AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782896499878
VLB Editeur (15/06/2023)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Montréal, 1948. Les affaires roulent, dans le Red Light. Les tenancières de ce qu'on appelle pudiquement les « maisons de désordre » font oublier aux vétérans ce qu'ils ont vu en Europe, et n'ont aucun mal à convaincre les agents sous-payés de la Moralité de détourner les yeux. La situation est nettement moins rose pour les femmes qui sont à leur emploi. En dénonçant leurs conditions de vie déplorables dans le Montréal-Matin, Suzanne Gauthier dérange beaucoup de mon... >Voir plus
Que lire après Femmes de desordreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Après Brébeuf publié en 2020, Catherine Côté nous revient avec la suite d'une portion du quotidien des personnages qu'elle avait alors imaginés : Suzanne Gauthier, journaliste de faits divers au Montréal-Matin, une « fille qui écrit sur des affaires d'hommes », son mari, Léopold Gauthier, vétéran de la Seconde Guerre mondiale et ancien détective de la Sûreté de Montréal, détective privé qui peine à réintégrer la vie civile et le sergent-détective Marcus O'Maley, policier à la Sûreté de Montréal, ancien partenaire porté sur la bouteille de Léopold.

Cette fois-ci, l'action se décline quelques mois plus tard sur 11 jours (1 ½ semaine) au cours desquels les événements se bousculent même si le rythme n'est pas essoufflant.

Le grand intérêt de cette fiction policière est le caractère historico-social de sa thématique campée dans un quartier chaud de Montréal, le Red Light de la fin des années 1940 où abondent les cabarets, les débits d'alcool clandestins, les maisons de jeux illégales et les maisons de désordre, les bordels, d'où le titre Femmes de désordre (prostituées).

C'est dans ce secteur montréalais entre les rues Saint-Urbain, Saint-Denis, Sherbrooke et Saint-Antoine où les ampoules rouges rappelant les anciennes lanternes aux portes des maisons closes que se déroulent les enquêtes journalistiques et policières des trois protagonistes confrontés à la corruption policière. Dans un contexte où les relations sont tendues entre les divers corps policiers : la Sûreté, spécialisée dans la résolution des crimes; la Moralité concentrée sur les réseaux de prostitution, d'alcool et le jeu, notoirement la plus corrompue du service de police; et le Bureau préventif, autrefois appelé l'Escouade juvénile, composé exclusivement de femmes policières, exclues des autres services.

Ce roman policier aborde aussi la question de l'aliénation sociale et de l'émancipation des femmes au lendemain de la Deuxième Grande Guerre. Comme dans ces deux exemples. L'attitude paternaliste et machiste des policiers et des patrons envers la gent féminine (collègues de travail, journalistes, suspectes, prostituées…). le retrait obligatoire du travail pour les femmes déclarées enceintes, d'où l'obligation pour la journaliste Suzanne Gauthier de porter une gaine de grossesse, un corset bas pour en cacher l'apparence.

Sur trame de fond historique, Femmes de désordre met aussi en scène certains individus ayant vraiment existé, « l'implication de ces derniers dans les enquêtes est entièrement fictive » comme l'affirme l'auteure.

C'est le cas de Pacifique Plante (Pax Plante, surnommé ainsi par le grand public, « Pax », mot latin, signifiant paix), nommé responsable de l'escouade des moeurs en 1946 par le directeur de la police de Montréal avec comme mandat de mettre un terme à l'expansion du crime organisé dans le Red Light et ailleurs en ville. Il demeurera en poste 18 mois. le roman fait aussi allusion à sa suspension en mars 1948. Il sera congédié avec fracas deux mois plus tard sous prétexte de l'inconduite d'un agent de l'escouade qu'il dirigeait. Un échange d'information entre Suzanne Gauthier et l'avocat/policier Plante laisse entrevoir les publications de ce dernier, dans le quotidien le Devoir, de novembre 1949 à février 1950, d'une série d'articles portant sur Montréal, ville ouverte, dans lesquels il décrira le modus operandi des différents réseaux de bookmakers, de souteneurs et de bootleggers de la ville.

L'enquête principale du sergent-détective O'Maley, homme détestable s'il en est un, porte sur une des maisons de désordre d'une célèbre tenancière du quartier des lumières rouges : Ada Labelle, de son véritable nom Anna Labelle, alias Madame Émile Beauchamp.

Suzanne Gauthier est journaliste au Montréal-Matin dirigé par un certain Duhamel. le véritable Roger Duhamel, avocat, avait été secrétaire du maire Camillien Houde de 1938 à 1940. Il consacra une importante partie de sa vie au journalisme comme rédacteur au journal le Canada de 1940 à 1942, au Devoir de1942 à1944, à La Patrie de1944 à1947 avant de prendre la direction du Montréal-Matin de1947 à1953, le titre matinal le plus vendu dans le marché montréalais. Au moment où se déroulent les polars de Catherine Côté.

