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EAN : 9782251447971
464 pages
Les Belles Lettres (08/06/2018)
4.5/5   5 notes
Résumé :
En 1949, bien qu’elle se proclame en rupture radicale vis-à-vis des régimes qui l’ont précédée, la République populaire de Chine reprend à son compte les objectifs formulés par les réformateurs et les révolutionnaires de la première moitié du XXe siècle. La différence tient aux moyens mobilisés pour y parvenir. Dans les faits, la pratique du totalitarisme par Mao Zedong n’entraînera pas les transformations annoncées. Il lègue une société affaiblie et fracturée. Il f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre s'inscrit dans une série très ambitieuse proposée par l'éditeur consacrée à l'Histoire générale de la Chine, et cible ici la période communiste commencée en 1949. Il aborde en quelques 450 pages très denses l'évolution politique, économique et sociale du pays intervenue depuis lors et jusqu'au début 2018.
Pour moi, le pari est réussi. L'auteur Gilles Guiheux est un universitaire parisien chevronné, et on retrouve ce « formatage » dans la rigueur du plan proposé, simple, clair, didactique. Il a choisi de consacrer les quatre premiers des dix longs chapitres à l'histoire politique chronologique depuis l'avènement de Mao Zedong jusqu'à l'ère actuelle de Xi Jinping. Cette phase permet de planter le décor politique. Les chapitres suivants reprennent la chronologie mais par thématiques : les aspects institutionnels et de droit, les spécificités économiques, les aspects sociaux (migrations internes, inégalités…), la dichotomie ville / campagne, la modernisation sociétale, l'éducation et la culture.
Au début, il faut se faire un peu violence pour se plonger dans cet ouvrage ambitieux, notamment par le foisonnement des mentions de dates et de personnalités influentes du Parti, dont il faut suivre dans quel courant elles se situent, d'autant plus que l'organisation, le rôle et le pouvoir de chacune des multiples instances politiques donne le tournis : Président de la République (quand il existe), Premier Ministre, Vice-Premier Ministre, Secrétaire Général du Parti (le vrai leader), Comité central, Bureau Politique (à géométrie variable), Commissions (Le Président de celle des affaires militaires est parfois le n°1 du régime)...La partie chronologique peut ainsi paraître assez fastidieuse et complexe. L'auteur a le souci d'éclairer les jeux de pouvoir au sein du Parti, les rivalités entre factions (Pékinois et Shanghaïens !), entre les anciens et les nouveaux promus aux postes à responsabilités. Et c'est finalement bienvenu, car que sait-on vraiment, vu d'ici, de ces luttes intestines, des hésitations et revirements stratégiques du régime, alors que cette histoire nous paraît stable et irrésistiblement ascensionnelle sur la trajectoire du développement ? Ainsi, ce qui frappe, c'est la multiplicité et la succession des orientations prises, souvent contrariées par des résultats médiocres et au mieux imparfaits, et modifiées radicalement quelques années plus tard au prix de purges impitoyables dans l'appareil d'Etat, selon que la balance penchera du côté des conservateurs ou des réformistes. Ce que je retiens des dirigeants présentés : Mao le père fondateur du régime, évidemment le plus charismatique, le plus autoritaire, maître dans l'art de la manipulation et adepte du diviser pour mieux régner. Finalement très contesté pendant son règne (notamment sur sa gauche par la bande des quatre, et sur sa droite à un moment au moins par Deng Xiaoping) et qui a clairement échoué à développer le pays, sa priorité étant d'imposer d'une main de fer le nouveau système politique tout en se démarquant de l'inspirateur soviétique : le Grand bond en avant n'aura mené qu'à la Grande famine, et la Révolution Culturelle (1966-76) à la persécution de millions de chinois considérés comme "droitiers", envoyés en