C'est l'histoire d'un non-dit familial qui évidemment va influer considérablement sur la vie de Laura, fille de Catalans militants communiste mouvement encore clandestin dans l'Espagne de Franco. Ce non-dit tourne autour de la photographie, qui est élément interdit dans la famille. On ne fait jamais de photo. Et les deux filles Laura et sa soeur Moira, sont formés par leur père à la « photo-pensée » sorte de mémorisation totale pour fixer un instant précis , dans un lieu précis, avec tout ce qui pourrait être normalement saisi par un appareil. Il s'en suit que la cadette devenue adulte fait de la photographie son activité principale. Et Laura
la fille aux neuf doigts, cherche désespérément à comprendre cet interdit. Et comme inconsciemment elle « sent » que son handicap provient probablement de ce non-dit. Elle fantasme sur la perte de tous ses doigts.
C'est un premier roman, et il est fort intéressant, même si l'énigme semble faible en rapport de l'attente. Et le fantasme des doigts un peu rocambolesque, mais ne sommes nous pas au pays de
Cervantes…
D'autre part, j'ai apprécié cette façon de fixer la mémoire des lieux, des gens, des événements autre que par la photo. Tout mémoriser, pour reproduire à l'identique. Mais voilà c'est encore une histoire de mémoire : comment sera-t-elle restituée ? Cette partie du roman, m'a ramené au « Palais de mémoire » de
Elise Fontenaille. Des pièces, décorées, alignées, étagées, qui enserrent les différents souvenirs. Et ici, un autre moyen de capter et de garder l'image … A essayer, pourquoi pas ? dans les moments de crise que l'on traverse.
Toute ironie mise à part, j'ai bien aimé ce livre