Cette dernière fait aussi oeuvre de pédagogie en rappelant les méthodes d'identification judiciaire de l'époque.

D'abord en faisant référence au système Bertillon, aussi appelé anthropométrie judiciaire, au bertillonnage ou aux inculpés bertillonnés : technique criminalistique mise au point par le Français Alphonse Bertillon en 1879. Une méthode qui repose sur l'analyse biométrique pour l'identification d'un individu à partir de mesures osseuses spécifiques accompagnée de photographies de face et de profil.

Et dans cet extrait de dialogue :

« – Je vous l'ai dit, sergent-détective O'Malley. On a pas encore fini. On va envoyer quelqu'un vous chercher dès que le dactyloscope aura terminé ses analyses.
– C'est quoi, ça, le dactyloscope ?
– C'est qui, plutôt. le spécialiste qui analyse les empreintes digitales.
– Ah, bon. Mais mettons que c'est une question de vie ou de mort, il pourrait pas travailler plus vite ?
– Y a pas de moyen d'accélérer les choses, non. Avez-vous déjà regardé ça, des empreintes, dans un épidactyloscope ? »

Le dactyloscope étant le spécialiste de l'identification judiciaire au moyen des empreintes digitales (la dactyloscopie) au moyen d'un épidactyloscope, instrument optique pour l'analyse et la comparaison d'empreintes digitales prélevées sur une scène de crime ou lors d'une enquête.

Ayant une formation en histoire et étant grand amateur de romans policier, j'ai beaucoup aimé Femmes de désordre avec sa brochette de personnages et les relations qu'ils entretiennent, l'ambiance de l'époque de l'après-guerre, la crédibilité du récit, et, malgré tout, sa finale ouverte sur une suite évidente. Un roman qui repose sur une recherche documentaire fouillée qui contribue à mieux faire connaître de façon ludique les réalités sociales, économiques et politiques d'une autre époque, peut-être pas si éloignée de la nôtre. Il donne le goût de remonter quelques mois en arrière pour découvrir les premières enquêtes racontées dans Brébeuf.

Un bémol : ne maîtrisant pas suffisamment la langue anglaise, les portions de dialogues impliquant Marcus O'Maley (évidemment un personnage anglophone) m'ont quelque peu agacé.

Merci aux éditions VLB pour le service de presse.


Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : ****

Intrigue : ****

Psychologie des personnages : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
Commenter  J’apprécie          01
Le commentaire de Lynda :
L'histoire commence sur les chapeaux de roues par la découverte un homme assassiné dans un bordel. L'intrigue m'interpelle, je veux connaître la suite rapidement. S'intègre ensuite la disparition d'un homme, on veut poursuivre notre lecture ardemment pour connaître le lien qui unit ces deux drames. Je vais vous présenter les personnages sommairement, Suzanne la journaliste qui veut que les filles de joie soient bien traitées, les sergents détectives Carignan et Marcus qui enquêtent sur le meurtre au bordel et finalement Léopold, l'ancien combattant, conjoint de Suzanne et détective privé. Suzanne adore son métier, mais il lui arrive d'aller un peu trop loin dans ce qu'elle écrit. Un personnage douteux va lui faire comprendre par menace qu'elle doit se tenir tranquille. Alors que Marcus pourrait être un bon enquêteur, la boisson est sa pire ennemie. Il demande constamment aux autres de faire le travail à sa place. Son partenaire Paul Carignan a une autre dépendance que je vais vous laisser découvrir. Depuis que Léopold est revenu de la guerre, il a du mal à bien se sentir et sa jalousie excessive ne l'aide pas. Il est important de se concentrer sur la lecture de ce roman, car il faut bien distinguer le bureau de la moralité, le bureau de la sécurité et le bureau préventif. L'histoire se déroule en 1948 donc la situation des femmes était médiocre, leur savoir bien qu'égal ou supérieur à l'homme, n'était pas reconnu. J'ai moins aimé le côté franglais, la plupart du texte concernant Marcus, un personnage anglophone, est cité en anglais, il faut s'y habituer. Pour ce qui est de la fin, je ne m'y attendais pas et je m'attendais à autre chose. J'ai passé un très bon moment de lecture, les romans se passant dans ces années et sur le Red Light m'ont toujours attiré, et j'ai été encore une fois contente de ma lecture !
L'auteure possède une belle plume, une belle mise en scène, un suspense qui tient le fil jusqu'à la fin ! Une lecture que je recommande si vous aimez le Red Light et ce qui s'y passe !
Lien : https://lesmilleetunlivreslm..
Commenter  J’apprécie          20
Voilà une histoire qui se déroule sur 10jours dans un quartier "chaud de Montreal dans les années 1950. Un meurtre et une enquête à tiroirs.
Que dire.... j'ai failli lâcher ce livre plusieurs fois tant je me suis ennuyé jusqu'à la page 100 (sur 300 dans ma liseuse) , un petit regain d'intérêt s'en est suivi et une nouvelle déception à la fin.