camps de rééducation par le travail, voire en prison, quand ils ne sont pas éliminés physiquement. Succédant à un intérim de deux ans, Deng Xiaoping, « le révolutionnaire professionnel », qui a tout connu depuis les années 1920 est plus un pragmatique qu'un idéologue. Ecarté des instances dirigeantes durant toute la période de la Révolution culturelle, il parvient à s'imposer comme un homme neuf et impulse des réformes plus libérales. Il est entravé pendant dix ans par ces rivalités internes qui ne cessent pas. Des progrès vont intervenir sur la construction d'un Etat de droit, certes non démocratique, mais qui jette les bases d'une plus grande égalité devant la loi, sous la houlette du premier ministre Zao Ziyang. Mais les étudiants rêvent de démocratie et en veulent davantage quand l'aile conservatrice bloque les avancées, et c'est Tian an men le 4 juin 1989. Le vieux Deng Xiaoping est alors décisif quand il a l'audace, face à des conservateurs un temps revigorés, de relancer les réformes dès 1992. Il proclame alors l'engagement dans la voie de l'économie socialiste de marché. Et cette fois, on le suit. Ses successeurs qu'on pouvait croire peu charismatiques approfondissent le sillon tracé, impulsant des avancées dans un climat politique plus stable, qui leur permet de rester dix ans chacun au pouvoir avec seulement trois premiers ministres : Jiang Zemin favorise un développement économique sans précédent, notamment par une ouverture à l'étranger (la Chine adhère à l'OMC en 2001), puis Hu Jintao cherche à réduire les inégalités sociales et instille un discours plus défenseur de l'environnement. En 2012, Xi Jinping, "le Prince" communiste (son père a fait toute sa carrière dans le Parti), plus indépendant des factions, est d'une génération qui a mal vécu la Révolution culturelle. Paradoxe, si l'héritage de Mao n'est plus guère revendiqué, il est bien présent quant à la résurgence d'un culte de la personnalité que Xi cultive d'autant plus qu'il règne sur une RPC plus puissante économiquement et politiquement que jamais.
L'auteur montre que le Parti a su finalement, malgré quelques vicissitudes et revirements, se transformer au fil des décennies, renouvelant son personnel dirigeant, désormais plus expert et davantage féru d'économie et de droit qu'autrefois de technique et d'affaires militaires. Ce Parti laisse se faire certaines évolutions inéluctables de la société (impact de la mondialisation, des nouvelles technologies…), permettant à celle-ci une respiration indispensable pour servir de soupape de sécurité, ce qui lui permet finalement de maintenir un pouvoir de contrôle voire de censure, certes en recul, mais clairement persistant dans nombre de domaines. L'auteur conclut qu'on est passé d'un régime maoïste totalitaire à un régime postmaoïste autoritaire.
Sur le plan économique, si le passage à l'économie socialiste de marché a bien été proclamé par Deng Xiaoping en 1992, les dirigeants du Parti se sont retranchés derrière l'argument de cette phase nécessaire préalable à l'atteinte de l'objectif d'économie marxiste. Les réformes se sont faites par à-coups, souvent menacées voire annihilées par la frange conservatrice du Parti. Plus qu'une adhésion volontariste sur le long terme aux thèses du libéralisme économique, il semble que la voie chinoise soit expérimentale et unique, guidée avant tout par le pragmatisme.
L'auteur n'oublie pas enfin d'observer les évolutions sociales, les questions de l'urbanisation accélérée et des migrations des paysans vers les villes, des inégalités, du logement, et souligne quelques succès incontestables, notamment en matière d'éducation (le taux d'analphabètes chez les adultes est passé de 80 % en 1949 à 5 % aujourd'hui selon l'Unesco), de la recherche, et de la culture où le Parti censure moins, conscient de l'apport des artistes chinois de renommée internationale pour le prestige de la nation.

