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EAN : 9782882503008
225 pages
Noir sur blanc (05/04/2013)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Dans le sillage des oies sauvages est une plongée dans la vie nue, depuis la Carélie jusqu’au Labrador canadien. C’est aussi la quête d’un rapport au monde dans lequel c’est le chemin qui fait l’homme, et non l’inverse.
Wilk nous raconte d’abord le lieu où il a choisi de vivre, le hameau de Konda, qui se dédouble dans le miroir du lac Oniego. Jour après jour, il se rend dans la ville la plus proche, Petrozavodsk, pour flâner, causer, étudier de longues heures... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans "Le sillage des oies sauvages" est dédié à la petite fille de Mariusz Wilk, Martoucha, née trois ans avant sa parution. Tout ce livre va nous conduire progressivement vers celle qui n'apparaît que dans la troisième partie intitulée "L'outre-miroir"
Le prologue est placé sous le signe du vagabondage et de sa belle rencontre avec Kenneth White au festival Étonnants Voyageurs 2007
..."vagabonder est un état d'esprit, ce n'est pas une activité comme voyager. Ryszard Kapuscinski fut un grand voyageur du XXe siècle. Kenneth White, à mes yeux, est le modèle du vagabond contemporain."
Lors de sa lecture de la route bleue en mai 2006, il sait qu'il a rencontré un frère :
(...) Dès la première page, je fus totalement transporté par ma lecture. Parvenu à la phrase : " Peut-être l'idée est-elle d'aller aussi loin que possible -- jusqu'au bout de soi-même -- jusqu'à un territoire où le temps se convertit en espace, où les choses apparaissent dans toute leur nudité et où le vent souffle, anonyme", je sus que j'avais trouvé en lui un nouveau frère, un homme "prisonnier de l'exil occidental", pour reprendre ses mots, qui devait passer par le Nord pour trouver son Orient. p 10
(...) Nous citions les mêmes auteurs, de Thoreau à Bashö, et appartenions à la même compagnie des "oies sauvages" humaines.
Et leurs deux maisons vagabondes se rejoignent : La Maison des marées pour Kenneth White et La Maison au bord de l'Oniego de Mariusz Wilk. p 12

Des nombreux fils de trame qui composent Dans le sillage des oies sauvages, les deux qui s'y croisent le plus souvent sont le miroir et "la tropa" :
Le miroir apparaît dans le titre des 2 parties qui entourent le récit central du voyage au Labrador sur les traces de Kenneth White intitulé "Le hachis de caribou"

Dans la première, "Le miroir d'eau", Wilk nous parle de Petrozavodsk la ville la plus proche de Konda oú se situe sa maison
p.22 Située au bord du lac Onega, Petrozavodsk se mire en permanence dans ses eaux comme dans un miroir et, selon la grosseur des vagues ou l'angle de chute des rayons du soleil, la ville découvre son visage dans des torsions, des reflets, des foyers lumineux et des masques de toutes sortes. L'été, les nuits blanches y sourdent d'un halo mat (les maîtres anciens obtenaient le même effet en utilisant la tempera à l'oeuf), sous l'effet duquel les choses se transforment pour n'être plus que leur ombre.
Le miroir d'eau traverse aussi la route du Labrador lorsque Denise Robertson, une belle rencontre faite le long de cette route parfois décevante où "le tourisme tue le mystère de la route", lui offre l'une de ses photos "la photo du miroir d'eau sur lequel les esprits de ses ancêtres indiens regardent du haut d'un arbre, et où la surface du lac pourrait aussi bien être le ciel."
On le croise en cours de route avec le peintre Balthus. Et il sera toujours là dans l'ultime partie "L'outre-miroir".

