Laurent Dubreuil livre ici un essai de dénonciation des politiques identitaires états uniennes, qui acquière un intérêt assez universel de par l'analyse qu'il fait de leurs origines.
En revenant à ces origines il caractérise des principes de replis sur soi et d'auto-identification à des modèles fondés de manière publique, et les dénonce comme manière de se brider soi-même sans se l'avouer. Manière assez généralisée chez les adolescent, c'est bien une extension à l'âge adulte qui est ici dénoncée. Il en vient, comme facilitateur de ce repli, la question de l'analyse psychologique collective évoluant d'un phénomène complexe à une causalité directe entre un événement et une conséquence, là encore simplification à l'extrême du fonctionnement humain.
Etant facilement compréhensible, ce type d'analyse tend à se répandre et abouti à une volonté de se retrouver dans des entre-soi ou à l'extrême dans un entre-soi-même.
L'analyse est remarquable pas son érudition et la volonté de rigueur dans le développement (je ne jugerai pas sur le fond, n'étant pas de la partie). Elle constitue une charge à retenir contre les développement du politiquement correct auxquels nous assistons depuis 30 ans maintenant.
On lit cependant ici un livre à sens unique. Ce mode d'écriture en essai est sans doute une bonne façon de développer des idées, mais il n'en reste pas moins en creux que
Laurent Dubreuil laisse de côté, en dénonçant la victimisation volontaire, toute l'attention, le soin, la bienveillance... qui sont
nécessaires pour chacun d'assurer aux autres et qui sont si promptement oubliés par les sociétés humaines. C'est eux que tâchaient de faire vivre
Ovide ou
Sophocle, déjà, en amenant la poésie sur le récit de l'expérience quotidienne, inhumaine, du réel. Et c'est sans doute ce qu'essaient de faire d'une manière très différentes les réflexions sur l'identité.