Cet ouvrage est ainsi une somme remarquable, très documentée, une véritable bible sur le système politique en place en Chine continentale depuis 1949 et ses conséquences économiques et sociales. Le style est clair, précis, et le propos, passé la complexité tout à fait logique des premiers chapitres, est accessible et s'avère sinon passionnant, du moins très instructif.

Peut-être aurait-on pu attendre une tentative d'ouverture sur l'évolution potentielle, prévisible, de la RPC et de son système politique. L'auteur ne s'y est pas risqué, et sa conclusion générale m'a semblé trop rapide. De même, pour un ouvrage paru au printemps 2018, l'homme Xi Jinping et les spécificités de sa politique sont trop sommairement évoquées me semble-t-il.
Rien de très grave, je m'en vais compléter le propos par le "Dans la tête de Xi Jinping" de François Bougon, excellent complément en perspective ?!

J'adresse de vifs remerciements à l'équipe de Babelio, et à l'Editeur Les Belles Lettres pour m'avoir adressé cet excellent ouvrage dans le cadre de l'opération Masse critique.
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Je commencerais par remercier Babelio et son opération Masse critique qui m'a permis d'obtenir ce livre. La république populaire de Chine. Histoire générale de la Chine (1949 à nos jours) par Gilles Guiheux, fait 460 pages, sans illustrations, mais avec une carte à la fin. Il y a aussi une liste récapitulative des chefs du parti, ainsi qu'une chronologie, une bibliographie et un index.

Première déception donc : l'absence d'illustrations (à l'exception d'une carte générale de la Chine à la fin du livre). C'est cela qui faisait aussi la force du premier volume de l'Histoire générale de la Chine proposé par Les Belles Lettres. L'époque contemporaine regorge d'images, même si celles concernant la République populaire de Chine sont sans doute officielles et contrôlées. Il n'empêche, tous les lecteurs ne sont pas familiers du sujet, et tous ne connaissent pas le visage des dirigeants chinois de l'époque où les images de la propagande maoïste. C'est d'autant plus dommage que la 4e de couverture précise : « l'Histoire générale de la Chine, série de dix volumes illustrés ».

Sinon, à part cela, voyons le contenu à présent. Comme pour ma critique du premier volume, je dois préciser que je ne connais pas l'histoire de la Chine. Je ne sais donc pas si ce volume apporte une vision nouvelle sur la période. Je pense qu'il se veut avant tout synthétique.

Le livre se découpe en dix chapitres. Comme pour le premier volume, les premiers chapitres sont consacrés aux événements dans l'ordre chronologique : l'installation du régime ; les dérives du maoïsme ; priorité à la modernisation économique ; la construction d'un nouveau modèle. Suivent des chapitres thématiques, sur la construction de l'Etat ; sur l'économie ; sur les mobilités et les inégalités ; les villes contre les campagnes ; les populations ; et l'éducation et la culture.

1. L'installation d'un nouveau régime (1949-1957)

Dans ce premier chapitre, Guiheux aborde la transition vers la Chine communiste. Il montre que c'est une période d'hésitations que la propagande a décrite comme l'âge d'or du régime. C'est donc une vision rétrospective et exagérée.

Malgré la violence, avec plusieurs millions de morts, Guiheux montre que le nouveau régime a su réaliser d'importantes réformes, à la fois sur le plan social, agraire ou administratif. Les conditions de vie de la population ce sont améliorées. C'est la marche vers le socialisme.

Le nouveau régime cherche à réaliser l'unité du territoire et à mettre en place de nouvelles institutions. Pour cela il va s'appuyer directement sur la population. C'est le début de la collectivisation et l'éradication du capitalisme.

Cette politique passe par la conquête du Xinjiang, mais surtout du Tibet. Ce dernier pays, indépendant depuis 1912, mais non-reconnu par la communauté internationale, va être conquis en 1952 dans l'indifférence générale des grandes puissances (même si des citoyens vont s'insurger de cette occupation).

C'est l'application du programme de la Nouvelle Démocratie, avant la mise en place de la nouvelle Constitution. C'est la création de la République populaire, avec au centre le Parti communiste. Le Parti s'insère dans la vie familiale et s'appuie sur un esprit militaire et nationaliste pour s'affirmer. La société et l'économie sont de plus en plus contrôlées par L’État.

L'installation du régime est donc un succès rétrospectivement, même si elle fut bien plus houleuse que veut le marteler la propagande. Un succès qui ne durera pas toujours.

2. Les dérives du maoïsme (1958-1976)

Cette période est marquée par deux épisodes tragiques : le Grand Bond en avant (1958-1960) et la Révolution culturelle (1966-1969). Le premier épisode provoque la plus grande famine qu'a connu la Chine au XXe siècle. Le second voit la destruction des appareils d’État lancés par le régime lui-même à ses débuts. Ces deux décennies s'achèvent par la mort de Mao en septembre 1976.

