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EAN : 9782369350989
480 pages
Le Passager Clandestin (26/02/2019)
4.22/5   9 notes
Résumé :
Une enquête exceptionnelle sur l'intensification constante de l'exploitation massive de la nature ! Une mine d'information sur l'extractivisme et son cortège de bouleversements environnementaux et sociaux, pour comprendre les multiples facettes de l'entreprise de prédation et de destruction menée à travers la planète. Ce livre référence, unanimement salué par la presse à sa sortie en 2016, a contribué à faire connaître le phénomène en France. Les « frontières extrac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je suis ravie que ce livre soit réédité, étant donné l'impact qu'il a eu sur moi. Depuis sa première publication, il m'a sacrément donné à réfléchir et j'ai changé ma façon de vivre au quotidien en fonction de ce que j'y avais appris.

Donc, puisque la lecture de cet ouvrage sur l'extractivisme - c'est-à-dire, pour faire court, l'exploitation intensive des ressources naturelles de la planète destinées au commerce - vaut de toute façon le détour, commençons par en lister les plus gros défauts ; ce sera chose faite.

D'abord et avant tout, on est submergé, à la lecture du texte, par les informations, quelles apparaissent sous forme chiffrées ou sous forme de citations, ou encore de véritables listes de projets extractivistes et de combats menés ici et là. L'utilisation des acronymes ne facilite pas non plus la tâche. Attention donc à la surcharge cognitive ! Plus qu'un simple constat écologique, il s'agit là d'un livre qui traite d'économie, de géopolitique, et j'en passe. Avec faits et données à l'appui, au point d'en donner le vertige : par moments s'offraient à moi de vagues réminiscences de mes cours de géographie au lycée, lorsqu'on essayait de me faire apprendre par coeur des tonnes de données chiffrées (et que ça ne passait pas). Donc si vous n'êtes pas spécialement calé dans le sujet, n'essayez pas de tout mémoriser. Ça ne serait d'ailleurs pas utile.

Ce livre est tout à fait abordable pour qui connaît peu le sujet traité, pour peu qu'on soit curieux et un tant soit peu persévérant. D'ailleurs, le but est bien d'alerter les personnes non spécialistes. Anna Bednik est journaliste ET militante. Cet ouvrage se veut donc à la fois une étude sur l'extractivisme ET un pamphlet contre ses ravages. Et on y apprend beaucoup, de l'histoire de l'estrativismo initial, simple commerce issu de produits naturels pratiqué sur les marchés en Amérique du Sud, à l'horreur de l'extractivisme d'aujourd'hui. Car l'extractivisme, c'est bien sûr l'exploitation des pays du Sud par les pays du Nord, via les mines de métaux qui mènent à la déforestation, à la pollution, à la disparition de la biodiversité, de villages et de modes de vie, aux cancers, à l'exploitation des travailleurs, etc., pour le commerce de ces matières premières. C'est aussi l'exploitation des pays d'Amérique du Sud par... eux-mêmes. Rafael Correa, notamment, président de l'Équateur - qui nous était présenté comme une alternative aux politiques néo-libérales dans le documentaire Opération Correa -, en prend un sacré coup dans l'aile. Mais c'est loin d'être le seul.

Je ne peux aborder ici tous les points qu'étudie Anna Bednik, mais les chapitres qui étudient les stratégies de contournement des entreprises et des gouvernements du monde entier pour faire avaler au public, d'une part, que l'extractivisme est non seulement sans danger, mais carrément bon pour nous tous et va créer des emplois, d'autre part pour diviser les opposants, se révèlent particulièrement intéressants. du coup, ça a fait "tilt" dans ma tête lorsque Ségolène Royal a annoncé hier ou avant-hier qu'elle lançait une consultation sur le projet d'aéroport de Nantes : typique des méthodes de division de l'opposition décryptées par Anna Bednik... Par ailleurs, celle-ci nous prouve par A+B que, non seulement l'extraction de gaz de schiste est dangereuse (mais ça, on le savait), que la soi-disant phase d'exploration, à visée scientifique, n'est qu'une phase de préparation soigneusement minutée des entreprises concernées, qui n'envisagent pas une seconde de ne pas poursuivre leurs projets extractivistes, mais aussi que (surprise !!!) l'extractivisme ne crée pas d'emplois. Bizarre, c'est pourtant l'argument qu'on nous assène à longueur de temps...

