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EAN : 9782364810846
93 pages
IMHO (20/10/2022)
4/5   1 notes
Résumé :
Cinquante perruches à collier s'échappent d'un container à l'aéroport d'Orly en mai 1974. Ces cinquante oiseaux découvrent dans leur fuite inespérée un nouveau biotope dont elles ne savent rien. Aujourd'hui elles sont environ 8 000 à occuper l'île de France. À la même période, le même phénomène dû aux mêmes causes se produit à Londres, à Amsterdam, à Madrid et dans un bon nombre de grandes villes européennes. Les perruches à collier dominent aisément les autres espè... >Voir plus
Que lire après La destinée manifeste : Un documentaire-fiction sur la perruche à collier à l'assaut de l'EuropeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le documentaire-fiction de la saga de la perruche à collier en Europe comme prisme d'une manière d'être vivant, comme relecture des impérialismes de jadis et d'aujourd'hui, comme résonance magique d'une ouverture radicale à l'altérité. Somptueux de malice et d'inventivité politique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/01/02/note-de-lecture-la-destinee-manifeste-eric-arlix/

« Espèce invasive » : de cette expression ô combien stratégique, Éric Arlix a extrait, sous couvert de documentaire de terrain à épisodes fictifs et à échappées rusées, une superbe réflexion conduite comme mine de rien, à propos du rapport de l'homme au vivant bien entendu, à propos des armes matérielles et taxinomiques dont il dispose dans l'affirmation de son statut de maître et possesseur, aussi, à propos des questions de migration et d'assimilation, fussent-elles en apparence appliquées uniquement à des oiseaux exotiques, enfin.

Publié en octobre 2022 aux éditions IMHO, « La destinée manifeste » est l'une des belles surprises de cet automne 2022 : détournant copieusement et heureusement le sens d'une terrible expression forgée en 1845 par un certain John O'Sullivan, journaliste de son métier, comme justification religieuse et suprémaciste d'une expansion vers l'Ouest de l'homme blanc en Amérique du Nord, homme blanc dont la légitimité souveraine à faire fructifier son capital et la pente génocidaire qui s'y trouvait alors associée se trouvaient ainsi d'avance absoutes, la saga de la perruche à collier en Europe s'appuie chaque fois que nécessaire sur de l'information scientifique et documentaire tout à fait authentique et de la considération écologique de première main (la Joëlle Zask de « Zoocities – Des animaux sauvages dans la ville », par exemple), mais sait faire joyeusement spéculer la réalité, en jouant de paysages imaginaires qui pourraient être issus du « Je suis une légende » de Richard Matheson, d'angles déjà archéologiques que ne renierait pas la Fanny Taillandier des « États et empires du lotissement Grand Siècle », de constructions communautaires animales et mutantes qu'on pourrait saisir aussi chez le Furukawa Hideo de « Soundtrack », ou encore de manières particulières d'être vivant qui échangeraient volontiers leurs échos redoutables avec le Baptiste Morizot des « Diplomates ».