C'est une période de règlements de comptes au sein de l'élite dirigeante du Parti. De plus, la population n'est plus aussi favorable au régime qu'avant. Plus généralement, il s'agit pour Mao d'adapter le système économique. La conséquence de cette adaptation c'est la grande famine entre 1959 et 1961. Cet épisode fut très longtemps méconnu du fait du verrouillage de l'information par la propagande du régime.

Si Guiheux évoque la difficulté d'obtenir des chiffres fiables, il évoque 76 millions de morts durant les trois ans que dura la famine, l'année la plus terrible étant 1960 (avec des cas d'anthropophagie).

Le régime va donner, dès 1962, une explication pour le moins choquante. S'il y a eu une famine c'est du fait de la météo et de l'excès d'enthousiasme des cadres du Parti qui a conduit à des « erreurs ». Il y a bien des causes naturelles qui expliquent la famine, mais aussi des erreurs humaines et en premier lieu les exigences démesurées du Grand Bond, la nouvelle politique économique voulue par Mao.

Quant à la Révolution culturelle il s'agit surtout d'une réforme politique et idéologique. Mao veut s'affirmer définitivement. Cela provoque une guerre civile et un conflit générationnel. Une partie de la jeunesse à l'impression de vivre un épisode révolutionnaire. Si à l'origine, il s'agit pour Mao de régler des problèmes internes au Parti, la Révolution culturelle débouche sur une réaffirmation idéologique. Toutes personnes suspectées de sympathies capitalistes devient un ennemi à abattre. Plusieurs milliers d'intellectuels sont ainsi éliminés. De nombreux cadres locaux sont changés. Des bibliothèques, des musées et des monuments historiques sont détruits ou endommagés.

Mao concentre le pouvoir dans ses mains, ce qui provoque des conflits parfois violents avec les autres personnages influents au sein du Parti. Lorsqu'il meurt en 1976, il laisse un pays divisé, à la fois socialement et politiquement.

3. Priorité à la modernisation économique (1976-1992)

Après la mort de Mao, les dirigeants du Parti, notamment Deng Xiaoping, cherchent à reconquérir la population. Pour ça, la décollectivisation de l'agriculture est lancée et les investissements étrangers sont autorisés. Le but n'est pas de détruire le système en place, mais de l'améliorer en donnant l'impression, finalement, que le régime est prêt à s'ouvrir.

C'est un trompe l’œil. Les contestations populaires, à la fin des années 1980, sont réprimées brutalement. C'est le retour de la dictature, avec la place Tian'anmen qui devient le symbole des aspirations démocratiques de millions de Chinois. Malgré une opposition interne, même dans les rangs de l'armée, à l'usage de la force, Li Peng signe le décret mettant en place la loi martiale le 20 mai 1989.

Les réformes engagées sont positives et contribuent réellement à améliorer le sort de la population, que ce soit dans les villes ou les campagnes. Mais cette réussite économique ne s'accompagne pas d'une démocratisation du régime, comme la jeunesse l'espérait (notamment).

Malgré le retour de la dictature, le conservatisme a montré ses limites et il est abandonné. Le modèle économique voulu par Deng Xiaoping, à la fois communiste et capitaliste, a échoué. Le XIVe congrès du Parti, en 1992, va entériner l'entrée de la Chine dans l'économie de marché.

4. La construction d'un nouveau modèle (depuis 1992)

La période commence par le « voyage dans le Sud » de Deng Xiaoping (88 ans) qui fait la promotion du nouveau modèle économique vers lequel tend le régime. L'objectif est donc de construire une « économie socialiste de marché ». En 2001, la Chine rejoint les rangs de l'Organisation mondiale du commerce ; tout un symbole.

Ces dernières années, la société chinoise connaît un tournant important, en se complexifiant. C'est l'apparition de nouveaux groupes sociaux. Les villes prennent des proportions énormes. La croissance est à deux chiffres.

Sur le plan politique, la période se caractérise par une réelle stabilité. Les dirigeants du Parti poursuivent globalement les mêmes objectifs et il n'y a plus d'oppositions inconciliables. Depuis 1989, le Parti a connu trois Secrétaire général : Jiang Zemin (1989-2002) ; Hu Jintao (2002-2012) et Xi Jinping (depuis 2012).