Avant tout, ce livre est un appel aux changements de comportements. Pas seulement des élites, pas seulement des gouvernements ou des entrepreneurs, mais de chacun, car chacun utilise des produits, notamment dans les pays du Nord (mais pas seulement), issus de l'extractivisme. Mais pour que chacun change de mode de vie, il faut plus que de savoir vaguement - et encore faut-il le savoir - que d'autres personnes voient leurs vies ravagées par l'extraction du lithium. Encore faut-il se sentir directement concerné, ce qui n'est pas gagné tant qu'un projet extractiviste n'a pas vu le jour juste à côté de chez soi. En mettant le doigt sur le vocabulaire qu'on nous assène à longueur de temps -développement, croissance, etc. - ; Anna Bednik nous pose une question fondamentale : qu'est-ce que cette fameuse croissance ? C'est, tout bonnement, continuer à surexploiter les ressources de la planète. C'est consommer toujours plus. Or, c'est de cette spirale infernale de la production et de la consommation qu'il nous faut sortir. Est-ce possible ?

Je n'ai qu'un regret, c'est que cet ouvrage se concentre énormément sur l'extraction des métaux et dezs hydrocarbures. Je suis d'accord avec Anna Bednik sur les ravages du capitalisme, qui a mené à l'extractivisme. Mais je vois l'extractivisme comme une entité bien plus vaste. C'est aussi, à mes yeux, la surexploitation du végétal et de l'animal, dans des conditions infectes. Au détour d'une ou deux phrases, j'ai cru comprendre qu'Anna Bednik ne sentait pas très concernée par l'exploitation des animaux, ce qui me chiffonne quelque peu. Second regret, d'ailleurs : on parle très peu de l'Afrique.

À mon sens, les débuts du capitalisme et de ses ravages remontent à très très longtemps. Pas au XIXème, pas au XVIIIème. Au Néolithique, on a commencé à créer des sociétés inégalitaires, avec pour socle l'exploitation du sol et des animaux, l'accumulation des richesses et leur accaparement par des "élites". Là prend racine l'extractivisme, là prend racine l'hyper-prédation. En lisant le livre d'Anna Bednik, j'ai pensé plus d'une fois à André Leroi-Gourhan qui disait, dans les années soixante, de l'homme du Néolithique : "Son économie reste celle d'un Mammifère hautement prédateur même après le passage à l'agriculture et à l'élevage. A partir de ce point, l'organisme collectif devient prépondérant de manière de plus en plus impérative et l'Homme devient l'instrument d'une ascension techno-économique à laquelle il prête ses idées et ses bras. de la sorte, la société humaine devient la principale consommatrice d'hommes, sous toutes les formes, par la violence ou le travail. L'Homme y gagne d'assurer progressivement une prise de possession du monde naturel qui doit, si l'on projette dans le futur les termes techno-économiques de l'actuel, se terminer par une victoire totale, la dernière poche de pétrole vidée pour cuire la dernière poignée d'herbe mangée avec le dernier rat."
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Opération Masse critique
Merci à Babelio et aux éditions du Passager clandestin.

