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EAN : 9782809454406
152 pages
Panini France (09/03/2016)
4.19/5   8 notes
Résumé :
Le cadavre mutilé d'un enfant est découvert dans la petite ville de Redemption Valley. Un jeune marginal du coin est accusé du meurtre, arrêté et emprisonné. L'avocat et super-héros Matt Murdock se charge de défendre l'adolescent, victime d'une véritable chasse aux sorcières. La communauté, indignée par ce crime ignoble, réclame en effet que justice soit faite... et que l'inculpé soit condamné à mort.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète et autonome, qui ne nécessite pas de connaissance préalable du personnage. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2005, écrits par David Hine, dessinés et encrés par Michael Gaydos, avec une mise en couleurs réalisée Lee Loughridge. Les couvertures ont été réalisées par Bill Sienkiewcz L'histoire s'inspire de faits réels : en 1993, 3 enfants de 8 ans (Stevie Branch, Michael Moore et Christopher Byers) sont assassinés et retrouvés ligotés. Leurs corps sont nus et leurs bras sont attachés à leurs corps par les lacets de leurs chaussures : leur cheville droite est attachée à leur poignet droit, de même pour leur cheville gauche et leur poignet gauche. 3 adolescents sont arrêtés et jugés coupables, ayant entre 16 et 18 ans. Une équipe de télévision arrivée sur place pour comprendre comment ces 3 individus avaient commis un crime aussi odieux, sur la base d'un rituel satanique a mis au jour un manque de rigueur dans l'enquête et des préjugés sociaux dans la communauté.

L'histoire se déroule 7 ans dans le passé à Redemption Valley, dans l'Alabama. Au cours de recherches, un policier découvre une basket accrochée à un arbre, puis le corps de Bradley Gideon (8 ans). La police a vite fait de retrouver l'arme du crime derrière une église abandonnée et d'arrêter les 3 jeunes qui s'en servent comme lieu de pratiques sataniques : Joel Flood, Adrienne Bowen et son frère Saul (un simple d'esprit). À New York, Daredevil intervient dans une dispute dans un appartement : un père vient de flanquer une mandale à son fils parce qu'il est rentré trop tard. Daredevil arrête le geste du père avant qu'il n'en retourne une autre, mais le fils prend la défense du père. Daredevil finit par quitter les lieux, en menaçant le père de représailles si jamais il recommence. le lendemain Matt Murdock argumente le droit à être défendu d'un individu qui a commis des vols pour payer les dettes contractées pour un traitement médical pour son neveu. Il est en pleine discussion avec la stagiaire Constance McDermid qui ne comprend pas qu'il puisse vouloir défendre quelqu'un dont la culpabilité est avérée. Ils sont interrompus par l'arrivée de madame Emily Flood, introduite par Foggy Nelson dans le bureau bien qu'elle n'ait pas de rendez-vous.

Emily Flood explique l'affaire de Redemption Valley. Elle est convaincue que son fils est innocent et qu'il lui faut un avocat de haute volée pour pouvoir s'en sortir, ou au moins éviter la peine de mort. Contre l'avis de son ami Foggy Nelson, Murdock accepte de s'en charger, la conviction de l'innocence du fils professée par la mère l'ayant lui-même convaincu. Ils se rendent à Redemption Valley par avion avec Emily Flood. le chauffeur de taxi qui les conduit de Huntsville à Redemption Valley ne se gêne pas pour dire sa façon de penser sur Joe Flood et ses deux comparses, et l'affaire au centre de laquelle il s'était déjà retrouvé. Emily Flood finit par lui dire qu'elle est sa mère, ce qui coupe court aux médisances. Arrivée à sa maison, madame Flood découvre une inscription à la peinture : va pourrir en enfer Joel Flood. Elle installe ses hôtes dans leur chambre, et leur fait faire la connaissance de son mari Amos Flood, un légume dans son fauteuil roulant, ancien pasteur. Dès le lendemain, Matt Murdock va s'entretenir avec Joel Flood dans sa cellule, et lui demande s'il est coupable.

