« Le blé veut dire or et richesses ; la rose, beauté ; le lys, grâce; la rue, délire des sens ; l’anémone, caprice éphémère ; la violette, modestie trompeuse ; le narcisse, vanité ; la tulipe, beauté froide ; le chêne, force et simplicité ; l’olivier, paix ; la grenade, passion et constance ; le laurier, gloire ; l’oranger, blancheur, virginité, prémices d’amour ; la belle des jours est éclatante et fière, la belle des nuits est rêveuse et tendre. L’éclat et le parfum des fleurs nous invitent à les cueillir.
« Les fleurs ne mentent jamais ; dès qu’elles changent de couleur, elles ont cessé de vivre.
« Les vins de France sont verts comme du vinaigre. Les Anglaises sont froides et blondes comme la progéniture des Albinos. Versez-moi le Jerès aux flots d’or ! que je morde aux crinières des jacas andalouses, noires comme le royal manteau de la nuit. — Ole !
« La Madrilègne est fière et dédaigneuse. Quel regard de mépris elle abaisse en passant sur tous ceux qui l’admirent ! Mais aussi comme elle aime celui qui sait gagner son cœur ! Un rayon de soleil s’est égaré dans ses yeux ; c’est la femme qu’on poursuit et qu’on adore malgré tout. — Ole !
« Puis, vole, souveraine de l’humanité ; serre-toi, frileuse, dans ta mantille. Marche seule en avant ; que ton amant te suive comme il pourra ; les hommes ne sont pas dignes de porter ton éventail. — Ole !
« Tout le long de la nuit les serenos chantent sous les balcons, les chats s’ébattent dans les gouttières, et les cailles amoureuses se répondent d’une fenêtre à l’autre. Cela réveille les maris ; mais tant que leurs femmes ne s’en plaindront pas, on conservera les serenos. — Ole !
« Le cavalier et son cheval vivent de la même vie. Mon cheval rouge hennit après la jument blanche. Et moi qui suis son maître, je hennis après la fille aux beaux yeux. — Ole !
« Ma fidèle guitare, c’est ma maîtresse et ma fille, le seul bien qui me reste sur terre, la sensible, la sonore qui me permet d’échanger mes pensées avec les hommes, la seule corde qui me rattache encore à la vie !
« L’harmonieuse, la merveilleuse ! je lui fais redire tout ce que je veux, à ma guitare fidèle : les sermons des curés et les déclarations des amoureux, les vérités et les contes, les nouvelles et les légendes. Je la fais rire et pleurer ; chez les grands, je modère sa franchise ; chez les petits, je rends ses accords plus bruyants et plus libres. J’annonce la bonne aventure aux jeunes filles et la mauvaise aux maris.