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EAN : 978B0014TZIX0
Groupe Golem (30/11/-1)
4.18/5   14 notes
Résumé :
« Le discours solidaire des puissants n’est qu’un leurre, puisqu’en réalité ils comptent bien davantage sur l’égoïsme et l’isolement des individus pour asseoir leur pouvoir. Le xxe siècle a été l’occasion de faire croire aux populations du monde, et en premier lieu à celles des pays industrialisés, que le “chacun pour soi” était la voie unique de la réussite. Le capitalisme […] a conduit à des aberrations inédites en matière d’inégalités sociales, de concentration d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« le mot anarchie vient du grec et signifie, à proprement parler, sans gouvernement » rappelle Errico Malatesta (1853-1932). Précision nécessaire car le terme est constamment dévoyé, associé au désordre et à la confusion, pour entretenir à dessein le préjugé que les gouvernements sont indispensables à la vie sociale. Ce fut, au temps de la monarchie, aussi le sort réservé au mot république. Il suffirait donc de persuader l'opinion que le gouvernement n'est non seulement inutile mais extrêmement nuisible pour que l'anarchie, de fait, signifie pour tous : ordre naturel, harmonie des besoins et des intérêts de tous, liberté totale dans la solidarité totale.
(...)
Le rôle du gouvernement est toujours de défendre les oppresseurs et les exploiteurs. S'il met parfois en place des réformes trompeuses, des services publics, c'est pour feindre d'être le gardien du droit de tous, pour faire accepter les privilèges d'un petit nombre.
(...)
Texte d'une grande clarté et d'une immense portée.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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L'Anarchie, de Malatesta, est un cours essai de moins de 70 pages qui expose d'une manière assez synthétique les grandes lignes directrices de l'Anarchisme.

Fougueux personnage dont on peut suivre la trace à travers les marques qu'il aura laissé dans l'Histoire, on retrouve la même énergie débordante, le même conviction, dans les lignes qu'il lègue via cet opuscule.
Après avoir remis à plat le véritable sens du mot Anarchie, Malatesta entreprend une critique du pouvoir en appuyant son raisonnement sur les principes mêmes de l'Etat, fondamentalement structure de domination par quelques-uns au détriment de tous les autres.
La puissance de l'essai n'est pas tant dans la clarté du propos que le choix de la structure argumentaire.
Après avoir mis en lumière les failles inhérentes de toutes organisations autoritaires propres à contraindre autrui, Malatesta s'applique au même exercice critique envers l'Anarchisme en reprenant une à une toutes les critiques à son endroit, clichés tous plus éculés les uns que les autres mais qui ne manqueront pas d'être encore maintes fois évoqués par ignorance ou mauvaise foi. Qu'il s'agisse du « désordre » supposément résultant de l'Anarchie comme on l'aura vu au début, ou encore de l'organisation naturellement ordonnée de la vie de tous les jours loin des guides de l'Etat, il est montré que l'Anarchie est le seul état qui permette réellement aux individus de faire société tout en s'émancipant des dominations ; le seul chemin vers la Liberté, l'Egalité et la Fraternité… Un idéal malheureusement suranné faute de n'avoir jamais pu germer et s'épanouir dans l'ombrage d’un pouvoir omniprésent.

Errico MALATESTA offre une vision pleine d'espoir malgré des schémas qui perdurent encore aujourd'hui (et perdureront tant qu'il y aura des tyrans) pour envisager l'harmonie de la vie sous un angle exempt de toute domination.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
.....Le gouvernement, c'est l'ensemble des gouvernants. Et les gouvernants - rois, présidents, ministres, députés, etc. - ce sont ceux qui ont la faculté de faire des lois pour réglementer les rapports des hommes entre eux et de les faire exécuter ; de décréter et de percevoir les impôts ; de contraindre au service militaire ; de juger et de punir ceux qui contreviennent aux lois ; de soumettre à des règles, de superviser les contrats privés et de leur donner une sanction légale ; de monopoliser certaines branches de la production et certains services publics, ou toute la production et tous les services publics s'ils le veulent ; de promouvoir ou d'entraver l'échange de produits ; de faire la guerre aux gouvernants d'autres pays ou de faire la paix avec eux; de concéder ou de retirer des franchises ; etc. Bref, les gouvernants, ce sont ceux qui ont, à un degré plus ou moins élevé, la faculté de se servir de la force sociale - c'est-à-dire de la force physique, intellectuelle et économique de tous - pour obliger tout le monde à faire ce qu'ils veulent, eux. Cette faculté constitue, pour nous, le principe de gouvernement, le principe d'autorité.

Quelle est la raison d'être du gouvernement ?

Pourquoi abdiquer sa propre liberté, sa propre initiative dans les mains d'un petit nombre ? Pourquoi leur donner cette faculté de s'emparer de la force de tous, contre la volonté de chacun ou non, et d'en disposer à leur gré ? Ont-ils donc tant de qualités exceptionnelles qu'ils puissent, avec quelque apparence de raison, se substituer à la masse et s'occuper des intérêts, de tous les intérêts des hommes, mieux que ne sauraient le faire les intéressés ? Sont-ils infaillibles et incorruptibles au point qu'on puisse avec apparemment assez de prudence confier le sort de chacun et de tous à leur science et à leur bonté ?