C'est réellement dans les années 2000 que la Chine devient la seconde puissance économique du monde. A cette attraction exercée par le pays, s'ajoute une visibilité plus culturelle. Ainsi, la Chine organise les Jeux Olympiques en 2008 et la ville de Shanghai l'exposition universelle de 2010.

En quelque sorte, le nationalisme a remplacé le conservatisme.

Même si Guiheux ne l'aborde pas directement, Xi Jinping semble retourner aux fondamentaux. Est-ce le retour d'une forme de culte de la personnalité ? En mars 2018, les députés chinois abolissent la limite de deux mandats imposés au Secrétaire général. En théorie, Xi Jinping pourrait donc rester à la tête du pays jusqu'à sa mort. Face à de nouvelles velléités démocratiques dans la société chinoise n'est-ce pas un retour à une ligne dure, comme en 1989 ?

Concernant les chapitres thématiques, je me suis centré sur ceux qui m'intéressaient le plus (le 5, 6 et 10).

5. Les formes de gouvernement.

La Chine est gouvernée par le Parti communiste, omniprésent. C'est une institution qui reste très opaque. L'idéologie révolutionnaire est officiellement abandonnée en 1978.

Guiheux explique qu'il existe une forme de démocratie au niveau des villages, notamment par l'intermédiaire des assemblées populaires. Le droit a pris une certaine importance et il arrive que le peuple manifeste dans certains cas.

Bien sûr, le régime reste autoritaire. C'est un système qui profite avant tout aux élites et l'avis du peuple est presque jamais pris en compte. Le Parti laisse faire tant que le système en lui-même n'est pas remis en cause. Les membres du Parti se réunissent régulièrement et la défiance qui existait entre Mao et les autres dirigeants n'existe plus.

Le régime va-t-il naturellement vers la démocratie ? Les chercheurs ne sont pas d'accord avec la réponse. Le Parti a surtout su montrer sa capacité à s'adapter à la société.

6. La création de richesse.

L'économie chinoise a été une des premières de la planète au moins depuis le XIVe siècle. C'est avec l'apparition du capitalisme moderne au XIXe siècle, que la Chine connaît une période de déclin.

Nous avons vu que la politique de Mao fut une catastrophe, en provoquant notamment une famine. Après sa mort, la Chine s'ouvre à l'économie de marché. Cela va aboutir à un système original, mais aussi en parti expérimental.

Les chercheurs ne sont pas d'accord sur les causes du succès chinois. Est-ce l'ouverture au capitalisme ? Est-ce simplement le pragmatisme des gouvernements ?

Ce système n'est pas exempt de problèmes : précarité salariales, pollution et inégalités sociales en hausse. Finalement, ce sont un peu les mêmes problèmes qui s'observent en Europe.

Seconde économie du monde, la Chine reste un pays pauvre. Les actifs diminuent ce qui provoque un manque de main d’œuvre dans certaines zones. L'objectif est aussi d'augmenter la consommation des ménages, notamment en augmentant les dépenses sociales (pensions de retraites par exemple).

7. Éducation et culture.

Au niveau de l'éducation, il y existe une grande inégalité au sein de la société chinoise. Dans les zones rurales, beaucoup d'habitants sont des illettrés, ce qui contraste avec les élites urbaines fortement éduqués.

La littérature chinoise retrouve un certain dynamisme et se montre même progressiste. Certains artistes, comme Lin Fengmian (1900-1991), ont des contacts avec les avant-gardes des pays européens. Il en va ainsi pour le cinéma. Chaplin séjournera en Chine. Il sortira d'ailleurs un film intitulé La comtesse de Hong-Kong en 1967.

Avec la Guerre Froide, la Chine s'aligne sur l'Union soviétique et arrêtent ses relations avec l'Occident. De la fin des années 1950 à la fin des années 1970, le pays est même replié sur lui-même.

Une tendance des dernières années, c'est quand même la massification et l'internationalisation de l'enseignement supérieur. L'illettrisme a été bien réduit grâce à l'enseignement obligatoire. La Chine investit beaucoup dans l'enseignement et la recherche.

