3/MAYA.– Tu te souviens quand il y a eu l’ambulance ?
2/DINO.– Mm.
3/MAYA.– Elle était pas là pour elle.
2/DINO.– C’était une ambulance tout à fait normale qui était venue se garer à côté de l’école.
3/MAYA.– Sans sirène.
2/DINO.– Sans lumière bleue.
3/MAYA.– Mais Mariana ne la lâchait pas du regard et, tout à coup, son corps s’est mis à trembler.
2/DINO.– Tout à coup, elle est tombée sur le côté et s’est mise en boule.
3/MAYA.– D’abord, c’était presque rigolo à voir.
2/DINO.– (vise Maya.) L’une d’entre nous s’est d’ailleurs mise à rire.
3/MAYA.– Mais après, on a tous compris que c’était du sérieux. Parce qu’elle était allongée par terre, la joue contre le gravier et elle hurlait elle hurlait.
2/DINO.– Les maîtres ont accouru et ils ont dû se mettre à plusieurs pour la porter. Elle hurlait et se débattait comme une folle sans que personne ne comprenne pourquoi.
3/MAYA.– Elle avait une peur bleue des policiers.
2/DINO.– Et des ambulances.
3/MAYA.– En fait, elle avait peur de tous ceux qui portaient un uniforme.
« J'ai toujours écrit sur des vides. C'est quelque chose qui revient toujours dans mes oeuvres. Qu'est-ce qu'il se passe s'il y a un ami, un membre d'une famille, qui est parti, qui est mort [...] Les gens qui restent, qu'est-ce qu'ils font avec ce vide ? Est-ce que c'est possible de remplacer ce vide avec des mots ? Ça c'est une stratégie que j'ai utilisée personnellement chaque fois qu'il y a quelqu'un dans ma vie qui part ou qui meurt. »
Jonas Hassen Khemiri nous parle de son roman **La clause paternelle**, lauréat du prix Médicis étranger 2021 : https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/la-clause-paternelle
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