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Anne Plantagenet (Traducteur)
EAN : 9782266339056
192 pages
Pocket (01/02/2024)
4.06/5   25 notes
Résumé :
"Je ne savais pas qu'on tuerait mon père. Aucun enfant ne peut imaginer une chose pareille. Mais ça arrive. J'ai encore du mal à croire qu'à peine trente-cinq grammes d'acier et un gramme de poudre aient pu détruire une famille. Je l'atteste pourtant. Ils ont détruit la mienne". A onze ans, Sara Jaramillo Klinkert perd son père, avocat colombien, assassiné par un tueur à gages. Rien ne sera plus jamais comme avant.
La petite fille privilégiée, élevée par des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Une écrivaine colombienne inconnue pour moi et un premier roman autobiographique fulgurant où l'intensité des émotions est exprimée à travers une plume puissante, magnifique.
C'est l'histoire tragique de sa famille, plus précisément de l'assassinat de son père, partie intégrante de l'histoire politique très sombre de la Colombie. C'était le vendredi 17 mai 1991, elle avait 11 ans le jour où elle vit son père pour la dernière fois, « J'ai entendu encore une fois ma mère me dire que mon père était au ciel, sans vraiment expliquer comment un homme pouvait partir au travail le matin et se retrouver au ciel. » Une date et un événement qui la marqueront au fer rouge, à vie. Comment ne pas penser au magnifique livre ( un de mes livres pour une île déserte), de Hector Abad Faciolince, « L'oubli que nous serons ».
A partir de cet événement tragique Jaramillo retourne vers le passé,
l'enfance avec quatre frères dont des triplets, dans une propriété aux environs de Medellín noyée dans un grand jardin envahi par les plantes, les fleurs et les arbres fruitiers. Mais 11 années c'est court comme passé et on revient inévitablement à l'événement funeste et la douleur indicible qu'il a laissé à la petite fille et à sa famille.
Mais Jaramillo ne tombe jamais dans le pathos, bien que le lien avec le père ayant était très fort, sa perte suite à sa courte vie avec lui a été cruciale dans son existence. Elle ne manque pas aussi d'humour pour raconter cette famille nombreuse atypique avec un superbe portrait de la mère qui va être obligée de la gérer seule, par la suite les laissant se débrouiller seuls, et où l'on a droit à des scènes jubilatoires avec les cinq enfants. Émouvant aussi par la suite à l'adolescence l'osmose avec la mère, les problèmes avec les frères et leurs tragédies, le tout toujours exprimé avec beaucoup de poésie, de douceur et de compassion.
Un livre où Jaramillo tue son père avec des mots, pour le ressusciter dans un récit débordant d'émotions et d'amour. « C'est la seule arme que je possède. Je te tue parce que je suis fatiguée d'essayer de te garder en vie dans ma tête. Je te tue pour que tu puisses vivre dans ce livre ……Existe-t-il de plus bel endroit pour vivre que dans un livre ? ». Je me suis notée des tas de paragraphes tellement ce qu'elle arrive à exprimer reflète l'essence même de la vie et de ses règles impitoyables, indépendamment du lieu, du temps et des circonstances . Publié dans son pays en 2019 , ce livre fut finaliste du prestigieux prix littéraire National Book Award. Une très belle surprise pour moi ! Un coup de coeur !

« Le bonheur est quelque chose que, la plupart du temps, on apprécie seulement une fois qu'on l'a perdu. »
« …. le silence est précisément ce qui empêche l'oubli. »

Un grand grand merci aux éditions Stock et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce magnifique livre !
#Commentjaituémonpère #NetGalleyFrance
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« Elle a dit que le soleil reviendrait, que les arbustes pousseraient et deviendraient encore plus grands que le goyavier tombé. »

C'est fou ce qu'on peut dire parfois. C'est fou ce qu'on peut dire quand nous sommes persuadés que le jour d'après sera identique à celui d'avant…Or la vie est ainsi, elle efface les mots plein de certitudes. le soleil n'est pas revenu. Leur père non plus. le ciel leur est tombé dessus et leur a laissé l'absence. Il est vrai que les arbres ont continué de pousser, mais l'odeur de pourriture des fruits gâtés est resté dans l'air. le chagrin a dû se partager en 6. Six façons de s'habituer au deuil. de la mère qui s'efforce de nier la douleur, aux frères qui sombrent dans une addiction ou une autre, ou de la grande soeur qui se bat pour rétablir un peu d'ordre dans ce chaos: chacun gère comme il peut, le traumatisme. Et pourtant, ils s'efforcent d'avancer…Maladroitement, de travers, lentement, avec courage. Et dans ces graines de souvenirs que l'autrice nous offre, des fleurs s'épanouissent, des arbres s'enracinent, des forêts naissent…Tout est beau dans cette résilience. Cette famille a dû faire face à une perte dévastatrice mais cette enfant, avec son rire et son amour, maintient le foyer…Autant qu'elle peut, autant qu'elle le pourra…Mais le chagrin est comme une balle lancée au vent, on ne peut prévoir les dommages collatéraux….