Et quand bien même il existerait des hommes dont la bonté et le savoir seraient infinis, quand bien même le pouvoir gouvernemental irait aux plus capables et aux meilleurs - et c'est là une hypothèse que l'Histoire n'a jamais confirmée, et dont nous pensons qu'il est impossible qu'elle soit jamais confirmée - est-ce que le fait d'avoir en main le gouvernement ajouterait quoi que ce soit à leur capacité de faire le bien ou est-ce qu'au contraire cette capacité ne s'en trouverait pas paralysée et détruite par la nécessité où se trouvent les hommes qui sont au gouvernement de s'occuper de multiples choses auxquelles ils n'entendent rien, et surtout de gaspiller le meilleur de leur énergie pour se maintenir au pouvoir, contenter leurs amis, tenir les mécontents en bride et mâter les rebelles ?

De plus, qui désigne les gouvernants, bons ou pas, savants ou ignorants, à cette haute fonction ? S'imposent-ils d'eux-mêmes par droit de guerre, de conquête ou de révolution ? Mais alors, quelle garantie peut-on avoir que c'est bien l'intérêt commun qui les inspire ? Ce n'est alors qu'une question d'usurpation, tout simplement, et à ceux qui sont dominés, aux mécontents, il ne reste plus qu'à faire appel à la force pour secouer le joug. Sont-ils choisis par telle ou telle classe, par tel ou tel parti ? Alors, ce seront sans aucun doute les intérêts et les idées de cette classe ou de ce parti qui triompheront, et la volonté et les intérêts des autres seront sacrifiés. Sont-ils élus au suffrage universel ? Mais alors, le seul critère, c'est le nombre, qui n'est certes pas une preuve de raison, de justice ou de capacité. Seront élus ceux qui savent le mieux emberlificoter la masse; et la minorité, qui peut très bien être la moitié moins un, sera sacrifiée. Sans compter que l'expérience a démontré qu'il est impossible de trouver un mécanisme électoral qui permette aux élus d'être, à tout le moins, les représentants réels de la majorité.
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Le mot anarchie vient du grec et signifie, à proprement parler, sans gouvernement : état d'un peuple qui se régit sans autorités constituées, sans gouvernement.
Avant qu'une telle organisation commence à être considérée comme possible et désirable par toute une catégorie de penseurs, et avant qu'elle ne soit prise comme but par un parti qui est désormais devenu l'un des facteurs les plus importants des luttes sociales modernes, le mot anarchie était universellement pris dans le sens de désordre, de confusion ; et il est encore utilisé aujourd'hui dans ce sens par les masses ignorantes et par les adversaires intéressés à déformer la vérité.
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Que la bourgeoisie l'ait ou non prévu quand elle a concédé pour la première fois au peuple le droit de vote, il n'en est pas moins certain que ce droit de vote s'est révélé parfaitement dérisoire et tout juste bon à consolider le pouvoir de la bourgeoisie en donnant à la partie la plus énergique du prolétariat l'espoir, vain, d'arriver un jour au pouvoir.

Même avec le suffrage universel, et nous pourrions dire particulièrement avec le suffrage universel, le gouvernement est resté le serviteur de la bourgeoisie et le gendarme à son service. S'il en était autrement, si le gouvernement menaçait de devenir hostile à la bourgeoisie, si la démocratie pouvait un jour être autre chose qu'un leurre pour tromper le peuple, la bourgeoisie menacée dans ses intérêts s'empresserait de se révolter et emploierait toute la force et toute l'influence qui lui viennent de ce qu'elle possède la richesse pour rappeler le gouvernement à son rôle de simple gendarme à son service.

Quel que soit le nom que prend le gouvernement, quelles que soient son origine et son organisation, son rôle essentiel est partout et toujours d'opprimer et d'exploiter les masses, et de défendre les oppresseurs et les exploiteurs. Et ses rouages principaux, caractéristiques, indispensables, sont le policier et le percepteur, le soldat et le garde-chiourme, auxquels s'ajoute immanquablement le marchand de mensonges, qu'il soit prêtre ou professeur, appointé et protégé par le gouvernement pour asservir les esprits et les rendre dociles au joug.
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Abolissez cette puissance négative qu'est le gouvernement et la société sera ce qu'elle pourra être étant données les forces et les possibilités du moment, mais elle le sera pleinement. S'il y a des hommes instruits et désireux de répandre l'instruction, ils organiseront les écoles et s'efforceront de faire voir l'utilité et le plaisir qu'il y a à s'instruire. Et si ces hommes n'existaient pas, ou s'ils étaient peu nombreux, ce n'est pas un gouvernement qui pourrait les créer, car il ne pourrait rien faire de plus que ce qu'il fait aujourd'hui : prendre ces hommes, les enlever à leur travail fécond, les mettre à rédiger des règlements que la police doit imposer, et d'enseignants intelligents et passionnés, en faire des hommes politiques, autrement dit des parasites inutiles, dont le seul souci est d'imposer leurs propres lubies et de se maintenir au pouvoir.
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Le gouvernement, c'est un certain nombre de personnes chargées de faire les lois et habilitées à se servir de la force de tous pour obliger chacun à les respecter : il constitue déjà, de ce fait, une classe privilégiée et séparée du peuple. Comme tout corps constitué, il cherchera instinctivement à élargir ses attributions, à se soustraire au contrôle du peuple, à imposer ses propres tendances et à faire prédominer ses propres intérêts particuliers. Placé dans une situation privilégiée, le gouvernement se trouve déjà en antagonisme avec la masse, dont il détourne la force pour en disposer.
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Vidéo de Errico Malatesta
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : Errico Malatesta, _Un peu de théorie,_ Bruxelles, Administration, 1899, 13 p.
#EnricoMalatesta #Anarchisme #Révolution #LittératureItalienne
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