AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Carole Ksiazenicer-Matheron (Traducteur)Louisette Kahane-Dajezer (Traducteur)
EAN : 9782721003102
320 pages
Editions des Femmes (25/05/1988)
4/5   3 notes
Résumé :
Dans ce roman autobiographique, Esther Kreitman, sœur aînée d'Isaac Bashevis Singer, pose sur la micro société du “Shetl” un regard à la fois candide et dénué d'illusions.
A la veille de la première guerre mondiale, en Pologne, Dvoïrele, jeune fille juive, héroïne de La Danse des démons observe sans complaisance, de manière quotidienne et minutieuse, cette société où l’Étude est exclusivement réservée au monde des hommes, et au sein de laquelle règnent le mép... >Voir plus
Que lire après La danse des démonsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est tout récemment que j'ai découvert - un peu à ma honte, je l'admets - que le grand Isaac Bashevis Singer (1902-1991), seul Prix Nobel en yiddish, de qui j'ai lu et aimé une grande partie de son oeuvre monumentale, avait une soeur aînée, Esther Kreitman (1891-1954), qui a été également auteur.
Je savais que Isaac avait un frère auteur, Israel Joshua Singer (1893-1944), pour avoir lu et fort apprécié de lui son 'Les frères Ashkenazi' - en yiddish : 'Di brider Ashkenazi' - de 1937, et que ce frère a été à la fois son mentor et modèle. Décidément le rabbin hassidique, Pinkhas Mendl Zynger et son épouse, Basheve Zylberman, elle même la fille d'un rabbin hassidique, de Bilgoraj dans la province de Lublin en Pologne, ont eu une progéniture digne d'un Guinness record. Il y a sur le net une superbe photo de ces trois Singers écrivains, malheureusement protégée par un copyright.

Depuis de longues années, le monde perdu du shtetl juif m'intrigue et me passionne. Peut être justement parce que ce monde, tellement riche en culture et savoir n'existe justement, par les crimes de Hitler et ses voyoux nazis, plus. Moi-même qui vient d'un coin - la Flandre Occidentale en Belgique - où il n' y a virtuellement pas de juifs et me souviens que ma rencontre avec mon 'premier' juif, à mes 18 ans comme étudiant à Anvers - célèbre pour sa concentration de juifs dans le secteur diamantaire - m'a ouvert les yeux sur un nouveau monde. La lecture du 'Manoir' d' Isaac Bashevis Singer m'a, en quelque sorte, transporté vers l'Est, dans cet univers fascinant du shtetl juif d'antan.

Grand était mon étonnement lorsque l'ouvrage d'Agata Tuszinska 'Singer, paysages de la mémoire' de 1994, m'est tombé dans les mains. La romanciere à succès y décrit comment elle-même a, presque par hasard, découvert cet univers en dénichant un livre d'occasion de Singer. Et l'auteur prolifique et talentueux d'entre autres 'Wiera Gran, l'accusée' (4 critiques très positives sur Babelio), est pourtant bien polonaise.

Ma decouverte d'Esther Kreitman je la dois à sa traductrice, Carole Ksiazenicer-Matheron, en recevant le Cahier des Éditions L'Herne consacré à Joseph Roth (un de mes auteurs favoris) dirigé par ce professeur à Paris. Je profite de l'occasion, d'ailleurs, pour attirer l'attention des lecteurs sur une perle qu'elle a publié sous le titre 'Le temps de la fin : Roth, Singer et Boulgakov'.

