La nuit mexicaine

Ce récit lu dans un souffle en raison de sa brièveté m'a franchement plu en ce qu'il est une belle incarnation de toute l'esthétique Beat – enfin si l'on peut considérer qu'il y ait vraiment une esthétique Beat Generation – : descriptions crûment prosaïques de lieux mexicains découverts pendant les pérégrinations de l'auteur au fil de plusieurs voyages, poésies complètement hallucinatoires sur d'autres de ces lieux, parfois un mélange complètement troublant de ces deux visions d'un Mexique à la fois attirant et repoussant pour toute une génération d'auteurs américains qui y aura passé du temps afin de s'échapper, plus ou moins longuement, du quotidien morne américain. Une belle découverte en tout cas que Lawrence Ferlinghetti, que je ne connaissais que de nom.

"La nuit mexicaine" est un récit poétique en prose enrichi d'esquisses de visages et de corps.
La poésie est vivante même si je découvre majoritairement des auteurs contemporains décédés. Il n'y a pas de hasard semble-t-il. Lawrence Ferlinghetti était l'un des derniers témoins du mouvement californien de la beat génération. Proche de Jack Kerouac et Allen Ginsberg, Lawrence Ferlinghetti étudie à la Sorbonne et découvre les surréalistes. il repart aux Etats-Unis, plus précisément à San Francisco et y ouvre une librairie.
"La Nuit mexicaine" est sorti en 1970. Il regroupe des textes des années 60 et relate son expérience mystique au Mexique, ses rencontres. Il est le témoin de la misère et l'oppression que vivent les peuples d'Amérique latine. Il s'aventure dans les paradis artificiels. Son engagement et sa liberté de ton s'affichent dans son style, dans le choix du vocabulaire, dans les couleurs aussi entre le brillant du soleil et le noir de la nuit.

LA NUIT MEXICAINE de LAWRENCE FERLINGHETTI
C'est un long récit de voyage auquel nous invite FERLINGHETTI, à travers le Mexique des années 1950/60. Digne successeur de Kerouac, on croise la route de MALCOM LOWRY, on cite Camus, on rêve d'un monde sans frontières. On passe par Topalobambo, Mexico, Oaxaca et Uxmal pour arriver à San Miguel et un mauvais trip avec de l'herbe, tout le monde planne. Sur le chemin on sent l'ombre de Neal Cassidy et Allen Ginsberg, c'est un long monologue intérieur d'un poète en quête de lui même. Une vision très sombre du Mexique qu'Octavio Paz qualifiait de « Labyrinthe de Solitude »
Lawrence Feringhetti est un poète américain né en 1919 mort en 2021, il vécut un temps en France et édita nombre de poésies des auteurs de la Beat Generation.