Cette histoire est parue dans le label Marvel Knights lancé en 1998 par Jimmy Palmiotti & Joe Quesada, avec l'ambition affichée de réaliser des comics plus matures, avec un taux de réussite impressionnant. Les couvertures de Bill Sienkiewicz montre une réalité tendue, avec une touche expressionniste évoquant une souffrance psychique, souvent face à un simple objet comme la chaussure de la victime ou le lit sur lequel le condamné reçoit l'injection létale. le lecteur comprend qu'il s'agit d'un récit qui sort de l'ordinaire de ceux de Daredevil, une histoire qui souhaite montrer une communauté intolérante. Cette intention est confirmée par le texte de la quatrième de couverture qui précise que l'auteur s'est inspiré de faits réels, une affaire de meurtre appelée West Memphis Three, dans laquelle 3 adolescents ont été accusés du meurtre de 3 garçons âgés de 8 ans, en 1993, dans une mise en scène évoquant un rituel satanique. Ce genre de récit n'est pas facile à réussir car il évoque une réalité complexe dans un genre (celui de superhéros) qui exige du lecteur une bonne dose de suspension consentie d'incrédulité. David Hine en est bien conscient car il a choisi un héros très urbain de la gamme Marvel, et Matt Murdock ne revêt son costume de diable rouge qu'une fois par épisode et pour un nombre de pages très réduit à chaque fois. le lecteur n'éprouve pas de sensation de mariage contre nature entre fait divers atroce et acrobaties colorées, d'autant plus que le scénariste s'attache d'abord à raconter une histoire, plutôt que de composer un réquisitoire à charge.

Pour cette histoire, Michael Gaydos a déjà plusieurs années d'expérience puisqu'il a précédemment illustré la série Alias écrite par Brian Michael Bendis. le lecteur reconnaît les caractéristiques de ses dessins : une façon de représenter les individus et les décors de manière très réaliste, tout en utilisant des traits de détourage un peu gras et à l'épaisseur irrégulière pour renforcer le relief et la profondeur. le lecteur a l'impression d'observer de vraies personnes évoluant devant ses yeux, avec des morphologies réalistes, des tenues vestimentaires ordinaires, des expressions de visage normales. Il n'y a que les gestes qui soient parfois un peu appuyés, ou les postures un peu dramatisées donnant l'impression que les personnages sont habités par des émotions intenses. Il joue également sur l'épaisseur des traits de contour jusqu'à les transformer parfois en aplats de noir irréguliers pour donner plus de poids à une partie du dessin, comme des ombres portées. le lecteur se rend compte qu'Emily Flood acquiert vite une vie propre, avec sa surcharge pondérale, le poids des responsabilités, la situation de son fils, mais aussi sa volonté inébranlable qui lui permet de s'occuper de son mari en état végétatif, d'avoir la force de trouver comment défendre son fils, et de supporter le poids d'un secret. le dessinateur ne cherche ni à l'embellir, ni à l'enlaidir et cette femme n'en devient que plus réelle, sans fard.

Les autres personnages exhalent également cette sensation de proximité, comme s'ils existaient vraiment. Finalement Joel Flood est un jeune homme posé, refusant de renier ses convictions, habillé de manière décontracté, déjà pour partie résigné à son sort, mais encore capable de sourire. Par comparaison, l'apparence d'Howard Gideon est plus marquée, avec une attitude corporelle plus agressive, y compris quand il n'use pas de la force. de temps à autre, Gaydos insiste sur une posture ou une expression de visage, mais sans aller jusqu'à la caricature. Il sait rester dans la retenue pour les gestes du prédicateur en chaire, ou pour la démonstration d'autorité du shérif, après une apparition malvenue de Daredevil. L'artiste montre des individus peu amicaux, mais sans agressivité excessive, sans comportement hors de mesure. le lecteur observe des individus peu accueillants, mais pas hostiles. Matt Murdock n'enquête pas au milieu d'une communauté hors de contrôle, ou ouvertement liguée contre un bouc émissaire dans une ferveur religieuse relevant du fanatisme. Ce mode de narration visuelle permet de faire coexister Daredevil avec la situation de Joel Gideon, sans créer de dissonance cognitive du fait de genres irréconciliables. Les différents lieux sont représentés avec cette sensibilité réaliste, les simplifications dans la représentation servant à ajouter des textures ou du relief. le lecteur observe que Michael Gaydos favorise les cases de la largeur de la page, sans pour autant que cela ne devienne une manière de s'économiser en ne dessinant qu'une tête en train de parler au milieu de la case. Il maintient une bonne densité d'informations visuelles tout du long des 6 épisodes, en représentant les éléments de décors dans la largeur des cases.