!! L'écriture peut dérouter ceux qui ne parlent pas l'anglais car les dialogues mélangent du canadien français (délicieux) et de l'anglais, non traduit.
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
31 juillet 2023
Crime organisé et policiers vont main dans la main dans le Montréal des années 1940. Comment y faire face quand on ne veut pas de ce jeu-là ?
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeJournaldeQuebec
26 juin 2023
À travers les personnages de Marcus O’Malley, un sergent-détective qui en arrache, et Suzanne, une journaliste qui dérange, on retrouve le Red Light de l’époque, les enquêtes policières dans un milieu crasseux et le portrait d’une Belle Province en profonde mutation.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
— Why won’t you say anything? demande soudainement Marcus. You always have a smartass little comment to make. That’s what I like about you.

— Oh, Marcus… soupire Suzanne. Tu connais l’expression «don’t beat a dead horse»?
..............
— Alright, maybe. Mais tu sais, madame «don’t beat a dead horse», ça t’a pas empêchée de me dire que j’étais un mauvais père, l’autre jour. J’avais vraiment pas besoin de ça.

— Oui, mais tu l’avais cherché, avec toutes tes excuses pour m’empêcher de travailler.

— Anyway, tu sauras que ça m’a fait réfléchir.

— Pour vrai?

P.212
Commenter  J’apprécie          10
— Faque là, tu me dis que Lyne se serait fait voler? Tu peux affirmer ça, toi?

— Technically, no. Elle a pas d’argent sur elle, on en a pas trouvé de caché dans sa chambre non plus. Mais d’habitude, ça se trouve sous le matelas, ces affaires-là. Faque Colette a peut-être tué Lyne il y a deux jours, elle a passé la fin de semaine à voler toutes ses bank notes, pis à matin, elle est allée te voir pour faire semblant qu’elle savait rien pantoute, and you’re dumb enough to fall for it.

— Eille, dit Léo, parle pas de même à ma femme
p.321-322
Commenter  J’apprécie          10
— T’as manqué d’autres filles, à matin. On dirait que t’en connais pas mal, des catins. Vas-tu finir par m’en présenter une?

— Peut-être un jour. Pour l’instant, j’ai des appels à retourner.

— That’s what happens when you don’t show up for work. Duhamel te cherchait, hier. Qu’est-ce que tu faisais?

— Excuse-moi, Morris, mais je suis pas d’humeur à jaser. Tu me laisses travailler?

— Si t’appelles ça du travail…
p.193
Commenter  J’apprécie          10
- Arrête d'écrire sur nous ma belle. C'est aussi simple que ça. Parce que tu sais pas dans quoi t'y t'embarquer. Tu pe.ses que je suis là pour le fun, aux bordels ? J'ai une job à faire. Pis si tu parles de moi dans le journal, je peux pas faire ma job. C'est un gros problème
.......
- t'es observante, je te l'accorde. Pis ça, c'était pas assez pour te convaincre t'arrêter d'écrire ? J'aurais dû être plis clair.
Commenter  J’apprécie          00
Il pensait lui faire plaisir, mais le visage de la policière est dur, ses sourcils sont froncés. Désarçonné, Marcus reprend :
- understood .... anyway, paraît que tu vas avoir une augmentation de salaire. J'ai jasé de toi à Bourdon et on a parlé ensemble à Albert Langlois. And I won't ask anything more from you. I just wanted to say thanks.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Catherine Côté (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Catherine Côté
Les auteur·rice·s qui par­ticipent à ce cabaret cul­tivent l'énigme, inven­tent des mon­des, créent des cli­mats qui tan­tôt envoû­tent, tan­tôt glacent le sang. Lais­sez-vous entraîn­er dans un univers où tout peut arriver!
Avec: Catherine Côté, Auteur·rice Catherine Leroux, Auteur·rice Fanie Demeule, Auteur·rice Jonathan Reynolds, Auteur·rice Patrick Senécal, Auteur·rice Raphaëlle B. Adam, Auteur·rice Audrée Wilhelmy, Auteur·rice Véronique Marcotte, Animateurrice Guido del Fabbro, Musicien·ne
Livres: L'avenir Abîmes Brébeuf Plie la rivière Highlands Flots Servitude
Le Site Web du #SalonDuLivreDeMontreal : https://www.salondulivredemontreal.com/
Retrouve-nous sur tous nos réseaux sociaux
INSTAGRAM: https://www.instagram.com/salonlivremtl/ TIKTOK: https://www.tiktok.com/@salonlivremtl TWITCH: https://www.twitch.tv/lismoimontreal DISCORD: https://discord.gg/7MP3veRP FACEBOOK: https://www.facebook.com/salondulivredemontreal/
#slm2021
+ Lire la suite
autres livres classés : pègreVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (39) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2867 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}