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EAN : 9782369144229
160 pages
Libretto (03/05/2018)
3.55/5   54 notes
Résumé :
Un jeune chef d’état reçoit la visite de son frère tant aimé, disparu dix ans plus tôt. La brève joie des retrouvailles cède très vite la place à l’amertume et à l’indignation : celui qui est revenu a changé. Il est désormais l’Ennemi. À cause de lui, le pays va s’embourber dans une crise sans précédent.

Celui-là est mon frère, premier roman de Marie Barthelet, est un véritable conte qui déroule, avec sensibilité, le récit envoûtant d’une affection mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 54 notes
Le premier roman est un exercice particulier. On ne doit pas se rater parce que c'est ce qui va donner envie à notre éditeur (voire à un autre plus prestigieux) de nous signer pour le suivant. On ne doit pas non plus placer la barre trop haut, le risque étant de ne jamais pouvoir faire mieux par la suite. On doit y mettre tout ce qu'on porte en soi et qu'on veut révéler au monde... mais en garder un peu sous le coude; démontrer sa capacité à avoir du style... mais ne pas trop en faire et tomber dans l'esbroufe. Bref, un exercice rempli de pièges et qu'on aborde à différents âges selon le moment où on s'en estime capable.

Marie Barthelet a 29 ans quand elle fait le grand saut dans le vide de la page blanche et elle valide pour moi assez brillamment l'exercice.

Elle fait le choix du format court, 167 pages, de quoi démontrer ses qualités mais aussi se laisser de la marge pour les futurs ouvrages. Elle brouille les pistes pour le lecteur qui a bien envie de comprendre le contexte de cette rivalité de deux enfants, l'un légitime, l'autre adoptif, le premier étant destiné à succéder à son père à la tête du pays, le second d'abord béquille pour permettre à l'héritier de mieux grandir mais qui finira par se choisir un destin.

Je n'ai pu m'empêcher de glaner les indices pour tenter de comprendre le pays, les enjeux politiques derrière ce récit "familial". On nous parle de calligraphie, de mauvais oeil de barbus... pays arabe à priori. le fleuve semble régulièrement border le récit de son importance... Égypte ? Religion, actes terroriste, donc islamisme ? Mais le fils adoptif semble se mettre à la tête des hilotes, caste d'où il est issu... là on retourne à Sparte et l'Antiquité... Les cataclysmes s'accumulent et rejouent les sept plaies de Pharaon... retour donc à l'Égypte, pas la même époque, mais cela semble métaphorique. Et finalement, plus que de guerre religion, il semble qu'il est question de révolte des opprimés contre les puissants...

Bref, l'auteure ne veut pas que le contexte prime sur l'histoire et se refuse donc à le nommer explicitement. Elle veut plutôt attirer l'attention sur la construction de son récit, cette adresse régulière par le tutoiement à un interlocuteur qui semble être ce frère adoptif... mais qui semble parfois être nous en tant que lecteur... ou Dieu, complice de ces maux qui s'abattent sur le pays. La construction révèle son astuce vers la fin, sans que cela constitue une vraie surprise, mais tout en intelligence et en subtilité.

Fraternité et pouvoir ont rarement donné des résultats apaisés dans L Histoire et en historienne de l'art qu'elle est de formation, Marie Barthelet ne recherche pas l'invraisemblance. le test du premier obstacle est effacé et je vois dans la liste des livres qu'elle n'a pas non plus renoncé face au presque plus périlleux exercice du deuxième roman, un pavé de plus de 600 pages celui-là. L'intérêt a suffisamment été titillé pour que la PAL s'agrandisse d'un opus.
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Succès remarqué de la rentrée littéraire 2015, ce joli conte politico-oriental est une courte mais juste réflexion sur le pouvoir, les liens fraternels et la rivalité confrontée à l'amour.

Élevés ensemble, deux frères vont s'aimer, se séparer puis s'opposer et s'affronter. Parce qu'un seul est fils de son père, le roi, alors que l'autre a été adopté. Parce qu'un seul est appelé à régner. Parce qu'un seul est issu de la caste régnante, quand l'autre est né du peuple puni. Et tout ce que l'on a cru pouvoir gommer pendant les années d'enfance, resurgit fatalement un jour. Et se règle dans le chaos.

S'appuyant sur des métaphores de l'histoire antique et égyptienne (les deux frères de lait qui vont s'affronter, les plaies qui s'abattent sur le pays, la caste punie...), Marie Berthelet nous décrit et nous décrypte les sentiments et liens complexes qui unissent ces deux frères, par la voix de celui qui règne, mais qui doute, redoute et subit peu à peu les coups de boutoir de la vengeance du frère revenu. Un frère tant aimé, mais de quel amour ? Pour quel partage ?