L'histoire consiste donc en une enquête débouchant sur une plaidoirie pour défendre des adolescents avec des goûts en opposition par rapport à ceux de la communauté, et affichés de manière provocatrice. le scénariste fait progresser l'enquête régulièrement avec de nouveaux éléments provenant surtout des actions menées par Matt Murdock et Constance McDermid, avec des moyens prosaïques et plausibles. Les apparitions de Daredevil ne servent pas à obtenir des informations opportunes par la force. le lecteur découvre donc une petite ville de province dont les habitants sont très attachés à leurs traditions, leur église, leur foi, mais sans fanatisme. David Hine sait rester au point d'équilibre pour ne caricaturer personne. Il évoque les croyances de Joel Flood et de ses 2 amis. Il utilise à bon escient les noms d'Aleister Crowley (1875-1947) et Anton LeVay (1930-1997), sans les diaboliser. Il explique pour quelle raison les autorités ne peuvent pas s'en remettre au détecteur de mensonge, et pourquoi Joel Flood ne bénéficie pas d'un alibi. le récit progresse ainsi vers la scène de tribunal finale. Mais le lecteur se rend compte que le scénariste désamorce le suspense de l'enquête en indiquant à plusieurs reprises l'identité du coupable, en en faisant un individu que rien ne vient racheter (malgré le nom de la ville Rédemption), sans autre motif que son caractère. de manière plus surprenante, l'esprit de la communauté est décrit comme partial mais sans s'attarder sur les causes ou les racines, ce qui désamorce aussi la dimension sociologique du récit. le discours sur la justice démarre bien dans le premier épisode, mais reste dans des territoires convenus par la suite. Il n'y a pas de développement sur la peine de mort. le lecteur suit donc le récit avec intérêt, apprécie les dessins, tout en attendant que les auteurs étoffent leur propos.

Ce récit autonome propose une transposition d'une affaire tristement célèbre autour du personnage de Matt Murdock. le scénariste et le dessinateur savent apporter chaque ingrédient de manière opportune et intelligente. La narration visuelle convient parfaitement à la nature du récit, et le scénariste évite avec habileté la caricature qui aurait nui au récit. le lecteur apprécie cette lecture adulte, tout en ne pouvant pas se départir de l'impression que les auteurs n'ont pas su mettre à profit ce qu'ils ont développé. Dans ce type d'exercice, Greg Rucka, Ed Brubaker et Michael Lark avaient réussi un récit plus abouti avec le même personnage Daredevil, Tome 18 : Cruel et inhabituel, en 2008.
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J'ai lu cette Bd qui est rééditée dans le volume consacrée à Daredevil de la série Marvel - le Côté obscur, et je dois dire que l'histoire est étonnante surtout pour un néophyte comme moi du personnage.