« le trait commun des projets dénoncés comme extractivistes est de produire des ravages écologiques et humains inacceptables(…) ».
Tel est le parti pris de ce document dense et passionnant : dénoncer la destruction des ressources de la planète et les conséquences sur les populations locales.
Dévoilant des informations complexes sur les différentes extractions (je me suis particulièrement intéressée aux gaz de schiste), ainsi que les liens géopolitiques et économiques entre les États, le livre nous fait aller de découvertes en consternations tout au long de sa lecture.
De plus, l'auteure nous entraine dans un tourbillon absolu de connaissances (dont plus de 100 pages de notes!), ce qui oblige à toujours bien suivre pour ne pas se perdre. Mais après tout n'est-ce pas ce que l'on attend d'une étude sérieuse et fouillée ?
D'autant que Anna Bednik est clairement une militante; en témoigne une citation tirée de cet ouvrage et qui en résume parfaitement l'esprit :
« le terme ‘extractivisme ‘se veut, ainsi, le nom commun des multiples facettes d'une entreprise de prédation et de destruction qu'il s'agit de combattre. Il appelle à en reconnaître, au cas par cas, les logiques et les stratégies, à prendre conscience, en adoptant une vue d'ensemble, que l'expansion de l'économie qu'il sous-tend est incompatible avec la préservation de la vie. Il incite enfin à mesurer les conséquences de cet apprentissage et à le diffuser autour de soi. »
La diffusion de ces connaissances est le début du combat. Lisez ce livre !

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Pour l'avant dernière masse critique, j'ai reçu cet essai d'Anna Bednik intitulé "Extractivisme - Exploitation Industrielle de la Nature : Logiques, Conséquences, Resistances". Je remercie Babelio et les Éditions le Passager Clandestin de m'avoir offert ce livre.

J'ai mis du temps à le lire car le sujet est dense et l'auteure est vraiment rentrée dans moult détails. Ce qui, en soit, ne fait que renforcer son propos mais ce qui rend la lecture vraiment plus consistante.

L'auteure explique ce que désigne l'extractivisime, les procédés, les avantages - seulement pour quelques uns - et les inconvénients, les résistances que ça entraîne et les alternatives possibles. Anna Bednik évoque également le greenwashing, la propagande, les violences, les visions à court terme et les profits financiers que tout ça engendre.

En soi, cet essai est formidable. Il est d'utilité publique tant le citoyen lambda est concerné par tout ça, même si il ne le sait pas ou même si il s'en fiche tant que ça ne se passe pas à côté de chez lui. Pourtant l'auteur démontre avec rigueur que tous les territoires sont concernés. Certes, l'Amérique latine, l'Afrique et l'Asie sont plus touchés par ce phénomène pour diverses raisons, mais ça se passe aussi devant nos portes. Entre magouilles industrielles et corruption politique, les lobbys n'ont pas fini de nous faire avaler des couleuvres. Pourtant, il y a des solutions, que l'auteur énonce très explicitement et avec un argumentaire convaincant.

Cet essai est vraiment dense et il en rebutera surement plus d'un. Pourtant, c'est une vraie mine d'informations pour comprendre le monde dans lequel nous vivons et ce que, malheureusement, nous sommes en train d'en faire.
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En ces moments de manifestation pour le climat, je crois que ce livre est excellent pour compléter les connaissances des uns, ou pour découvrir un secteur inconnu pour les autres. Ce qui est probable, c'est qu'il ne laissera pas indifférent celui qui est capable de s'intéresser à ce sujet sérieux.

Il aidera certainement à s'ouvrir au domaine de l'exploitation industrielle de la nature qui n'est jamais une bonne chose ni pour l'environnement, ni pour les habitants aux alentours, ni pour les finances de la santé publique et de l'assainissement de l'air et des terres, seuls les innocents ou actionnaires viendront vous faire croire que le seul but est de vous donner de l'emploi ou de la nourriture pour tous (il est démontré que la réalité est exactement l'inverse de ce raisonnement).

Pour ma part, j'ai complété mes connaissances et cet excellent ouvrage n'a fait que confirmer ce que je pense depuis un certain temps déjà càd consommer à outrance ne servira qu'à nous détruire. Nous sommes une société de consommation qui ne fait qu'écraser celui qui ne suit pas et se complait dans son luxe superficiel.

L'être humain s'est créé des besoins qui ne sont que des chimères destructrices de nos besoins primaires. Quant aux bénéfices financiers, il n'atterrissent dans la poche que de certains privilégiés qui nourrissent par ailleurs des paradis fiscaux, qui à leur tour, viennent ruiner ceux qui produisent à petits salaires pour enrichir ceux qui sont déjà les plus riches. Alors que ces petits salaires sont les plus fidèles clients de ces plus riches.

