Je pense à votre destin: André Malraux et Josette Clotis - 1933-1944

Tragique destin que celui de Josette Clotis, mère des fils d'André Malraux.

Peu de lecteurs peuvent citer un titre de cette romancière, née en 1910, qui a le talent de convaincre Henri Pourrat de préfacer en 1932 son premier roman « Le temps vert », de fréquenter le microcosme des écrivains … et de séduire André Malraux en 1933.

Les conquérants et La voie Royale ont rendu célèbre l'aventurier qui, dès la prise de pouvoir par Hitler en 1933, devient une des figures de la lutte antifasciste, et se mobilise en 1936 pour la République Espagnole. Marié à Clara Goldschmidt, depuis 1921, Malraux débute une double vie partagée entre son épouse, qui lui donne une fille en 1933, et sa maitresse qui l'accompagne aux USA en 1937.

En 1940, le tankiste Malraux fait prisonnier le 16 juin, s'évade à l'automne, rejoint la zone libre où Josette Clotis, qui accouche le 5 novembre d'un garçon prénommé Pierre-Gauthier, le rejoint grâce à l'entregent de Pierre Drieu La Rochelle. Les amants s'installent à Roquebrune-Cap Martin dans une luxueuse villa, où ils croisent André Gide et Roger Martin du Gard. Après l'occupation de la Zone Sud, le couple s'installe à Saint-Chamant en Corrèze où nait en 1943 leur second fils Vincent dont le parrain est Pierre Drieu La Rochelle. André, marié à Clara, refuse de divorcer d'une juive menacée par la législation raciste. Son frère Roland Malraux reconnait alors les deux enfants du couple … et André devient légalement l'oncle de ses enfants !

André Malraux rejoint la résistance en 1944 et laisse Josette et ses fils en Corrèze ; la jeune femme y trouve accidentellement la mort le 12 novembre, à l'âge de 34 ans. Roland Malraux succombe le 3 mai 1945 dans un camp allemand. Pierre-Gauthier et Vincent Malraux se tuent en voiture le 23 mai 1961 en Bourgogne.

L'essai de Françoise Theillou, passionnant et fort bien, documenté, revient longuement sur l'amitié qui lie Malraux, militant anti fasciste, à Drieu la Rochelle, chantre fasciste, puis détaille les occupations de l'écrivain durant la guerre. En 1940, il se méfie du général De Gaulle, entouré à Londres d'officiers venus de l'Action Française, et le chef de la France Libre se méfie du « communiste » … ce n'est qu'en 1943 que Malraux prend contact avec les réseaux de résistance.

Josette Clotis n'a certes pas la dimension intellectuelle et les réseaux d'une Clara Goldschmidt, mais elle partage le destin d'André Malraux durant une dizaine d'années. Il serait donc injuste de l'oublier et c'est le mérite de cet ouvrage que de la replacer à coté des célèbres Clara Goldschmidt, Marie-Madeleine Lioux et Louise de Vilmorin.

Une belle photo de couverture, un titre intrigant et me voilà embarquée dans la biographie de Josette Clovis.
C'est une jeune femme quand elle s'installe à Paris, elle est une jeune écrivaine provinciale et travaille chez Gallimard. Un jour, elle y croise le jeune André Malraux. Celui ci est marié à Clara, bien plus connue par nous. Il va connaître le succès en 1933 avec le prix Goncourt pour « La Condition humaine ». Elle a publié un roman "le temps vert". Ils vont vivre une passion amoureuse de 12 ans et nous allons suivre à travers leur histoire commune, un pan de l'histoire de France (les années 30, 40), littéraire (on y croise Gide, Drieu La Rochelle, Gallimard). Mais c'est aussi l'histoire d'une femme, qui restera la seconde. Malraux ne voudra jamais divorcer de Clara, femme plus puissante, qui a accompagné Malraux dans ses voyages en Asie (ils ont rapporté et "volé" des antiquités pour la galerie Gallimard), Clara est plus engagée dans la vie politique (épisode de la guerre d'Espagne puis de la seconde guerre mondiale).
Josette Clovis est plus discrète, plus effacée. Ils eurent deux enfants, Gauthier et Vincent, et connurent un moment de répit au début de la guerre dans une grande maison sur la Méditerranée, prêtée par une amie de Gide. Puis, ce fut l'entrée dans la Résistance et le drame absolu de la mort de Josette en 1944, happée par un train. En 1961, les deux frères se tuaient dans un accident de voiture.
"Je pense à votre destin", fondé sur des archives inédites, fait le récit de cette passion qui n'a pas duré moins de douze ans. Il est suivi de trente-cinq lettres de Malraux largement inédites, de fragments issus des cahiers inédits et de projets de romans de Clotis où Malraux apparaît, ainsi qu'un cahier préparatoire de celui-ci, inédit lui aussi, aux Noyers de l'Altenburg, auquel il travaillait du temps de leur liaison. Tous contemporains, ces éléments racontent, chacun à sa façon, une histoire inouïe d'amour et de littérature.
J'ai apprécié cette histoire entre deux êtres et l'auteure nous décrit aussi très bien l'époque de leur liaison. Nous avons tous notre André Malraux, le romancier, le militant de la guerre d'Espagne, le collectionneur-vendeur d'antiquité, le résistant, le ministre de la culture de de gaulle et les actions qu'il a mise en place.
Dans ce texte, on découvre un homme ambivalent, indécis face à ses choix amoureux, politiques.
C'est surtout un beau portrait d'une femme et très tentée de découvrir ses romans, peut être injustement oubliés.
Que pensez de cette citation du grand Homme :
« Les hommes ont les voyages, les femmes ont des amants », écrit Malraux.
#Jepenseàvotredestin #NetGalleyFrance

Très beau texte sur l'amour méconnu d'André Malraux et d'une jeune auteure. La photo de couverture est magnifique : quelle élégance. L'histoire est plus triste.
Malraux est marié lorsqu'il rencontre celle qui lui donnera un fils. Celle qui partage sa vie s'appelle Clara, Clara la tumultueuse, celle qui ose tout.
Josette et André se croisent chez Flammarion : admiration pour le grand homme, amour ... Toute la palette des émotions y passent entre ces deux là et la seconde guerre mondiale aussi.
Des textes inédits de Malraux, des idées, des collages en fin de texte.
Je remercie les Editions Grasset et NetGalley de m'avoir permis cette lecture.

Un récit sur la vie de Malraux. Marié à Clara, il tombe amoureux de Josette Clotis, journaliste. Il lui fait comprendre qu'il ne la quittera jamais pour sa femme. Malraux imbu de son succès littéraire "rentre" dans la guerre avec recul. Mais ses opinions feront de lui un personnage non désiré.
On découvre un personnage hautain, dédaigneux.
Déception du récit car les documents qui aliment celui-ci sont en fin de livre, à mon avis incrémenté dans le texte ceux-ci auraient donné plus d'attrait.