La Propagande continue a s'appliquer, tout en se montrant tolérante. Certains artistes arrivent même à s'en émanciper habilement. Malgré tout, les opposants emprisonnés et la violation régulière des droits humains restent des réalités dramatiques.
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Je tiens avant-tout à remercier MasseCritique pour l'envoi de ce livre.
Ce livre d'histoire retrace sur environ 400 pages la très célèbre, tragique et dans un même temps, mal connue, République Populaire de Chine (RPC). La période concernée s'étant donc de 1949 à nos jours. Après une introduction accrocheuse et honnête, posant les problèmes historiographiques autour de l'étude de la RPC, nous suivons chronologiquement les grandes étapes de ce régime à travers des chapitres bien organisés et concis, qui abordent à chaque fois les points essentiels à retenir. Alors que l'on pourrait s'attendre à un pur livre d'histoire politique, il n'en est rien. L'auteur propose un véritable tour d'horizon de la société chinoise en abordant des questions liées à la famille ou encore à la culture, mais également la perception des événements par les contemporains des faits.
J'ai particulièrement apprécié la franchise de Gilles Guiheux qui n'a pas hésité à reconnaître dans son ouvrage que la RPC, bien que largement étudiée possède une histoire qui reste lacunaire, dont les sources la concernant sont difficiles d'accès. le fait qu'il procède à une histoire comparative entre les modalités du régime soviétique et celles du régime maoïste était très appréciable, les différences entre les deux étant trop souvent gommées et la comparaison extrapolée. Enfin, le style de l'auteur étant simple et clair, son ouvrage se lit facilement.
Je le recommande donc sincèrement à tout passionné de l'histoire du XXème siècle et espère le voir en tête de gondole des Bibliothèques Universitaires à la rentrée 2018!
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les démolitions ont aussi fait émerger la question de la protection du patrimoine. Le choix a été fait de protéger les bâtiments individuels, ce qui n'a pas empêché les destructions massives. Les arguments avancés pour justifier la rénovation, les expulsions et les destructions sont la surpopulation, l'insalubrité, l'absence d'hygiène et du minimum de confort. C'est donc un discours hygiéniste et modernisateur qui a présidé à la destruction et à la reconstruction des centres urbains. Contre ces destructions, architectes, urbanistes, historiens ou journalistes se sont mobilisés et ont donné naissance à de multiples organisations. Une solution souvent adoptée a consisté à muséifier certains ilôts dans la perspective du développement touristique. Le premier projet à combiner rénovation urbaine et protection du patrimoine est celui du quartier de Xintiandi à Shanghaï. Il s'agit d'un quadrilatère qui compte un ensemble de Shikumen, maisons à deux étages emblématiques de l'architecture du début du XXè siècle et destinées à loger les classes laborieuses. En 1997, la municipalité signe un accord avec un promoteur immobilier hongkongais : en échange du droit de construire des immeubles de bureaux et des espaces résidentiels de grand luxe, il s'engage à préserver le patrimoine architectural. La population résidente est expulsée (non sans difficultés), les shikumen sont restaurées et réaménagées pour héberger des restaurants et des commerces. Espace résidentiel des classes populaires, Xintiandi abrite désormais des commerces destinés à des consommateurs à fort pouvoir d'achat. Projet urbanistique phare, copié par de nombreuses autres villes, Xintiandi est fondé sur l'exclusion de ses habitants d'origine.
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Les combats en Corée coûtent cher à la Chine en termes d'hommes. Certes la campagne de mobilisation "Résister à l'Amérique et aider la Corée" renforce le patriotisme et contribue à consolider le nouveau régime. Mais les conséquences négatives de l'engagement chinois sont importantes. La Chine, qualifiée d'"agresseur" par les Nations unies, est désormais isolée sur la scène internationale. Elle est exclue pour vingt ans des Nations unies. L'objectif de réunification avec Taïwan est ajourné, du fait de l'interposition de la 7ème flotte américaine ; la République de Chine est désormais protégée par la puissance américaine. En terme de coût financier, Pékin révélera plus tard que la moitié de la dette contractée au début des années 1950 auprès de l'URSS avait servi à financer la guerre. Si personne à Pékin ne lève alors la voix contre Moscou, les critiques s'exprimeront dans les années 1960 et 1970.