En conclusion, ce livre explique la schizophrénie du monde actuel et rien ne semble être capable d'arrêter cette machine infernale. Seuls certains semblent capables de la ralentir mais le compte à rebours est pourtant bien lancé.

Comme je dis toujours, l'être humain est désespérant car tellement déraisonnable et cela me met en colère et me démoralise.

Je voudrais souligner le petit caractère d'écriture de cette édition, j'ai du utiliser une loupe pour lire cette intéressante enquête ce qui ne favorise pas la lecture agréable.
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Un livre scotchant qui nous révèle l'entendue du pillage de l'Amérique latine par l'Occident, et ses conséquences au niveau humain, économique et environnemental. En clair, on comprend que ces sociétés sont sacrifiées pour nous permettre de maintenir notre mode de vie, et que les gouvernements, qu'ils soient d'ici ou de là-bas, sont complices de cet "extractivisme". Un livre que je recommande chaudement à tous ceux qui veulent un peu mieux comprendre comment ce monde fonctionne !
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Qu'est-ce que l'extractivisme ? C'est un programme pour utiliser la terre et non pour vivre avec elle ; pour extraire et absorber ses biens comme matières premières à échelle industrielle. Il se contente de comptabiliser les lieux à ressources et les lieux de consommation et reste aveugle aux régions, aux peuples, aux cultures, aux valeurs humaines. Il est exclusivement régi par des variables économiques, symboles du développement. Seuls comptent pour lui les résultats à court terme, mesurables dans les bourses de valeurs ; les conséquences sur le long terme n'importent pas.

[p23]
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En France, une loi nationale d'interdiction de la fracturation hydraulique a été conçue et adoptée en toute urgence dès 2011, en réaction à la contestation menée par près de 300 collectifs de riverains et riveraines de futures plateformes pétrolières et gazières. Mais les collectifs n'ont pas gagné la guerre. Les industriels se maintiennent prêts en attendant que la conjoncture économique [...] et politique [...] leur soit plus favorable. Ils ont continué à préparer le terrain, au sens propre du terme, avançant dans les premières phases des travaux d'exploration. Dès le début de l'année 2013, des travaux de forage ont été menés sur des plateformes clairement identifiées comme portant sur du pétrole de schiste dans le Bassin parisien, et il est difficile d'imaginer que ces opérations coûteuses soient entreprises sans aucun espoir de retour sur investissement, fût-il, dans un premier temps, de nature essentiellement spéculative.

[p115]
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Parfois, les termes du dilemme sont plus clairs : 67% de l'or extrait sert par exemple à fabriquer des bijoux, pour lesquels on creuse de gigantesque cratères, traite le minerai au cyanure, accapare l'eau des zones arides, pollue les sources d'eau, parfois irrémédiablement. Celles et ceux qui refusent d'être sacrifiés pour le sourire de la mariée ou la retraite paisible d'un bijoutier d'Anvers affirment que " l'eau vaut plus que l'or ". Peut-on, en bonne conscience, contester leur point de vue ?

[p199]
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Aucune industrie extractive ne se passe de produits toxiques, aucune n'embellit les paysages, ne rend l'air plus pur ni l'eau plus cristalline. Les extractivistes le savent bien, mais il est rare de voir une entreprise affirmer publiquement qu'elle compte détruire un territoire pour enrichir ses actionnaires.

[p265]
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Mourir d'un cancer à 18 ans ou être intoxiqué au plomb à 9 ans est " normal " dans certains lieux de la planète ; tout comme peut sembler " normale " l'obligation de quitter ses terres du jour au lendemain parce qu'une entreprise ou l’État ont conçu pour elles d'autres destins.

[p252]
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Anna Bednik, coordinadora del eje temático "Agua y extractivismo" del FAME France Amérique Latine - Colectivo ALDEAH (ES)
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