C'est tout récemment que j'ai découvert - un peu à ma honte, je l'admets - que le grand
Isaac Bashevis Singer (1902-1991), seul
Prix Nobel en yiddish, de qui j'ai lu et aimé une grande partie de son oeuvre monumentale, avait une soeur aînée,
Esther Kreitman (1891-1954), qui a été également auteur.
Je savais que Isaac avait un frère auteur,
Israel Joshua Singer (1893-1944), pour avoir lu et fort apprécié de lui son '
Les frères Ashkenazi' - en yiddish : 'Di brider Ashkenazi' - de 1937, et que ce frère a été à la fois son mentor et modèle. Décidément le rabbin hassidique, Pinkhas Mendl Zynger et son épouse, Basheve Zylberman, elle même la fille d'un rabbin hassidique, de Bilgoraj dans la province de Lublin en Pologne, ont eu une progéniture digne d'un Guinness record. Il y a sur le net une superbe photo de ces trois Singers écrivains, malheureusement protégée par un copyright.
Depuis de longues années, le monde perdu du shtetl juif m'intrigue et me passionne. Peut être justement parce que ce monde, tellement riche en culture et savoir n'existe justement, par les crimes de Hitler et ses voyoux nazis, plus. Moi-même qui vient d'un coin - la Flandre Occidentale en Belgique - où il n' y a virtuellement pas de juifs et me souviens que ma rencontre avec mon 'premier' juif, à mes 18 ans comme étudiant à Anvers - célèbre pour sa concentration de juifs dans le secteur diamantaire - m'a ouvert les yeux sur un nouveau monde. La lecture du 'Manoir' d'
Isaac Bashevis Singer m'a, en quelque sorte, transporté vers l'Est, dans cet univers fascinant du shtetl juif d'antan.
Grand était mon étonnement lorsque l'ouvrage d'Agata Tuszinska 'Singer, paysages de la mémoire' de 1994, m'est tombé dans les mains. La romanciere à succès y décrit comment elle-même a, presque par hasard, découvert cet univers en dénichant un livre d'occasion de Singer. Et l'auteur prolifique et talentueux d'entre autres 'Wiera Gran, l'accusée' (4 critiques très positives sur Babelio), est pourtant bien polonaise.
Ma decouverte d'
Esther Kreitman je la dois à sa traductrice,
Carole Ksiazenicer-Matheron, en recevant le Cahier des Éditions L'Herne consacré à
Joseph Roth (un de mes auteurs favoris) dirigé par ce professeur à Paris. Je profite de l'occasion, d'ailleurs, pour attirer l'attention des lecteurs sur une perle qu'elle a publié sous le titre 'Le temps de la fin : Roth, Singer et Boulgakov'.
La babélienne canadienne, Lali, auteur elle-même de 2 ouvrages sous le nom de
Christine Champagne, a rédigé une présentation exemplaire de l'ouvrage d'
Esther Kreitman, qui rend vain tout essai de faire mieux de ma part. Je vous recommande vivement d'y jeter un coup d'oeil. Je veux juste ajouter que l'auteur de 'La dance des démons ' a également écrit '
Blitz et autres histoires', que la babelienne levanahbatiah a très bien commenté, et 'Le Diamentaire', l'histoire justement d'un riche négociant anversois de ces pierres précieuses.