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Les livres dans l'ordre :
"Le dernier des Camondo" de Pierre Assouline, Éditions Folio
"Les Camondo ou L'éclipse d'une fortune" de Nora Seni et Sophie le Tarnec , Éditions Babel
"La rafle des notables" de Anne Sinclair, Éditions Grasset
"Pourquoi les Juifs ?" de Marek Halter, Éditions Michel Lafon
"Je rêvais de changer le monde" de Marek Halter, Éditions J'ai lu
"Ellis Island" de Georges Perec, Éditions POL
"Il est de retour"de Timur Vermes, Éditions 10/18
"Le charlatan" de Isaac Bashevis Singer, Éditions Stock
"La Source" de James A. Michener, Éditions Robert Laffont
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"Why I Write for Children" (Discours de Prix Nobel, 1978) :
Il y a cinq cents raisons pour lesquelles j'ai commencé à écrire pour les enfants, mais pour gagner du temps, je n'en citerai que dix :
1. Les enfants lisent des livres, pas des avis. Ils se foutent des critiques.
2. Les enfants ne lisent pas pour trouver leur identité.
3. Ils ne lisent pas pour se libérer de la culpabilité, pour étancher la soif de rébellion ou pour se débarrasser d'un sentiment d'aliénation.
4. Ils ne trouvent pas d'utilité à la psychologie.
5. Ils détestent la sociologie.
6. Ils n'essaient pas de comprendre Kafka ou "Finnegans Wake".
7. Ils croient toujours en Dieu, en la famille, aux anges, aux démons, aux sorcières, aux gobelins, à la logique, à la clarté, à la ponctuation et aux autres trucs obsolètes.
8. Ils aiment les histoires intéressantes, pas les commentaires, les guides ou les notes de bas de page.
9. Quand un livre est ennuyeux, ils bâillent ouvertement, sans honte ni peur de l'autorité.
10. Ils ne s'attendent pas à ce que leur écrivain bien-aimé sauve l'humanité. Aussi jeunes qu'ils soient, ils savent que ce n'est pas en son pouvoir. Seuls les adultes ont de telles illusions puériles.
Dans la préface de son livre Une histoire de Paradis et autres contes, Isaac Bashevis Singer, prix Nobel de Littérature en 1978, écrit :
« ... Dans les romans, le temps ne meurt pas. Pas plus que les hommes et les animaux. Pour l'écrivain et ses lecteurs, toutes les créatures continuent à vivre éternellement. Ce qui se passa jadis est toujours présent... »
En vous appuyant sur vos lectures, étudiez comment les romans peuvent à la fois se situer dans le temps et échapper au temps.
“Le taxi emprunta le pont sur l'East River. Le docteur Margolin aperçut enfin le ciel. Il était bas et couvert, rouge comme un métal incandescent (…) La neige tombait doucement comme d’un tamis, apportant au monde la paix de l’hiver, tout comme dans le passé, il y avait quarante ans, il y avait mille ans ; peut-être même un million d’années (…) Le chauffeur du taxi avait ouvert sa vitre et des bouffées d’air glacial s’engouffraient à l’intérieur, chargées d’une odeur d’essence et d’air marin.”
– Je vais te dire : Hitler tiendra parole. Il fera tuer tout le monde. Même s’il perd, aucun des Juifs de Pologne ne survivra. »
Hertz courba la tête.
-"Nous ne pouvons rien faire. Seule la force gouverne le monde."
-Pourtant, si le monde entier s’unissait contre lui, il se rendrais.
– Le monde ne se soucie jamais des méchants. Celui qui veut tuer tue.
– Alors pourquoi continuer à vivre ? Je ne savais pas que le monde était ainsi.....
Il y avait deux lits dans la chambre, un grand et un petit. Pour plaisanter, Minna les surnommait « la guerre » et « la paix ».
"Un miroir de verre ne montre que la peau, la surface du corps. Le vrai visage de quelqu'un se révèle dans son désir d'aider sa famille et les autres dans toute la mesure de son possible. C'est ce genre de miroir-là qui montre réellement l'âme d'un homme."
« Écoute-moi et oublie ces bêtises. Deviens un homme d’affaires, comme tous les autres Juifs. Rappelle-toi ce que je te dis, il suffit de faire le premier pas. Ce n’est pas grâce à Freud que tu gagneras ta vie.
– Tu sais parfaitement que je ne suis pas un disciple de Freud.
– Quelle différence cela fait-il ? Copain de Freud, copain d’Adler ou copain de Jung, ça ne vaut pas une poignée de haricots. Soigner un complexe d’Œdipe ne te permettra même pas d’acheter un oignon.
Par la fenêtre, je vis scintiller une étoile, entre deux nuages. De là où j'étais assis j'essayai de la fixer dans ma mémoire avant qu'elle ne disparaisse. Je m'amusai à penser à ce qu'il se passerait si le ciel restait perpétuellement couvert et ne s'ouvrait qu'une seconde tous les cent ans, seul moment où quelqu'un pourrait entrevoir une étoile. Il raconterait ce qu'il aurait vu comme une révélation, mais personne ne le croirait. On le traiterait de menteur, et on l'accuserait d'avoir eu une hallucination. Derrière combien de nuages la vérité se cachait-elle maintenant? Et que savais-je de l'étoile que j'étais en train de contempler? C'était une étoile fixe, pas une planète. Peut-être était-elle plus grosse que le soleil. Qui savait combien de planètes tournaient autour d'elle, combien de mondes existaient grâce à cette étoile? Qui pouvait se représenter le genre d'êtres qui y vivaient, quelles plantes y poussaient, quelles pensées y avaient cours? Et il y avait des milliards d'étoiles fixes comme celle-là dans notre seule Voie lactée.
Les romanciers actuels, avec leur psychologie et leur sociologie, ont déclaré la guerre au récit, qu'ils considèrent comme une institution périmée. Je persiste à croire que la mission de la littérature est de raconter une histoire qui suscite une tension, et que le lecteur en commençant sa lecture ne doit pas déjà en connaître la fin.
Pour autant, ces écrivains juifs des années trente ont pris une grande importance, malgré leurs détracteurs... Parfois, ils écrivaient des choses qui paraissaient antisémites aux Juifs. Moi, bien entendu, je n'ai jamais été d'accord avec ce grief, qu'on m'a d'ailleurs fait aussi. Moi qui écrivais en yiddish, on me disait : "Pourquoi parlez-vous toujours de voleurs et de prostituées juifs" et je répondais : "Vous ne voudriez tout de même pas que je parle de voleurs et de prostituées espagnols ? Je parle de ceux que je connais."
Entretien avec Ph. Roth en 1976.