L'idée de l'intrigue est simple : un meurtre dans le vieux sud des Etats-Unis, un jeune homme accusé du crime parce qu'il est un petit glandeur qui fume ses joints, au mauvais endroit au mauvais moment en somme. Et Matt Murdock qui vient enquêter et tenter d'innocenter le jeune homme. Jusqu'à là, l'histoire est assez simple et pourrait être celle de n'importe quel personnage d'avocat.
Et c'est bien là le souci : le fait que ce soit Daredevil ne sert à rien. En effet, même si Matt Murdock sort bien son costume du stock deux ou trois fois dans l'histoire, ça ne sert à rien du tout. Toute l'histoire aurait pu être racontée exactement pareil sans qu'il n'intervienne en tant que super-héros, puisque c'est une histoire de préjugés dans le vieux sud, de justice et de procès, comme les Etats-Unis savent si bien le faire. D'où ma question : pourquoi avoir fait une histoire pareille avec Daredevil ? Peut-être que le nom suffit à vendre des albums.

En tout cas, si je pense que c'est un mauvais comics de super-héros (puisqu'à un détail près, le comics se passe dans un monde ordinaire), je trouve que ça passe bien comme comics autour du tribunal et de la justice. On assiste à l'enquête, aux préjugés, aux mouvements de foule etc … C'est une histoire classique dont la fin sombre révèle les horreurs banales et quotidiennes de l'Amérique profonde, mais qui joue assez bien sur le tableau de la question autour de la peine de mort. Un débat encore bien vif dans une Amérique qui exécute bien trop à mon gout.
Une petite curiosité intéressante mais que je ne conseille pas spécialement. C'est à lire quand on tombe dessus, mais je ne trouve pas que ça dépasse ce cadre.
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Cette mini-série en six épisodes datant de 2015, écrite par David Hine et dessinée par Michael Gaydos, aura mis du temps à être éditée en français. C'est bizarre car, malgré un récit assez classique, la qualité est au rendez-vous.

Bon, à la base, je ne suis pourtant pas fan d'histoires qui s'amusent à sortir mes héros préférés de leur environnement habituel. Si ça ne tenait qu'à moi, Batman resterait donc à Gotham et le Diable de Hell's Kitchen… et bien forcément dans les rues sombres d'Hell's Kitchen ! En envoyant Matt Murdock à Redemption Valley, en Alabama, afin d'y défendre un jeune homme accusé d'avoir tué un petit garçon, David Hine prend néanmoins le risque de changer de décor. Il a heureusement la bonne idée de se concentrer sur Matt Murdock dans son rôle d'avocat, ne sortant le déguisement de Daredevil qu'à de rares occasions. le lecteur n'a donc pas vraiment droit à un récit de super-héros, mais à l'histoire classique d'un type qui se fait accusé à tort dans un bled perdu des États-Unis parce qu'il est différent des autres membres de cette communauté fort croyante… où il ne fait pas bon d'être sataniste (comme le pauvre accusé) ou de se déguiser en Diable (comme son avocat). de plus, le scénariste fait preuve d'ingéniosité afin que notre ami aux sens ultra-développés ne puisse pas déceler si le jeune homme est coupable ou non.

Inspirée d'une histoire véridique, ce récit qui met l'accent sur Matt Murdock et qui emmène le lecteur dans un bled perdu qui dévoile progressivement ses secrets, ne déborde certes pas d'originalité, mais le scénariste parvient tout de même à livrer un récit prenant et efficace. de plus, la mise en images de Michael Gaydos, rehaussé par la colorisation experte de Lee Loughridge, s'avère plutôt réussie.

Un bon one-shot !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Une excellente histoire de Daredevil qui... ne parle pas de Daredevil mais de Matt Murdock.

C'est ce que j'adore chez Marvel, il n'y a pas que l'identité héroïque qui compte mais l'identité civile est aussi très intéressante.

Ici, c'est clairement le cas. On assiste à une enquête et son procès ou Matt Murdock fera tout ce qu'il peut pour sauver un jeune que tout le monde déclare coupable.

Une histoire bien faite et pleine d'émotion.
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critiques presse (1)
Sceneario
05 avril 2016
Un excellent récit, une œuvre forte que je vous recommande, même si vous n'êtes pas un lecteur de Daredevil. C'est un récit mature qui ne laisse pas indifférent.
Lire la critique sur le site : Sceneario

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