« Il ressemble, donc, ce chemin au souvenir d'une balafre, irrémédiable, dans la terre. »
Un roman puissant et sombre. J'ai beaucoup aimé l'écriture, sobre, hachée, haletante, faite aussi de répétitions, comme une idée noire qui trotte indéfiniment dans la tête. Je suis entrée dans l'esprit de chacun des narrateurs avec une force incroyable. C'est prenant du début à la fin. Un livre court, une nouvelle plutôt, tellement marquant. Une très belle découverte. La construction aussi est subtile. le temps de quelques pages et je me suis plongée dans l'Argentine, dans les souffrances d'un passé qui rebondit d'une décennie à une autre, d'un personnage à un autre mais dont les liens sont inextricablement fondus jusqu'à ne faire plus qu'une histoire. Tragique.
« Alors, depuis hier, et je ne raconte pas d'histoires, je peux voir clairement la forme possible que prendra ma mort. »
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Un texte court, à peine 90 pages, divisé en quatre parties. Chaque partie se déroule à un autre moment, un autre personnage prend la parole à chaque fois. le passé et le présent, et les voix se mêlent. Pour raconter une histoire d'amour, de haine, de vengeance, comme dans un western. Mais aussi évoquer l'histoire compliquée de l'Argentine pendant le vingtième siècle.
Le livre est ambitieux, je n'ai malheureusement pas été convaincue par la réalisation de cette ambition. Il n'est pas aisé au départ de se repérer dans cette histoire, qui parle, et de quoi. L'histoire argentine est vraiment en arrière fond, si on ne la connaît pas bien, on peut parfaitement passer à côté, d'ailleurs le livre renvoie à des repères chronologiques en fin de l'ouvrage, le texte lui-même n'étant pas suffisant. La trame romanesque en elle-même est tenue, et au final pas très intéressante ni originale (amour, jalousie, crime…) . L'écriture un peu fragmentaire, l'évocation d'un lieu, d'une ambiance, d'un contexte, sans doute plus, c'est même l'intérêt essentiel de ce court roman.
Mais je suis un peu restée sur ma faim au final. Peut-être que l'auteur donne le meilleur de lui-même dans des récits plus longs, où il peut entrelacer différentes trames, et donner plus d'épaisseur à ses personnages.
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dans un village perdu d'Argentine, aux portes de Buenos aires, quatre hommes, chacun dans un chapitre différent, parle, raconte, décrit un moment de vie. Ils sont liés par un crime.
Quatre hommes, quatre voix, quatre époques. Une petite histoire dans la grande histoire de l'argentine ( les repères historiques sont en fin de livre)
phrases, paragraphes, chapitres très courts. Il ne se passe pas grand chose dans ce roman lu facilement en une soirée et pourtant on est pris, entraîné dans cette vie qui traîne.
magie de l'auteur.
Par contre, je n'ai pas compris de suite que le narrateur changeait à chaque chapitre. Une fois cela compris, la lecture est plus aisée.
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Quatre chapitres, à quatre périodes de l'Histoire argentine, quatre amis vivant dans ce fin fond de pampa 'La Glaxo', quatre paires d'yeux et quatre voix. Chacun croise les autres, se rappelle à leurs bons (ou mauvais) souvenirs, et nous permet de recoller les pièces du puzzle. Il flotte dans l'air le parfum du crime, de la dictature qui s'annonce, la poussière d'un ouest terne, l'odeur des chevaux qui frappent le sabot. Chaque personnage entretient son propre rapport au train qui entre en gare et repart, chacun se souvient d'une scène de film vue au cinéma Savoy. Tout se tisse et s'entremêle avec précision, écriture à la fois chirurgicale et entêtante. le fait-divers camouflé dans la grande Histoire.
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Il pleut de plus belle dehors. Cet orage a amené un vent frais. Les lumières du Moulin rouge, du cinéma explosent dans la rue. Peu à peu commencent à sortir, avec des parapluies, deux par deux, ou en petits groupes, les personnes qui viennent de voir au cinéma Espanol, à la seconde séance, Le dernier train de Gun Hill ; d'autres courent récupérer leur auto, et les femmes attendant dans l'entrée. Les choses se passent comme ça.
Buenos Aires était alors pour moi comme un animal affamé. Un animal vorace, dangereux, comme celui des films qu'ils passent le samedi au Savoy
Je traverse l'ombre des paradis.
Il est revenu hier. Il est descendu du train, le crâne rasé et la peau rance. Il ne ressemblait pas à Kirk Douglas. Alors j'ai pu voir clairement ma mort.