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William Seward Burroughs (Préfacier, etc.)Bernard Comment (Traducteur)Héloïse Esquié (Traducteur)
EAN : 9782020990073
466 pages
Seuil (22/10/2009)
3.81/5   18 notes
Résumé :

Agé de 24 ans, Herbert Huncke a déjà sillonné le grand espace américain quand il débarque à New York, en 1939. Il y fait bientôt la connaissance de Burroughs, puis de Kerouac et Ginsberg. La poésie est d'emblée à son horizon. Il y a aussi la débrouille, au jour le jour, dans ce périmètre fascinant et longtemps malfamé qui part de Times Square pour longer la 42e Rue jusqu'à la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Quand les mots vous lèchent ou font au moins mine de le faire, vous vous savez être, plus ou moins, en territoire littéraire..
Huncke écrit du côté des lecteurs, qui parfois, s'égarent un peu... en terrain mouillé
Et en l'occurrence, s'est tellement égaré, lui-même, que dans le marécage, plutôt l'étroite pataugeoire qu'est devenue sa vie, on se surprend à apprécier autant sa compagnie..

Sa littérature n'est pas tout à fait inexistante, cela dit, mais c'est celle du "rêveur lucide", pris alternativement dans la situation du rêve ou du réveil impossible.
Il y a l'ombre d'une caresse.. plus touchante peut-être que toutes "les belles images", tout le roman possible à la porte fermée

le rapport, la relation qu'il fait des événements de sa vie ; de son manque, des séjours en prison ou à l'hôpital, des colocations, des amitiés (et c'est aussi un grand portraitiste !) n'a finalement rien de désabusé, de "clinique"...
C'est la prose d'un coupable, certes, de celui qui renonce à la gloire..
Mais ce n'est pas celle d'un salaud, ni d'un cynique.

(En fait, je n'en sais rien...
Quelque chose résiste trop bien aux partis pris pour oser une affirmation qui ait l'air définitive
Je devrais tout réécrire (encore..) en partant du principe que je ne pourrai presque rien saisir de cette narration littérale, "à la fois bizarre et pure..." (Allen Ginsberg))
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Parfois le diable se promène, sous une forme une autre, à la surface de la terre, incognito parmi les mortels. Parce que oui : le Diable existe ! Et tous les sceptiques jouent sont jeu à la perfection. Car le plus bel ange du royaume céleste, chassé par son père qui a ordonné sa chute, ne veut surtout pas être vu, ni même reconnu.
Cette nuit-là, durant les années 1940, c'est dans Time Square que rôdait Satan, sous l'apparence d'un toxicomane, arnaqueur à la petite semaine, semi-clochard à l'oeil brillant, à l'affut du moindre coup, de la première occasion de tromper ou de séduire, ou alors d'un bon plan à trouver pour payer le prix de ses vices. En réalité, ce regard sautillant d'un individu à un autre, d'un groupe à un promeneur solitaire, sondait les âmes et en jaugeait le potentiel.
C'est dans la faune de Time Square que William S. Burroughs, totalement inconnu du grand public à l'époque fit sa rencontre ; ce fut le détonateur d'événements au retentissement considérable. Burroughs commença rapidement à nouer des contacts avec ce petit magouilleur accroc aux opiacés, qui vivait larcins minables depuis l'âge de douze ans. Huncke devint une sorte de liant entre le monde littéraire et la "Zone", la rue dans ses profondeurs les plus obscures.
William S. Burroughs, qui fréquentait déjà les cercles littéraires avec ses amis proches, Allen Ginsberg et Jack Kerouac, fit pénétrer Herbert Huncke dans des milieux qu'il se mit à apprécier fortement. Lui qui se contentait de naviguer entre Time Square et la 42ème rue, à la recherches de "contacts", fut servi. Billie Holiday, Dexter Godon, Charlie Parker et, surtout, le trio qui sera le noyau dur de la Beat Generation. C'est un pacte tacite qui est scellé alors : Burroughs, Kerouac et Ginsberg lui ouvraient les portes des cercles littéraires et du monde du jazz, contre quoi Huncke deviendra pour eux une sorte de guide de la rue, un mentor de la vie détachée de toute contrainte, un guide dans les dédales du vice des ruelles les plus sombres de Manhattan et une source d'inspiration. Ce sera un Virgile des profondeurs de New-York, jamais en mal d'inspiration pour conter aux futurs écrivains des histoires vécues un peu partout sur la planète. Il leur donnait de la matière, profitant sans trop de scrupule à un trafic qui coulait dans les deux sens : Huncke donnait aux auteurs l'essence de la rue et eux offraient au junkie une sorte de paravent social. le premier résultat fut "Junky", le roman de William Burroughs qui s'inspira énormément du zonard pour l'écrire.
Donneur de vices, c'est lui qui va initier Ginsberg à la benzédrine mais, surtout, qui va attirer Burroughs dans les bras du "Singe", de la morphine, ainsi que de tous ses frères et soeurs, lui apprenant à soutirer des produits aux médecins, à se shooter à l'héroïne. C'est en 1944, en la compagnie toxique de Huncke, que Burroughs tombe accroc pour de bon.
Cet individu étrange, parasite par excellence, réussit à entrer dans la sphère de ces génies potentiels.
On peut dire que ce minable, gigolo, voleur, menteur, toxicomane, bisexuel par intérêt, taulard, squatteur et parasite fit un cadeau à chacun des trois amis auteurs, sous la forme d'une énergie noire comme l'encre des machines qui permit à chacun d'entre eux d'écrire le grand livre de leurs carrières. "Le Festin Nu", de William Burroughs, "Howl" d'Allen Ginsberg et "Sur la Route" de Jack Kerouac. La Beat Generation était née, et l'Amérique connut une révolution culturelle épidémique comme il n'y en a eu que très peu dans le monde. Huncke, lui n'aura finalement laissé que peu de travaux littéraires derrière lui. On notera "Coupable de tout", une sorte d'autobiographie qu'il finira par publier, sans grand succès. Mais était-ce réellement cela son but ? Néanmoins, c'est dans ce texte qu'apparut pour la première fois le mot Beat, désignant une personne vivant sans argent et n'ayant devant lui que peu de perspectives ; c'est ainsi que le terme « Beat Generation » est né. Il n'a donc fallu à notre Satan littéraire qu'un seul mot, perdu dans un sombre livre, pour générer une révolution culturelle énorme.
Pour conclure, disons que Huncke, s'il n'a jamais vraiment fait de miracles en griffonnant sur ses petits carnets, a joué le rôle "Grand Tentateur", de "Propagateur du Vice" et inspiré les autres. Sorti du néant pour y retourner presque aussitôt, il aura joué le rôle de stimulateur littéraire, venu guider la Beat Generation vers une destinée aussi magique que toxique.

