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EAN : 9782866459871
244 pages
Le Félin (17/02/2023)
3.9/5   5 notes
Résumé :
Cet ouvrage n’est ni une biographie ni un roman, mais le récit au jour le jour basé sur des faits authentiques de la dernière semaine de vie de Charles Péguy, lieutenant de réserve au 276e régiment d’infanterie de Coulommiers, frappé d’une balle en plein front, près de Meaux le 5 septembre 1914, à la veille de la bataille de la Marne.

Le lecteur trouvera au fil des chapitres des retours en arrière destinés à éclairer la personnalité complexe et parfoi... >Voir plus
Que lire après La dernière semaine de vie du lieutenant Charles Péguy : 29 août - 5 septembre 1914Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les derniers jours d'un condamné.
C'est ainsi que Jean-Claude Demory aurait pu titrer son livre, si Hugo ne l'avait déjà choisi.
Parce que, lorsqu'il part, la fleur au fusil, convaincu comme bon nombre de mobilisés, que cette guerre contre le Boche, sera éphémère, il n'a pas idée de ce qui l'attend.
Il n'aura pas fallu plus d'un mois, au Lieutenant Charles Péguy et à la plupart des hommes de son unité pour perdre la vie.
Bien sûr, je ne dévoile rien, ici, qui ne soit connu de tous, sur le tragique destin du poète.
Demory nous emmène au coeur de la bataille.
On en est au tout début.
Personne n'est vraiment prêt.
On ne connaît pas encore les rigueurs de l'hiver.
On n'a pas encore creusé les tranchées.
On est fier des couleurs de l'uniforme que l'on porte et qui, pourtant, font du poilu une cible facilement identifiable.
La guerre fut brève pour Péguy, comme il l'avait envisagé (Enfin, lui, il pensait bien la finir). Mais la fin, pour lui, n'était que le début de la Grande guerre, qui fit des millions de victimes.
L'auteur nous entraîne dans les pas du Lieutenant et des hommes du 276eme Régiment d'infanterie.
Il nous parle de l'officier, qui mène ses troupes d'une main ferme tout en restant profondément humain et proche de ses soldats.
Il nous raconte aussi le civil. Marié, père d'une famille dont il semble peu se soucier, menant une vie dissolue, instable, qui se fâche avec ses meilleurs amis avant de faire volte face et de les retrouver comme si de rien n'était.
Personnalité ambiguë, jusque dans ses rapports avec les grands hommes qu'il a côtoyé.
Un livre, dont on précise dans un "Avertissement", qu'il n'est ni une biographie, ni un roman. Mais qui peut se lire comme l'un, sans en avoir les poncifs ou l'autre, sans en avoir, évidemment, la fiction.
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« Piéton dans l'âme, marcheur infatigable, il [Charles Péguy] éprouvait l'intime satisfaction d'appartenir au prolétariat des champs de bataille, à la piétaille anonyme, à cette infanterie en capotes bleues et pantalons rouges, vieille souveraine des mêlées toujours sur la brèche, descendante glorieuse des bandes de Picardie, Champagne, Navarre et Piémont, héritière des régiments du roi en habits blancs, légataires des demi-brigades dépenaillées de la République, fille des grenadiers d'Oudinot qui gagnaient les batailles de l'empereur avec leurs jambes. »

Tel était donc le lieutenant Péguy qui, entre août et septembre 1914, avec la 19e compagnie du 276e régiment d'infanterie, entra de plain-pied dans la guerre. Celui que ses hommes appelaient avec respect le « Pion », qui, malgré ses contradictions tout au long de sa vie, ne renia jamais ses origines modestes : « Ce qu'il y avait d'indiscutable, en tout cas, c'était l'autorité, l'influence, le prestige que le lieutenant Charles Péguy exerçait sur ses hommes. »

Ce sont ses derniers jours, au front, que raconte avec brio et parfois un cynisme savoureux Jean-Claude Demory. Et raconter les derniers jours de Péguy c'est aussi raconter sa vie, dont on ne peut faire l'économie pour comprendre le personnage.

Ainsi, le va-et-vient qu'effectue l'auteur entre le Péguy de la guerre et celui d'avant est particulièrement réussi, conférant au récit une force narrative admirable. On découvre donc cet exalté des Lettres françaises – exaltation qui explique peut-être sa mort précoce, ce samedi 5 septembre 1914, criant des ordres au mépris des balles ennemies – qui se débattait dans une « médiocrité laborieuse », en quête de reconnaissance, ombrageux à l'occasion, excessif en à peu près tout mais combien talentueux. Ce que le monde découvrirait trop tard, c'est-à-dire après sa mort. Car la mort a ce don particulier de faire reconnaître le talent, Baudelaire et Van Gogh en savent quelque chose…

« Toujours certain, Péguy, d'avoir raison et de s'être engagé au service de la meilleure cause, toujours impatient d'en découdre. » Et c'est comme cela qu'il a décousu des amitiés et des admirations pour en faire à l'occasion des détestations, comme envers Jean Jaurès qui l'a, il faut bien l'admettre, un tantinet méprisé par ses comportements à son égard. Et Péguy entretenait « une rancoeur quasi névrotique ».