« Tu vois, le temps est relatif. le temps existe seulement parce que nous l'inventons. »

C'est certainement la phrase qui m'a le plus percutée. Tout dans ce livre est bouleversant. La tendresse, l'amour, le deuil, les trajectoires brisées. Mais ce temps existe. Il existe dans ces pages, dans le coeur de Sara, dans cette famille endeuillée. Il existe dans le jardin, dans les confidences aux orchidées, entre les murs de cette maison. Il existe parce que lorsqu'il vient en nos mains. À chaque page tournée, lue, appréciée, il se réinvente en nos imaginaires. Je voyais le goyavier, les fourmis,
le lapin, les chauves-souris, les colibris. Je voyais la nuit, le manque, la douleur. J'imaginais la confiture, le sirop, la pâte de goyave…Je m'en délectais. Tout existait, et si vous grattiez, autour de ce titre énigmatique -Comment j'ai tué mon père- il se pourrait que les graines d'amour laissées par l'autrice, se remettent à fleurir par vos yeux humides…

« Si le bonheur existait, il ressemblait à cet instant. »
Lien : https://fairystelphique.word..
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Un titre percutant et une belle couverture pour ce texte qui va nous emmener à Medellin, en Colombie.
La narratrice-auteure va nous raconter comment sa vie de jeune fille de onze ans va basculer quand son père va être assassiné par un tueur à gages. Et comment sa famille heureuse va basculer dans le deuil et comment chacun va essayer de surmonter ce malheur. Un texte très personnel et très sensible de la part de cette fille aînée.
« J'ai encore du mal à croire qu'à peine trente-cinq grammes d'acier et un gramme de poudre aient pu détruire une famille. Je l'atteste pourtant. Ils ont détruit la mienne ».
Elle décrit très bien les sentiments de chacun, les non dits, les ressentis de chacun des membres de la famille : que ce soit sa mère, qui va tenter de rester digne, debout et qui va aider à aller de l'avant, avec le leitmotiv "çà va aller". La narratrice va raconter avec beaucoup de sensibilité, de délicatesse, d'humour, les dommages collatéraux de cet assassinat au sein de la famille. Elle va parler avec beaucoup de subtilité des ses frères, les triplés qui chacun à sa façon va essayer de surmonter ce drame. Un très beau et touchant portrait de l'un des jumeaux qui va tomber dans la violence, les drogues et que la famille ne réussira pas à sauver.
Elle nous parle de sentiments très personnels, de souvenirs heureux avant le drame, de cette grande maison avec sa flore abondante, l'insouciance de l'enfance, broyée par ce drame.
"Il fallait que nous soyons forts, invincibles, durs, très durs, pour qu'aucune balle ne puisse nous traverser." (p70)
Elle va nous narrer les moyens que chacun va tenter de trouver pour aller de l'avant "Ce sont le soleil, l'eau et la littérature qui nous ont toujours donné de meilleurs conseils."
Et un bel hommage à la littérature et les livres à lire et à écrire qui vont la sauver. "Si j'ai renoncé à l'idée de mourir, c'est seulement parce que les morts ne peuvent pas lire. Plus je lisais, plus je prenais conscience de tous les ouvrages que je n'avais pas encore lu. C'était infini, il me faudrait mille vies pour y arriver. Les livres m'ont sauvée." (p75).
Un texte bouleversant, intime mais qui fait aussi du bien car il parle de résilience, d'acceptation du drame.
Il y a aussi beaucoup d'humour dans ce texte et en particulier, la gestion quotidienne de 4 enfants et de triplés. Sa mère aurait presque besoin d'un permis de transport scolaire pour emmener les enfants à l'école, une liste d'excuses pour les retards à l'école.
Puis elle va nous parler de sa vie d'adolescence, de jeune femme et de ses rapports aux autres, aux hommes.
Un très beau texte, très personnel et nous ne saurons pas pourquoi son père, avocat, a été assassiné mais cela en fait aussi un texte universel sur les dégâts collatéraux d'assassinat.
Une très belle traduction d'Anne Plantagenet, qui nous permet de voir ce jardin, de sentir les odeurs des plats.
Malgré un sujet si intime et difficile, je vous conseille la lecture de cet texte.
#Commentjaituémonpère #NetGalleyFrance
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Merci infiniment aux Editions Stock et à Netgalley France de m'avoir permis de découvrir ce roman et cette auteure
Je reste sans voix et les larmes au bord des yeux en terminant la lecture de ce roman autobiographique de Sara Jaramillo Klinkert , écrivaine colombienne.