Quant à la tropa, c'est un mot qui recouvre le chemin et la manière de le fouler :
"J'ai trouvé le mot tropa dans le Dahl (Dictionnaire raisonné du russe vivant ...).
Du verbe tropat', dans le dialecte du Pomorié, qui signifie "fouler". C'est le sentier, le chemin de la vie qu'on foule avec ses pieds au rythme de son sang. de la cellule du père Guerman aux îles Solovki, où j'ai commencé à fouler le mien, j'ai emporté comme un viatique cet aphorisme qu'il avait énoncé : "On peut voyager toute une vie sans quitter sa cellule."
Au départ, c'est mon ego personnel qui a constitué la nature de ma tropa. C'est moi qui foule mon chemin ! (...)
Ensuite, j'ai trouvé une vieille maison au bord du lac Onega et c'est elle qui est devenue ma tropa. (...) Chez les Samis, j'ai compris que ce n'est pas moi qui foule le chemin mais le chemin qui me foule. C'est la loi des nomades. Tu vas dans une direction, tu ne vas pas à un but. p 153
Et p 163 ... un aspect très important de la tropa, du chemin, à savoir la possibilité de la fouler dans les mots.
Et puis je viens d'avoir une fille, une petite Martoucha ; c'est désormais elle qui sera ma "tropa". Où me conduira-t-elle ? Je n'en sais rien. p 154

Voilà dans ces quelques phrases, soulignée la progression de toute une vie.
Mais ne vous y trompez pas, la fantaisie est toujours là et Mariusz Wilk n'aime rien tant que de vagabonder. C'est la forme du journal qui lui permet de donner libre cours à sa fantaisie et sa curiosité sans limites pour les êtres, la beauté de son environnement et la poésie qui émane aussi bien du quotidien que de l'inattendu.

" Je prends plaisir à traîner ! Dans l'espace ou dans le temps, dans une ville ou dans la toundra, en passant d'un individu à un livre ou l'inverse, peu importe. Mon chemin suit de véritables méandres car à chaque tournant s'ouvrent de nouveaux horizons, surviennent des rencontres inattendues, de nouvelles lectures par dizaines. Il arrive qu'en chemin je doive m'arrêter : c'est le ferry qui tombe en panne, un bonhomme qui est en retard, un livre qui manque et qu'il faut commander dans une autre bibliothèque située dans une autre ville. Rien ne se fait de force, dans la précipitation. le vagabondage enseigne la patience." P47