Les chapitres comme les phrases sont courtes, légères, poétiques, et je sais combien il est toujours bien plus difficile de faire court que l'inverse. Mais dans le cas présent, c'est de mon point de vue souvent un peu trop court et les passages de confrontation directe entre les deux frères auraient gagné à être davantage développés.

Mais cela n'enlève rien à la réussite de l'ensemble...
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« J'avais cessé de t'attendre et tu paraissais. » (p. 10) Après dix ans de séparation, un jeune monarque voit revenir celui avec qui il a grandi. Très vite, la joie laisse place à la peur et à l'interrogation. le fils prodigue a bien changé. « La raison que tu avais de revenir n'était pas celle que je souhaitais. » (p. 16) Les deux gamins inséparables, unis par le coeur à défaut du sang, ont grandi et son devenus frères ennemis. le revenant représente la minorité opprimée du pays et porte des revendications fermes et irrévocables. Ses demandes insatisfaites sont suivies de dix fléaux qui ravagent la population. Reclus en son palais avec sa femme et son fils, le monarque sait que son temps est compté. « J'avais mal au passé. Si mal ! » (p. 126)

Les lieux ne sont jamais nommés : c'est un pays de sable et de désert, de chaleur et de serpents. Pas de nom non plus pour les deux frères ennemis : il y a celui qui parle et celui qui écoute, duo lié par le passé et une histoire qui n'en finit pas de s'écrire dans le sang. « Tu es le seul à blâmer. C'est ton pays que tu as laissé pourrir. […] Tu es l'assassin de ton peuple. Les maux qui te frappent sont autant de messages que tu n'arrives pas à décrypter. » (p. 102) Dans cette réécriture de l'histoire de Moïse et de Pharaon, le peuple libéré n'est pas destiné à partir vers une illusoire terre promise, mais bien à s'enraciner sur un territoire auquel il appartient de plein droit.

Longue élégie sur le passé, les souvenirs entachés et l'espoir meurtri, Celui-là est mon frère est un texte court à la portée universelle. Puissant et bouleversant, ce premier roman est très prometteur. Marie Barthelet est sans aucun doute une auteure à suivre !
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Editions BUCHET CHASTEL

Prix du Jeune Ecrivain 2016

Ce 1er roman fait partie de la sélection des 68 premières fois éditions 2016.

Ce roman est une fable, un conte...

Deux garçons vivent dans un palais. Leur mère est décédée d'un cancer. Devenus grands, la succession à la tête du pouvoir est assurée par le narrateur, le frère aîné. le cadet, auteur d'un meurtre d'un policier, a pris la fuite. Quand il revient, il se fait le porte-parole d'une classe sociale défavorisée. La rupture entre les 2 garçons fait son chemin, aux risques et périls de tout un peuple.

En lisant de roman, je me suis dit qu'il pourrait trouver toute sa place dans la catégorie de ces oeuvres "Passerelles" mise en place par les Bibliothèques d'Angers. Il s'agit de romans pouvant créer des ponts entre lecteurs.rices jeunesse et adultes.

Ce roman a pour axe majeur une relation familiale entre 2 frères. Mais, comme toujours, "le diable se cache dans les détails", une faille dans les fondations va bientôt faire s'écrouler l'édifice. Bien sûr, je ne vous en dirai rien, histoire d'en préserver le secret !

A l'image de la rupture consommée entre les 2 garçons, 2 classes sociales s'affrontent dans ce pays imaginaire. Il y a ceux qui ont le pouvoir, qui disposent des richesses, et puis les opposants, les pauvres, ceux qui vivent dans la misère et qui mènent la rébellion. Ils vont trouver dans le frère cadet un leader à la hauteur de la mission.

L'écrivaine met le doigt sur la fragilité d'un principe édicté par notre Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".

"Qamar, s'il était né dans la rue, aurait pu être à la place du petit mourant. La naissance, cette roulette russe..." P. 83

J'ai particulièrement aimé les passages consacrés à l'art et à la nécessité de sa reconnaissance pour lui donner toute sa dimension :

"Ton art, comme tout art, n'a d'existence que reconnu. Sans l'intelligence d'un spectateur, quelle valeur tes actes revêtiraient-ils ?" P. 89

Cette phrase parle tout particulièrement aux membres des 68 premières fois qui ont choisi de promouvoir des premiers romans qui, à défaut d'être médiatisés et relayés sur les réseaux sociaux, n'auraient qu'une existence limitée !