Evidemment, ce récit, on le lit dans ce titre énigmatique aborde la mort, décortique le deuil, analyse et si par malchance la vie vous a fait connaitre la même situation cela peut être difficile ! attention ce n'est toutefois jamais pathos ni lambinant car il y a du rythme entre ces pages.qui déroulent la vie de cette jeune femme depuis la fin tragique de son père. On passe allègrement du passé au présent car l'autrice a choisit de nous partager son quotidien avec ses réflexions et phrases chocs et un regard très moderne sur la façon d'écrire le deuil, avec beaucoup d'humanité. Les retours dans son passé, la vie avant, pendant et au décours de la mort du père sont justes. La vie assez chiche de cette famille nombreuse colombienne qui entre les frères du même âge, les membres de la famille, la mère qui se bat pour tenir haut la tête et faire avancer ses enfants n'a pas été facile pour Sara mais cette enfance dans cette grande maison de Madellin noyée dans les plantes et dans l'amour prend beaucoup de sens pour aider à se reconstruire. La nature, les animaux prennent également une place importante dans ce roman.
Seulement les souvenirs sont bien minces quand la mort frappe l'être aimé pendant l'enfance et l'on revient invariablement à l'annonce fatidique, au chamboulement , au manque, à cette vie qui s'écroule, à l'incompréhension ....
C'est pourtant si joliment raconté, émouvant sans être larmoyant !
C'est un bon roman qui aborde un sujet difficile avec les yeux d'une enfant qui devient femme et qui fait preuve d'une force de caractère incroyable
Bravo à cette jeune autrice !!!
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Comment j'ai tué mon père 👨🏼
.
A onze ans seulement, la jeune Sara va perdre son père, assassiné par un tueur à gages. La jeune fille sait que rien ne sera plus comme avant, en passant brutalement de l'enfance insouciante et aimante au passage adulte. 👩🏼
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L'autrice retrace avec poésie, nostalgie et beaucoup d'humanité les souvenirs et les passages à vide de cette famille qui a dû rester soudée et se battre pour ne pas sombrer. 🫂
.
On parle des souvenirs d'enfance qui ont bercé la vie de nos personnages : la cabane que construisait le papa, l'odeur des mangues fraîches, le crépitement des galettes de maïs : tout un panel de bribes du passé qui viennent s'ajouter au présent. 💛
.
« Dans le monde réel, on n'a pas trois vies, comme dans les jeux vidéos. On n'en a qu'une, et quand on la perd, c'est pour toujours » ✍🏼
.
Un roman court : choc et émouvant. A découvrir rapidement 😍📖
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critiques presse (1)
LeMonde
15 novembre 2022
Contrairement à ce que laisse présager le début du récit – l’annonce maladroite du décès de son père à la fillette –, tout ici n’est pas noirceur. Le livre tient moins d’un lamento que d’une déclaration d’amour à un paradis perdu.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Comme la plupart des enfants, je rêvais moi aussi d’être adulte. Le 7 juillet, je soufflais les bougies de mon gâteau d’anniversaire et faisais sept vœux. Je voulais un poulailler avec beaucoup de poules. Une propriété au bord de la mer remplie de palmiers et d’amandiers où se nicheraient des bandes de perroquets dans un joyeux brouhaha. Lire tous les livres de la Terre et écrire les miens. Gagner ma vie et faire le tour du monde. C’étaient, pour une fillette de onze ans, de bonnes raisons de vouloir grandir.
J’ignore si c’est pour cela, à force de l’avoir tant désiré, que ça a marché, sans génie, sans lampe magique, mais soudain, un après-midi de mai, j’ai vieilli de trente ans d’un coup. Le jour où mon père a été tué. Qui a été aussi celui où j’ai appris que les choses ne se passent pas exactement comme prévu.
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À cet instant je me suis rendu compte que dans le monde réel on n’a pas trois vies, comme dans les jeux vidéo. On n’en a qu’une, et quand on la perd, c’est pour toujours.
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Mais à présent tout était silencieux, et le silence a une teinte partiiculière lorsqu'il niche dans des lieux qui ont été ostensiblement bruyants. De temps en temps, on entendait le léger murmure des feuilles mortes qui s'entassent désormais dans les coins, dansant, muettes, avec le vent.
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Il cachait les objets auxquels on tenait le plus et nous soumettait à une épreuve de son cru pour nous les restituer : marcher sur les mains, tenir sur une jambe pendant dix minutes, porter un récipient rempli d’eau sur la tête sans faire tomber une goutte, répéter des virelangues impossibles sans se tromper. Il nous obligeait aussi à arracher les mauvaises herbes.
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En revanche, elle n'a jamais pu s'habituer à la ville. On appartient aux lieux qui nous manquent, pas à ceux qu'on habite, et ma mère, comme les oiseaux, appartient à la nature. Les personnes capables d'admirer jusqu'aux fleurs qui poussent entre deux pierres, de ramasser des graines et de les planter parce qu'elles croient en l'avenir, même si elles ne savent pas exactement ce que c'est, ne peuvent pas vivre entourées de béton.
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