Face à la prodigieuse qualité de la lumiére qui s'amoncelait dans le port de Sydney, en Australie,dans la foule démocratique, au milieu du tohu- bohu ,, sous un large soleil, au milieu des petits enfants qui mangeaient des glaces et des touristes en voyages organisés, "Quatre Personnes" d'origine diverse, venues d'horizons très différents, déambulent et se dirigent vers le célébre opéra de la ville.
Sydney, une ville cosmopolite, lumineuse, étincelante, bruissante, bruyante, décrite merveilleusement par l'auteure dont l'écriture élégante, poétique et lancinante nous plonge au coeur de cette ville trépidante où les trottoirs étaient noirs de monde, où des corps pleins de vie défilaient dans la lumiére aveuglante....Où l'on entendait des téléphones sonner et des gens parler trés fort...
Cet ouvrage où l'on a l'impression de visionner de splendides images comme dans un documentaire bien construit....
Un ouvrage riche d'histoires difficiles et de souvenirs très lourds à porter...
Les quatre personnages ont " oublié d'oublier".
D'abord Pei Xing, la soixantaine, goûte dans les rues de Sydney, son côté à la fois asiatique et arabe , trés coloré , Pei Xing, venue de sa lointaine Chine pour se reconstruire aprés la disparition de ses parents, Chang Yong et Chang Anyi,lui, titulaire d'un doctorat de littérature anglaise, elle enseignant le piano à la Royale Academy,battus puis tués aprés "l'autadafé" de leurs livres, au début de la révolution culturelle, elle , persécutée, jetée en camp de rééducation,
" la jeunesse instruite ", ses parents nommés eux les "Contre Révolutionnaires".
Son regard de " survivante"bienveillant porté sur chaque être irradie ce livre. Elle éprouve le besoin de vivre dans le
pardon. Elle porte les histoires russes racontées par son pére ainsi que son "cher Docteur Jivago,"qu'elle se remémorait au camp, pour survivre....., ce qui la rend touchante, libre,forte, accessible aux autres.
Puis vient James, un écorché vif qui avait rêvé d'être un artiste dans le genre de Magritte qui revit les douloureux moments d'une tragédie dont il se croit responsable....
Ensuite Ellie qui n'a jamais oublié sa premiére expérience amoureuse à quatorze ans avec James, qu'elle va justement retrouver si longtemps aprés....
Enfin Catherine, l'Irlandaise, journaliste arrivée depuis peu,hantée par la mort de son frère aîné Brendan, admiré, passionné par ce qu'il entreprenait, fier de son sang Irlandais....
Ce roman très bien écrit, foisonnant , complexe, tisse un écheveau dense où l'auteure croise et déploie des existences et des destins contrastés parcourus de failles, dont le lecteur suit le cours, où elle ne les confine pas dans le passé mais ouvre les portes facilement...
Différentes cultures les imprègnent et leurs origines différentes les rendent capables.....aptes à créer des liens,à aller vers les autres...
L'opéra de Sydney revient comme un symbole lancinant, un ancrage, un lieu fédérateur, la preuve tangible du présent,un monument stable et rassurant...
Le personnage qui m'a le plus touchée, marquée est celui de la survivante, hantée par les réminiscences de son enfance , imprégnée de la culture au sens noble du terme de ses parents martyrs...et de tous les intellectuels de l'époque.....Pei Xing....
Je ne connais pas
Gail Jones mais son livre splendide , intense. Lumineux est d'une richesse incomparable, il est de ceux que l'on ne peut mesurer à cette seule critique....un ouvrage que je vais garder ...longtemps en moi!