Et puis, il y a de très belles pages dédiées au pouvoir de la musique :

"Les notes, les accords, la mélodie ne sont que détails. Une corde pincée, un coup de phalange sur la caisse, des effleurements suffisent à exprimer une joie, une colère, une incertitude." P. 80

Enfin, et là, je sais pouvoir toucher la corde sensible des lecteurs.rices qui visitent le blog, l'écrivaine fait la part belle à la puissance des mots :

"Les mots d'abord s'égouttent lentement, car je n'ai plus de salive. Puis ils gagnent en nombre, en assurance, en précision. Mes mots ne sont plus des enfants qui apprennent, ils savent, ils professent, ils sont justes, c'est-à-dire au plus près de ce que j'ai vu et que je nomme ma Vérité. Je n'ai pas à les penser ; d'eux-mêmes ils viennent au monde." P. 157

Ce premier roman est servi par une plume concise et agréable à lire. Cette jeune écrivaine de 28 ans a du talent assurément, qu'on se souvienne de son nom : Marie BARTHELET.
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Ce roman se présente comme un conte. Deux frères de lait, dans un pays dont Marie Berthelet taira le nom tout au long du récit, s'affrontent après avoir été très proches dans l'enfance et l'adolescence . L'un d'eux est chef d'état, marié et père d'un garçon de neuf ans. Il règne mais connaît souvent le doute , l'autre revient après 10 ans d'absence, et se rebelle contre le pouvoir, et défend la minorité ethnique à laquelle il appartient. Un combat sans merci va opposer les deux "frères". Une écriture originale ( l'un des frères s'adresse à l'autre) au service d'un sujet d'actualité!
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Surtout il y avait d'autres enfants. Ces gamins efflanqués, incroyablement dégourdis, connaissaient plus de blagues que de prières, savaient les restaurants où le patron laissait manger gratis et comment s'infiltrer dans une salle de cinéma. On les admirait tant ! On aurait aimé être à leur place, grignoter après eux leurs quignons de pain, traîner avec eux dans les usines désaffectées... Eux bien sûr nous méprisaient, nous les gosses de riches, les bien-causants, les proprement vêtus. D'un doigt sur la poitrine, ils nous repoussaient ou nous adressaient des gestes obscènes. On les suivait malgré ça, de loin. On se disait qu'un jour ils nous accepteraient, et que sinon on les ferait jeter en prison.
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Ta mémoire à toi, tes registres personnels, nous n’y avions pas pensé. Tu es devenu instable, refusais de manger, de dormir, de parler d’autre chose que du pouls de cet homme s’affolant sous ta poigne, de sa salive dégoulinant sur tes phalanges. Mille fois par jour tu te lavais les mains. Tu regardais au-dessus de mon épaule, dans le vide. Tu répétais: « Non et non, il ne faut pas, il ne faut pas…
Un matin, tu es parti. Personne ne t’a vu quitter le palais. Tu n’as rien dit, rien emporté, pas même ton chien, pas même moi. Dieu sait que tu m’emmenais toujours avec toi, dans toutes tes errances. Tu es parti pour ne jamais revenir.
Jamais.
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J'ai un carnet à spirale, un tout petit carnet noir, où je recopie les mots qui me révulsent par leur sens et la réalité qu'ils recouvrent :
Bouc émissaire
Frontière
Fosse
Immoler
Purge
Purification
Néant
...
Des mots qui, s'ils copulent sur trop de lèvres, accouchent d'ignobles enfançons.
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En te voyant, j’ai pensé que tu étais revenu pour moi, puis que tu avais vieilli. Je me trompais. Déjà tu souhaitais repartir. Et ce n’était pas tant que tu avais vieilli, tu étais transformé - défiguré, allais-je dire, par la brûlure d’une foi neuve. J’ai aussi cru que je délirais. Mais ton nom susurré par tous ceux qui étaient présents a craquelé le silence. J’ai compris que je n’étais pas le seul à te voir. Que c’était vrai. Que c’était toi.
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Plus tard, Wadjat et moi nous sommes battus.
Elle refusait de coucher avec moi, m'en voulait, prétendait faire la grève du sexe comme dans cette fameuse pièce antique. De toute façon, matraquait-elle, de toute façon comment aurais-je pu la satisfaire, moi qui n'étais plus un homme ?
J'étais venu à elle saturé de dépit. Il fallait que j'exerce mon emprise sur une créature. Wadjat était là, parfumée, bien en chair, humide du bain qu'elle venait de prendre, bouleversante de vie. Wadjat simplement était belle. Elle lisait au lit. Ses seins, son ventre et ses cuisses dessinaient sous le drap un paysage ordonnancé. Parce que l'image était trop parfaite, je décidai d'y mettre le chaos.
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Vidéo de Marie Barthelet
Marie Barthelet - Celui-là est mon frère .Marie Barthelet vous présente son ouvrage "Celui-là est mon frère". Parution le 18 août 2016 aux éditions Buchet Chastel. Rentrée littéraire 2016. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/barthelet-marie-celui-est-mon-frere-9782283029749.html Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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