Péguy repose aujourd'hui aux côtés de ses compagnons d'infortune tombés à la guerre, dans une nécropole nationale au style art-déco, située non loin du lieu même où il est tombé. C'est un site chargé d'une atmosphère très prenante et dont je conseille la visite, pour l'avoir effectuée moi-même, là où, le lendemain de la mort de Péguy, la première bataille de la Marne ferait rage, qui fermerait les portes de Paris aux Allemands. Quant à savoir s'il fut heureux d'être mort « dans une juste guerre », bien malin qui saurait le dire. Espérons, comme le suggérait son ami Joseph La Taconnoux, qu'il se soit évadé « vers les mystérieuses régions où règnent les mystiques »…

(Remerciements aux éditions du Félin pour le présent ouvrage & à Babelio)
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"Cet ouvrage n'est ni une biographie ni un roman", ça tombe , la biographie est bien un style qui m'ennuie . J'aime l'histoire mais pas les" livres d'histoire" u sens strict . Celui ci est un bon compromis entre livre savant, biographie et roman, servi par une plume enlevée, pimentée, souvent haute en couleurs , certaines expressions désuètes (qu'employait feu mon grand-père ) m'ont bien fait rire, de les retrouver là, bien à propos, dans l'air du temps de 1914.
De Peguy, je ne connaissais que le poème Meuse Endormeuse et le fait qu'il soit mort , pistolet à la main, en héros, aux premières heures de la grand guerre, lors de la bataille de la Marne. En fait, non, chronologiquement, ce fut la bataille de l'Ourcq qui précède la bataille de la Marne . A part, ça, des noms de rues, de collèges.....
J'ai découvert le personnage. je le trouve terriblement insupportable mais c'est une autre histoire ;)
Pour résumer, j'ai aimé lire ce livre qui déroule la vie de Peguy comme un roman, ses conflits avec Jaurès, la Sorbonne et j'en passe, et dont la chute brutale mais connue d'avance , donc....
Cela foisonne d'anecdotes pleines de vie et de citations.
J'aurai cependant aimé plus de photos qui auraient apporté un plus au récit et surtout, que les sources soient citées pour démêler la vérité historique de la part romancée.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« Piéton dans l’âme, marcheur infatigable, il [Charles Péguy] éprouvait l’intime satisfaction d’appartenir au prolétariat des champs de bataille, à la piétaille anonyme, à cette infanterie en capotes bleues et pantalons rouges, vieille souveraine des mêlées toujours sur la brèche, descendante glorieuse des bandes de Picardie, Champagne, Navarre et Piémont, héritière des régiments du roi en habits blancs, légataires des demi-brigades dépenaillées de la République, fille des grenadiers d’Oudinot qui gagnaient les batailles de l’empereur avec leurs jambes. »

Tel était donc le lieutenant Péguy qui, entre août et septembre 1914, avec la 19e compagnie du 276e régiment d’infanterie, entra de plain-pied dans la guerre. Celui que ses hommes appelaient avec respect le « Pion », qui, malgré ses contradictions tout au long de sa vie, ne renia jamais ses origines modestes : « Ce qu’il y avait d’indiscutable, en tout cas, c’était l’autorité, l’influence, le prestige que le lieutenant Charles Péguy exerçait sur ses hommes. »

Ce sont ses derniers jours, au front, que raconte avec brio et parfois un cynisme savoureux Jean-Claude Demory. Et raconter les derniers jours de Péguy c’est aussi raconter sa vie, dont on ne peut faire l’économie pour comprendre le personnage.

Ainsi, le va-et-vient qu’effectue l’auteur entre le Péguy de la guerre et celui d’avant est particulièrement réussi, conférant au récit une force narrative admirable. On découvre donc cet exalté des Lettres françaises – exaltation qui explique peut-être sa mort précoce, ce samedi 5 septembre 1914, criant des ordres au mépris des balles ennemies – qui se débattait dans une « médiocrité laborieuse », en quête de reconnaissance, ombrageux à l’occasion, excessif en à peu près tout mais combien talentueux. Ce que le monde découvrirait trop tard, c’est-à-dire après sa mort. Car la mort a ce don particulier de faire reconnaître le talent, Baudelaire et Van Gogh en savent quelque chose…

« Toujours certain, Péguy, d’avoir raison et de s’être engagé au service de la meilleure cause, toujours impatient d’en découdre. » Et c’est comme cela qu’il a décousu des amitiés et des admirations pour en faire à l’occasion des détestations, comme envers Jean Jaurès qui l’a, il faut bien l’admettre, un tantinet méprisé par ses comportements à son égard. Et Péguy entretenait « une rancœur quasi névrotique ».

Péguy repose aujourd’hui aux côtés de ses compagnons d’infortune tombés à la guerre, dans une nécropole nationale au style art-déco, située non loin du lieu même où il est tombé. C’est un site chargé d’une atmosphère très prenante et dont je conseille la visite, pour l’avoir effectuée moi-même, là où, le lendemain de la mort de Péguy, la première bataille de la Marne ferait rage, qui fermerait les portes de Paris aux Allemands. Quant à savoir s’il fut heureux d’être mort « dans une juste guerre », bien malin qui saurait le dire. Espérons, comme le suggérait son ami Joseph La Taconnoux, qu’il se soit évadé « vers les mystérieuses régions où règnent les mystiques »…

(Remerciements aux éditions du Félin pour le présent ouvrage & à Babelio)
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