Dans l’encre des ratures, nous revenons.
Nous pourrions ouvrir un dictionnaire pour pointer
du doigt le premier mot venu. Le désir d’écrire vient
de pousser la porte, tant mieux, nous sommes nus.
Derrière lui se tient un vide paisible et sûr. Personne
au visage ne barre l’inconnu. Pas une vague ne porte
l’embarcation. De négation en négation, l’usure
prend forme et nous apaise.
La nuit sur les épaules, un fruit,
des copeaux dans les cendres.
Douleur de reprendre ce que notre jeunesse
a laissé brûler sans retenue ni grande exigence.
Tous les arbres rencontrés, les visages,
les cités. Tous les orages, toutes les clés
passagères, les voyages. Tout a brûlé.
La combustion fut intérieure et sans flammes.
Et tout fut intéressant, dira l'enquêteur céleste.
Joël Bastard. Voix vives, Sète.