaule à un ressort métallique alors que je me cachais sous le lit.
Ils lâchent un petit rire de soulagement.
– La vache, tu m’as bien fait marcher.
L’enfance, une partie de cache-cache. Ils ne lui demandent jamais de quoi elle se cachait. La vérité, c’est qu’il y a des grizzlys, il y a des poings, des bouteilles et des ceintures. Il y a des choix : faire le mort ou se cacher.
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Ils buvaient de la Carolans Irish Cream et de la liqueur d’airelles artisanale à même la bouteille qu’ils faisaient circuler autour de la table, gorgée après gorgée.
Elle était sortie et je l’avais accompagnée. Elle était un peu éméchée, contente-éméchée. Nous avions contourné la cabane, bras dessus, bras dessous, en direction des toilettes extérieures. La nuit claire constellée d’étoiles sculptées dans la glace. Nous avancions d’un pas lourd dans la neige quand nous nous arrêtâmes soudain. Au-dessus de la crête, des rubans verts sinueux traversaient le ciel, entrelacés et étincelants. Je n’en avais encore jamais vu – des bandes de néons faisant l’amour avec l’obscurité, et je ne pouvais en détacher le regard.
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Je murmure à Ben "Ou alors que Dieu me vienne en aide" et il sourit, Polar Bear dit toujours ça, mais, à mon avis, la seule chose pour laquelle il lui vient en aide, c'est pour nous foutre des raclées , et je pige pas pourquoi elle s'est mise en colère avec le collier de chien et le pull bleu alors qu'on est maintenant en train de piller l'avion. Elle m'a pris le pull bleu et elle a dû le garder pour elle, elle a dû y réfléchir, penser que ces gens étaient morts, le cul gelé, et qu'ils avaient pas besoin de pulls ni de rien d'autre, alors peut-être que Dieu a fini par nous venir en aide, après tout. Peut-être que Dieu a sorti sa grosse main grasse, qu'il a empoigné l'avion et qu'il l'a jeté juste là pour qu'on le trouve, pour que je trouve le canif aiguisé comme c'est pas permis et pas rouillé comme celui que j'utilisais jusqu'à présent, celui que j'ai mis dans ma poche, et la prochaine fois que Rias me dénonce comme il l'a fait, je sortirai le couteau et lui dirai que, s'il recommence, je lui couperai ses oreilles inutiles et je les clouerai à un arbre. ça lui apprendra. Et je pourrai même avouer à Fox qu'on a volé ces trucs. "Y a rien de pire que de voler, putain, il dit toujours. Ou que d'accepter a charité." Je lui avouerai et ça lui fera les pieds, à Polar Bear, mais on risquerait tous d'avoir des ennuis, et Polar Bear s'en prendrait à moi, et je sais pas ce qui est pire, elle ou Fox.
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Elle pourrait s'enfuir. Crier. Ramasser une pierre. Un vieil hameçon sur le sol. Elle sourit à nouveau et se rassied, pose la main gauche sur l'hameçon. Elle l'embrasse sur la bouche et prépare son arme dans sa main gauche. Elle passe son index sur les lèvres de l'homme, le glisse à l'intérieur de sa bouche, vers ses dents, et expose la chair rubis de sa lèvre inférieure. Elle le regarde droit dans les yeux. Puis elle enfonce l'hameçon, lui transperce la chair. Il se recroqueville de douleur et elle l'abandonne sur la berge avant de s'éloigner en bateau. Il aura une cicatrice et il n'oubliera jamais. Elle ne quittera plus sa maison sans un hameçon en poche.
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Le Good Time Charlies’s est une boîte de strip-tease qui faisait les meilleurs fish and chips du coin, tu le sais parce que Sasha t’en mettait toujours une portion à emporter quand tu venais récupérer Jack. Mais Charlie est mort et a emporté avec lui la recette spéciale de sa chapelure « personne n’en sait rien, mais c’est pas de la bière ». Et le sol était recouvert de sciure jusqu’à ce qu’un jour on la balaie, Sasha t’avait raconté que les strip-teaseuses avaient menacé de se mettre en grève car les strings et la sciure ne faisaient pas bon ménage, tu peux très bien l’imaginer.
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