De l'art joueur et sérieux, politique jusque dans ses moindres racines secrètes, de l'art tel qu'on l'aime tant ici.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les éclaireuses
Mai 1974, aéroport d’Orly, Val-de-Marne, France.
Dans l’aéroport de Paris-Orly des conteneurs d’oiseaux exotiques transitent de temps à autre, convoyés par des zoos ou des importateurs. Le marché est relativement faible, les normes de sécurité aussi à cette époque, trop insuffisantes pour des oiseaux parmi les plus intelligents au monde. Une cinquantaine de perruches à collier profitent alors de leur transit dans la zone aéroportuaire pour se jouer facilement du système de sécurité peu évolué, d’absence de grillage résistant à leur bec acéré. La perruche à collier (Psittacula krameri) appartient à la famille des Psittacidae et à l’ordre des Psittaciformes, ce dernier regroupe les oiseaux tropicaux appelés communément perroquets, aras, cacatoès, loris et perruches.
Après des heures passées dans le noir de leur conteneur, dans le bruit stressant du voyage, avec comme compagnons les plus proches deux moteurs CF6-80 de General Electric crachant leurs centaines de milliers de litres de carburant, dans l’un des premiers Airbus A300, et comme moments totalement inédits et terrorisants du voyage le décollage et l’atterrissage de l’oiseau de fer, les perruches à collier sont alors attentives à la moindre opportunité pour mettre un terme à ce cauchemar.
Dans la cage où elles attendent un nouveau transfert, le mince grillage cède sous les coups répétés des becs acérés, presque aussi facile à ouvrir qu’une simple noix de pécan. Ça y est la voie est libre. Leurs premiers battements d’ailes leur font découvrir qu’elles sont en plein milieu d’un complexe de nids d’oiseaux de fer où ils n’ont de cesse de décoller et d’atterrir à grand bruit. Elles filent droit vers le nord, elles fendent l’air comme jamais, volant à basse altitude, entre quinze et vingt mètres du sol, parfois moins, évitant les bâtiments, les pylônes et les échangeurs autoroutiers, leurs cris perçants sont autant d’échanges d’informations sur les décisions qu’elles doivent prendre en plein vol, en pleine fuite. Les zones pavillonnaires à l’architecture vernaculaire qu’elles traversent abritent de nombreux jardins, des arbres, quelques parcs aussi, elles ne s’arrêtent toujours pas, remontant obstinément vers le nord, au moins jusqu’au cimetière parisien de Thiais qui semble offrir suffisamment de calme et de végétation par rapport à l’environnement traversé précédemment. Elles s’arrêtent pour observer si les oiseaux de fer les poursuivent, si l’environnement est hostile, si des prédateurs sont présents, elles se comptent aussi. Dans l’effervescence chaotique de la fuite, certaines perruches ont pris une autre direction, nord-ouest, en ligne de mire inconnue le parc de Sceaux, futur emplacement d’une colonie importante.
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Au début des années 2000, marchant dans une petite rue calme de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), j’aperçois filer au-dessus de moi trois oiseaux vert émeraude poussant de longs cris aigus répétitifs. N’étant pas spécialiste des oiseaux je n’identifie pas l’espèce observée, simplement leur « exotisme » apparent, vert émeraude ce n’est pas habituel. Je crois alors avoir vu trois oiseaux exotiques fraîchement échappées d’une volière d’un particulier ou relâchés dans un moment d’extrême empathie animale. De retour à mon domicile et quelques minutes après les premières recherches sur Internet, je visualise alors l’espèce entrevue : la perruche à collier (Psittacula krameri). Première rencontre.
Au début des années 2010, dans la proche banlieue de Toulouse, dînant dans le jardin d’ami.e.s, j’aperçois un groupe de cinq ou six perruches à collier passer au-dessus de nous en poussant leurs cris si distinctifs, j’interroge immédiatement mes amis, iels me répondent « oui bien sûr ce sont des perruches, nous en voyons quasiment tous les jours passer au-dessus de chez nous ». Deuxième rencontre, je ne suis plus seul.
Quelques années plus tard au Parc Floral de Paris je remarque cinq perruches à collier poursuivre un écureuil, lui assénant des coups de bec, l’écureuil file, prend tous les risques pour passer de branche en branche malgré les coups reçus. La poursuite continue au-delà de mon champ de vision, je commence alors à me demander plus sérieusement pourquoi ces oiseaux exotiques m’intriguent. J’aime les histoires bien sûr je suis écrivain de fiction, mais je ne fais alors aucun lien particulier avec une thématique d’écriture, les perruches à collier sont toujours, à ce moment-là pour moi, une espèce inconnue, jamais observée.
Cette scène déclenche alors chez moi non pas un vif intérêt mais une simple prise de conscience, un nouvel animal à observer, une nouvelle voisine. Je constate que les perruches à collier passent quotidiennement devant chez moi, qu’elles occupent des arbres des jardins environnants et s’y nourrissent. Quel que soit l’endroit où je me trouve, en France, à l’étranger, je ne peux pas passer devant un platane sans penser à elles, sans me dire que je vais en voir et c’est très souvent le cas.
Toutes mes observations de perruches à collier se sont déroulées à partir de mon domicile (5e étage donnant des deux côtés sur une zone pavillonnaire du nord de la ville d’Alfortville dans le Val-de-Marne), dans les villes proches (Maisons-Alfort, Charenton, Saint-Maurice, Saint-Mandé, Vincennes) et principalement dans le bois de Vincennes où j’ai réalisé mes observations les plus longues. J’ai voulu dans ce documentaire-fiction retracer mon expérience de rencontre avec la perruche à collier à travers une enquête-fiction mêlant témoignages, recherches, récits fictionnels, projections et anticipations.
Les perruches à collier sont mes nouvelles voisines, depuis quelques années, une espèce-voisine, une espèce sauvage, exotique, qui s’est installée dans son nouveau biotope : l’Europe.
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