Le sable du temps
Alors que s’écoulait, léger, le sable chaud
dans le creux d’une main oisive,
mon coeur sentit que plus court se faisait le jour.
Et m’assaillit le coeur une brusque angoisse,
sentant l’approche de l’équinoxe mouillé
qui offusque l’or des plages salines.
Aux sables du Temps, urne se faisait
la main, clepsydre mon coeur palpitant,
l’ombre montante de toute frêle tige
presque ombre d’aiguille sur un cadran muet.
Come scorrea la calda sabbia lieve
per entro il cavo della mano in ozio
il cor sentì che il giorno era più breve.
E un’ansia repentina il cor m’assale
per l’appressar dell’umido equinozio
che offusca l’oro delle piagge salse.
Alla sabbia del Tempo urna la mano
era, clessidra il cor mio palpitante,
l’ombra crescente di ogni stelo vano
quasi ombra d’ago in tacito quadrante
O faucille de lune décroissant
O faucille de lune décroissant
qui brilles sur les eaux désertes,
ô faucille d'argent, quelle moisson de songes
ondoie à ta douce clarté ici-bas
Halètements brefs de feuilles,
de fleurs, de flots s'exhalent
du bois vers la mer: ni chant, ni cri
ni son par le vaste silence ne va
Oppressé d'amour, de volupté
le peuple des vivants s'endort...
O faucille décroissant, quelle moisson de songes
ondoie à ta douce clarté ici-bas
o falce di luna calante
O falce di luna calante
Che brilli su l'acque deserte,
O falce d'argento, qual messe di sogni
Ondeggia a I tuo mite chiarore quo giù
Aneliti brevi di foglie,
Di fiori di flutti da I BOSCO
Escalano a I mare: non canto, non grido
non suono pe I vasto silenzio va.
Oppresso d'amor, di piacere
Il popol de'vivi s'addorme...
O falce calante, qual messe di sogni
ondeggia a I tuo mite chiarore qua giù
CARTE BLANCHE À BERNARD NOËL - LA PLACE DE L'AUTRE
Avec Bernard Noël, Jean-Luc Bayard, Léonard Novarina-Parant, Jean-Luc Parant, Laurine Rousselet, Esther Tellermann & autres invités
Né en 1930, Bernard Noël signe son premier livre Les Yeux chimères, en 1953 et en 1958, Extraits du corps. Ce n'est que dix ans plus tard qu'il publie son troisième ouvrage, La Face de silence. La publication de ces poèmes lui ouvre alors les portes de l'édition où il travaille comme lecteur, correcteur et traducteur. À partir de 1971, Bernard Noël prend la décision de se consacrer entièrement à l'écriture. Il compose ainsi une oeuvre majeure, où s'exprime une révolte contre toute tentative de “sensure” - oeuvre couronnée du Prix National de la Poésie en 1992, du Prix Max Jacob en 2005, du prix international de poésie Gabriele d'Annunzio.
Salué par Aragon, Mandiargues et Blanchot, son oeuvre, immense par son engagement et son exigence, compte près d'une centaine de titres (dont le Château de Cène, roman érotique qui lui vaut d'être l'un des derniers écrivains français à subir un procès pour outrage aux bonnes moeurs), ainsi que de très nombreux livres d'artistes.
Dans le cadre de la Périphérie du 36e Marché de la Poésie
À lire - Bernard Noël, le poème des morts, Fata Morgana, 2017 - La Place de l'autre, Oeuvres III, P.O.L., rééd. 2013 - Comédieintime, Oeuvres IV, P.O.L., rééd. 2015.
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