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Les logements insalubres abritant des populations paupérisées ont été détruits et remplacés en centre-ville par des résidences de luxe, hautement sécurisées, abritées par les élites économiques et politiques. Ces complexes résidentiels portent des noms évocateurs - Manhattan, Versailles ou Fontainebleau - d'un mode de vie luxueux. Un choix alternatif consiste à se loger dans d'immenses villas construites à la périphérie, dans des espaces arborés et paysagés où la voirie est privatisée, sur le modèle des communautés résidentielles fermées américaines. Ces constructions sont souvent inspirées de modèles étrangers et, comme dans la Chine urbaine de la première moitié du XXè siècle, on peut choisir une maison de style espagnol, canadien ou parfois chinois. Pour s'assurer un degré maximum de confort, les résidents emploient du personnel de maison ; ils envoient leurs enfants dans les meilleurs écoles - à proximité ou à distance - de préférence internationales afin de préparer leur prochaine expatriation, et ont accès à des espaces exclusifs où se forge l'entre-soi : équipements sportifs et clubs privés. Les classes moyennes, dont la diversité est grande, ont accès à des logements qui restent spacieux, bien équipés, proches des zones de chalandise, et produits en très grand nombre. Les espaces résidentiels qui leur sont destinés abritent jusqu'à des dizaines de milliers de ménages et ont fait la fortune des promoteurs immobiliers. Ils les organisent comme des mondes clos où les habitants peuvent se procurer un maximum de biens et services mais aussi se divertir ou pratiquer leur sport favori ; c'est un style de vie bien plus qu'une simple habitation qui leur est vendu. Les populations les plus modestes sont renvoyées à la périphérie des villes, loin des écoles, des hôpitaux, des réseaux de transports publics, dans de nouveaux espaces urbanisés conquis sur les campagnes, dans des logements de médiocre qualité.
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Au final, l'économie chinoise s'est internationalisée à un niveau particulièrement précoce de son développement et cette internationalisation a été source de croissance. Elle a été rendue possible par l'interaction de facteurs internes - la politique d'ouverture - et externes - la libéralisation des échanges de biens et de capitaux, les flux d'investissements étrangers des pays développés vers les pays émergents et l'aide au développement. Les entreprises étrangères ont ainsi joué un rôle clé dans la modernisation de l'appareil industriel chinois. La capacité de la Chine à passer d'une économie de production, essentiellement axée sur un avantage comparatif en termes de travail peu qualifié, à une économie de l'information et du savoir reste pourtant aujourd'hui controversée. Certes de grandes entreprises chinoises, telles Huawei ou Lenovo, émergent comme des acteurs importants sur le marché international, mais dans les années 1960, deux décennies seulement après la fin de la seconde guerre mondiale, le Japon conquérait des parts de marché international non sur la base de ses prix, mais grâce à la qualité de ses produits.
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La trajectoire chinoise débouche sur une individualisation limitée. Elle est possible et même souhaitée afin d'assurer la croissance économique, mais le processus est contraint et demeure restreint à la sphère des activités économiques et de la vie privée.
De ce point de vue, la société chinoise est traversée par de multiples tensions. D'une part, le Parti-Etat encourage l'initiative individuelle en soutenant le développement et la réussite économique personnelle ; d'autre part, il réalise une forme extrême de contrôle en entretenant un système de censure omniprésent et en limitant les demandes de participation politique. L'individu est sommé d'être autonome et responsable, mais en même temps l'individualisme en tant que tel est condamné, car tout un chacun doit d'abord se mettre au service des intérêts de sa famille et de la nation chinoise.
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Video de Gilles Guiheux (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gilles Guiheux
Gilles Guiheux intervenait chez Agoranov le 7 juin dernier pour présenter son ouvrage La République populaire de Chine. https://www.lesbelleslettres.com/livre/3691-la-republique-populaire-de-chine
Son livre retrace l?histoire politique, économique, sociale et culturelle de la Chine depuis la fondation du régime communiste jusqu?à la période contemporaine.
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