La babélienne canadienne, Lali, auteur elle-même de 2 ouvrages sous le nom de Christine Champagne, a rédigé une présentation exemplaire de l'ouvrage d'Esther Kreitman, qui rend vain tout essai de faire mieux de ma part. Je vous recommande vivement d'y jeter un coup d'oeil. Je veux juste ajouter que l'auteur de 'La dance des démons ' a également écrit 'Blitz et autres histoires', que la babelienne levanahbatiah a très bien commenté, et 'Le Diamentaire', l'histoire justement d'un riche négociant anversois de ces pierres précieuses.
Commenter  J’apprécie          326
Difficile pour moi de noter et de rédiger la critique de ce livre : l'inspiration se fait attendre. L'écriture d'Esther Kreitman m'est assez opaque et m'a empêchée, au début, d'en ressentir les émotions. Son écriture est comme hétéroclite. Par instant, j'avais l'impression que la phrase restait suspendue pour reprendre juste derrière, un tout autre sujet, une toute autre phrase indépendante de la première. Son style m'a dérangée, j'ai dû intellectualiser ma lecture alors que je préfère ressentir un livre. L'histoire de cette jeune fille puis jeune femme "Dvoïrele" serait autobiographique. le lecteur pénètre dans le milieu hassidique polonais à la veille de la première guerre mondiale. Il découvre une communauté ethnique et religieuse vivant repliée sur elle-même, en quasi autarcie, sous l'autorité du Rabbin. Cette communauté doit lutter contre le mouvement européen des lumières qui tente d'atteindre certains milieux ultra-orthodoxes au fin fond des schtetlech. le lecteur voit s'opposer en arrière plan les tenants de l'orthodoxie et les modernes ainsi que l'arrivée clandestine du socialisme.
Je suis parvenue à ressentir l'implacable misère sur fond d'antisémitisme, la souffrance psychologique voire la révolte intérieure de Dvoïrele devant sa condition de "fille". Exclue du domaine de l'étude, réservé au hommes, assignée aux tâches domestiques, partagée entre l'amour qu'elle porte à ses parents et son désir d'émancipation, elle ressent le mépris de sa propre mère, son insignifiance dans ce monde hostile aux femmes. C'est terrible de ressentir une telle détresse qu'elle ne parviendra pas à exprimer ouvertement.
Dvoïrele ira jusqu'à subir un mariage arrangé avec un inconnu d'Anvers : ce qui l'obligera à quitter sa famille et la Pologne. Pire, elle aura la tête rasée comme le veut la coutume, le lendemain de ses noces, sans opposer la moindre résistance.
(La tête rasée m'a renvoyée à des périodes pas si lointaines).
Exilée, loin de sa famille, dépendante financièrement d'un mari sans travail, elle rêvera jusqu'au délire provoqué par la faim, de son retour en Pologne.
Dommage que j'ai eu quelques difficultés pour m'imprégner de l'atmosphère de ce livre.
C'est un livre dur qui parle de la place de la femme dans les milieux ultra religieux quels qu'ils soient, de ce carcan religieux qui étouffe toute aspiration à la liberté d'être soi et qui fait la part belle à l'intégrisme voire à la main mise des hommes sur les femmes, qui oublie le sens du mot spiritualité qui n'a rien à voir avec des pratiques qui s'attachent à la forme mais dont tout le monde ignore le sens.
Commenter  J’apprécie          200
Esther Kreitman née Singer, soeur ainée de Joshua Israël et Isaac Bashevis Singer, signe ici son premier roman publié en 1936 à Varsovie et dont le caractère autobiographique ne fait aucun doute.
L'histoire de Dvoïrele / Esther commence à Jelehitz, nom fictif de Leoncin, qu'elle qualifie de « trou » dans lequel il ne se passe jamais rien… Elle y vit avec son frère Mikhaïl / Joshua et ses parents Avrom Ber / Pinchas Menachem et Reizele / Basheva. Ses deux autres frères dans la vie réelle ont été gommés… le quotidien de ce shtetl est emprunt d'une grande religiosité qui impacte les moindres gestes et décisions des Juifs. le père de Dvoïrele / Esther, rabbin hassidique, reçoit ces derniers et les conseille sur l'interprétation de détails de la loi mosaïque. Comme le père d'Esther, Avrom Ber est un rêveur que sa femme empêche souvent de prendre les mauvaises décisions. « Mikhaïl deviendra, Dieu soit loué, un savant talmudiste » Oui mais elle, que deviendra-t'-elle ? La question n'a aucune pertinence dans cette famille où les filles sont presque exclusivement destinées à devenir des épouses et des mères… Comme son frère, Dvoïrele remet en cause ces traditions ancestrales, elle se procure même des livres profanes auprès d'un marchand ambulant et apprend également l'allemand dont elle se servira plus tard pour s'orienter dans Berlin. Contrairement à son père, elle se débrouille aussi en polonais ce qui laisse à penser que le monde replié sur lui-même du shtetl connaissait tout de même une certaine perméabilité. C'est avec enthousiasme que le frère et la soeur voient le déménagement de la famille à R / Radzymin puis à Varsovie. Dvoirele pense que la ville lui ouvrira plus grandes les portes de sa liberté… Hélas, ce n'est jamais le cas : la chape de plomb de la tradition est là pour lui rappeler qu'elle n'est qu'une fille et qu'elle doit se consacrer essentiellement aux taches ménagères. Sa mère d'ailleurs, bien que victime de ce système oppressant, ne fait non seulement rien pour l'aider à s'émanciper mais va même jusqu'à s'adonner des journées entières à la lecture pendant que Dvoïrele s'use aux nombreuses tâches ménagères.
Comme Esther, elle souffre du mépris que sa mère lui témoigne. Varsovie ne lui apporte pas davantage de perspectives d'avenir. le mouvement socialiste naissant ne veut pas d'elle. Sans doute la considère t'il trop molle… Et c'est vrai ! Dvoïrele se lamente mais ne prend aucune initiative et demeure une victime consentante. Elle consent en effet à un mariage arrangé avec un jeune homme qu'elle ne connaît pas et qui travaille dans le monde des diamantaires d'Anvers, elle consent aussi à ce que son crane soit rasé et à porter la perruque traditionnelle des femmes mariées. Dvoïrele sait qu'elle est prisonnière d'un carcan dont elle brosse un portrait sans concession mais dont elle n'arrive cependant pas à s'extraire. Or, au lieu d'essayer elle se punit en acceptant ce qu'elle récuse « Et, comme pour mieux se punir elle-même, elle résolut de ne rien faire qui pût rompre la promesse de mariage. À moins, bien sûr, de trouver une solution qui lui permît de subvenir à ses besoins. Mais comment, et en faisant quoi ?Elle ne savait rien faire. On ne lui avait rien appris. » Lacheté, désarroi, autoflagellation ? Même la fin du roman s'avère n'être qu'un rêve.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Et, comme pour mieux se punir elle-même, elle résolut de ne rien faire qui pût rompre la promesse de mariage. À moins, bien sûr, de trouver une solution qui lui permît de subvenir à ses besoins. Mais comment, et en faisant quoi ?Elle ne savait rien faire. On ne lui avait rien appris.
Commenter  J’apprécie          20
Nous n'avons nul besoin de Dvoïrele et de ses semblables. Ce ne sont que d'inutiles victimes, il n'y aucune justification à leur sacrifice.
Commenter  J’apprécie          10

Dans la catégorie : Littérature yiddishVoir plus
>Littérature des langues germaniques. Allemand>Autres littératures germaniques>Littérature yiddish (34)
autres livres classés : shtetlVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (18) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1720 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}