J'aime particulièrement cet écrivain car il ne se laisse pas enfermer dans une catégorie. Mais c'est aussi l'une des raisons qui font qu'il est très difficile de rendre toute la variété et la beauté qu'il offre à ses lecteurs avec beaucoup de générosité. Son dernier livre, La maison du vagabond, s'inscrit dans la continuité de celui-là. Il y a une unité qui leur est donné, en partie par la présence de la petite Martoucha qui tient une place grandissante.
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J'avais relativement apprécié son “Journal du loupˮ (jeu de mot sur son nom) et plus que modérément “Dans les pas du renneˮ. Relisant mes notes, j'avais écrit que j'avais butiné son texte, comme le font les rennes avec les lichens. Je nous donne une autre chance avec ce livre. J'ai lu sur la quatrième de couverture que l'auteur a vécu une dizaine d'années aux Solovki et qu'une première partie du livre raconte ses déambulations à Petrozavodsk. Ayant visité et les unes et l'autre, je me suis donc laissé tente. Hélas ! Il tire à la ligne et donne l'impression de recopier des articles de Wikipedia ou de guide voyages, c'est d'un intérêt limité, pour se limiter pieusement dans la litote. le deuxième volet traite de son voyage au Canada en compagnie, intellectuelle, d K. White. C'est encore pire, du style “Racontez votre voyage chez votre cousin à la campagneˮ. Quand à l'épisode autour du lac Onega, son récit prend l'eau de toute part. Tout ce brouet est accompagné de considérations de circonstances et de banalités à la mode. Vraiment certains éditeurs font curieusement dans la philanthropie littéraire et moralisante.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Dès le début, les missionnaires firent tout pour obliger les Indiens à passer de leur rythme de vie nomade à un rythme de vie sédentaire. En effet, ils comprenaient qu'un homme qui vagabonde à sa guise était plus difficile à convertir à la nouvelle foi qu'un sédentaire. "Brisez le rythme vital, disait Kenneth, et vous briserez l'esprit. Prenez un esprit sans rythme vital, il croira n'importe quoi.(La route bleue de Kenneth White) Aux mêmes endroits que les missions chrétiennes s'installèrent des magasins permanents où l'on trouvait à manger si l'on rentrait bredouille de la chasse, et à boire pour noyer dans l'alcool la culpabilité engendrée par la découverte récente de ses péchés. De l'avis de Ken, ce fut le début de la fin. Il ne restait plus qu'à enfermer les Peaux-Rouges dans des réserves où grâce au travail dévoué et intransigeant des nobles missionnaires, ils pouvaient mourir d'une maniéré édifiante. p 91
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p 139 La vie est trop courte pour se presser.
Cet épigraphe m'a été glissée par le chaman esquimau sur le ferry. Alex a fait cette comparaison entre le chemin des hommes blancs et les pistes des Inuits : " Le blanc se dirige toujours vers son but par le chemin le plus court. Les Inuits font des détours. Les Blancs vivent dans le temps, les Inuits dans l'espace. Le Blanc a un certain nombre d'années pour voir le plus de choses possibles, et moi, j'ai encore un nombre de miles défini à parcourir, alors plus je vais lentement, plus je vois. Les miles n'y perdent rien." Il m'a dit aussi que je passerais bientôt du nord au sud. Je lui ai demandé pourquoi.
-- Chez nous, chaque âge a son point cardinal m'a-t-il répondu. L'enfance, à laquelle correspond le tuk-tuk, qui signifie "renne" dans notre langue, est tournée vers l'est ; la jeunesse vers le sud ; la maturité va vers l'ouest et la vieillesse fuit vers le nord. Tu vas bientôt commencer un deuxième tour.
Encore aujourd'hui je me demande comment il a pressenti la venue de Martoucha qui n'avait pas même été conçue... (née le 12 août 2009)
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Du fait de l'état inquiétant de la nature, j'ai ouvert "La Route" de Cormac McCarthy, bien que je ne sois pas fanatique des romans catastrophe.
(...) j'aurais vite abandonné "La Route" si une réflexion de l'auteur n'avait résonné en moi : si vous êtes un bon père, votre enfant est tout ce qu'il y a entre vous et la mort.
(...) j'ai repris le livre au début et en ai parcouru chaque page en soulignant des phrases du type : "Il ne savait qu'une chose, que l'enfant était son garant" ou " ... Chacun était tout l'univers de l'autre", et quand je suis arrivé au passage où le père assis près de son fils endormi caresse ses pâles cheveux blonds emmêlés et compare la tête de l'enfant à un "calice d'or, bon pour abriter un dieu", je n'ai plus eu aucun doute : c'était bien un roman sur l'amour tardif d'un père pour son enfant.
Cormac McCarthy l'a d'ailleurs confirmé dans une interview menée par Oprah Winfrey au cours de laquelle il racontait son expérience de la paternité à un âge avancé. La paternité a été la principale inspiration de son roman.
p 181-182
(citations de La Route édition de L'Olivier pages 31, 10, 69.)
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Prologue
"Mon affaire, si je peux m'exprimer ainsi, c'est de poursuivre mon chemin, où que je sois." Kenneth White

Savez-vous ce qui distingue le voyageur du vagabond ? Eh bien, c'est que les routes du voyageur mènent toujours à un but, qu'il soit de découvrir les sources de l'Amazone, de livrer un "duel avec la Sibérie" ou de collecter des données sur la tribu Hutu ou sur le sexe thaï, alors que le but du vagabond, c'est la Route en soi. Si le voyageur finit toujours par revenir de ses voyages, le vagabond, lui, poursuit inlassablement son chemin. p 9
(....) Savez-vous ce qui distingue un récit de voyage d'un récit de chemin ? Le premier, d'après White, est une collection de verstes, une forme de tourisme culturel (une pincée d'histoire, un soupçon de cuisine, un brin de ceci, un rien de cela). Le second est du vagabondage au sens premier du terme. Vous écrivez sans jamais savoir où vous allez arriver ! Les récits de chemin n'ont ni début ni fin, ce sont les traces successives d'un seul et même chemin, dont le prologue apparaît parfois comme un épilogue, et l'épilogue comme un prologue.
p 16 17
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2 octobre
Ce matin, du givre. La nature paraît peinte par la lumière. Le soleil ardent, oblique, filtre à travers les feuillages qui commencent à s'éclaircir en mouchetant d'ombre la route jonchée de feuilles de bouleaux dorées. Tout frémit et chatoie dans mes yeux tandis que je file à vélo vers La Grande-Baie. J'ai l'impression de traverser un tableau de Seurat. p 202
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