Ghislain GILBERTI
"Le Cabaret du Néant"
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Inventeur de la célèbre expression «Beat», Herbert Huncke passe ses journées à vivre en marge et se foutre de ce que la société juge important. Son livre est un long passage dans le New York underground des années 1950 truffé de rencontres entre camés et de discussions hallucinées.

Le livre est rempli de ces expériences bizarres qui changent le cours d’une vie. D’une rencontre dans un shooting gallery à une cérémonie de magie noire en passant par toute la panoplie d’opérations clandestines pour trouver de la dope et, de temps en temps, l’inévitable séjour en taule.

Huncke est l’un des plus magnifiques perdants de l’Amérique. Il a tout pour séduire les têtes d’affiche plutôt proprettes de ce qui va s’appeler la Beat generation. À commencer par William S. Burroughs qui est clean à l’époque. C’est Huncke qui lui fera sa première injection et peu à peu il se lie d’amitié avec lui. Huncke est d’ailleurs un des personnages du roman Junkie de Burroughs. Huncke croise également un certain Allen Ginsberg avant qu’il ne soit publié. À sa sortie d’un de ses nombreux pèlerinages en taule, Huncke découvre un Ginsberg devenu star de la culture Beat. Huncke fréquente aussi Kerouac qui en fera un personnage dans On theRoad.

Sauf exception, l’écriture de Huncke n’est pas flamboyante et jamais romancée. On est dans le récit de vie. Pas de prouesse littéraire. Mais une déconcertante transparence et surtout une grande honnêteté envers le milieu Beat qui n’est jamais glorifié. Huncke se contente de jeter un regard lucide sur la vie et sur lui-même. Et on sent parfaitement cette lassitude des conventions bourgeoises qui est le fondement de son laisser-aller.
Lien : https://alaincliche.wordpres..
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s'il y en a qui se sont réjouis de la beat generation, les kerouac, allen, burroughs et consorts, ce personnage réel apparait dans chacun de leurs romans sous des noms différents, il a, notamment, appris à burroughs à se shooter, loin des fils à maman et/ou des bourgeois, il a vécu dans la rue, c'est un recueil de textes, agréable à lire,
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Les mots sont si affreusement inadéquats. Oh - comme j'aimerais un meilleur moyen de communication. La télépathie, voilà la solution. Si c'était possible - quel bombardement tu recevrais.
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Parfois je me réveille la nuit - je tends le bras, j'allume une cigarette - et je reste couché à penser au passé surtout, mais aussi à l'avenir, et de temps en temps je suis pris d'une profonde perplexité face à toute l'entreprise de vivre, d'aimer et de mourir, et je deviens triste. Mais alors - je me lance dans de grandes discussions intérieures avec toi, par exemple, ou Clive, ou Eila, ou Allen, ou Janine ou Roberta ou Noah ou, très rarement, avec quelqu'un qui sort complétement de mon imagination ou encore - et c'est ce que je préfère - avec moi-même.
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[Textes inédits]

C'était la fin de l'été et le soleil commençait à se désintégrer en un crépuscule qui dardait du jaune safran, du rose et du mauve dans le ciel et accrochait le reflet des fenêtres comme de grandes paillettes d'or, jetant des ombres encore plus pâles, mais plus longues, dans des cascades fantômes de motif gris et d'un bleu lavande délicat à peine perceptibles. Le ciel d'un blanc transparent se teinta d'une lueur plus blanche encore et les rouges, verts et bleus criards des néons devinrent plus fréquents tandis que le fin voile d'obscurité s'étoffait et le ciel, perdant le manteau bariolé du crépuscule - brilla d'un bleu turquoise clair - légèrement froid et pas tout à fait dur - mais un peu menaçant - portant la lune dans la première clarté de son apparition.
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Et comme elles sont assommantes à écouter, en outre, mes grandes déclarations d'amour imbéciles. Qu'est-ce qui m'empêche de dire un truc sexy - pour changer au moins. Je pourrais hurler - baise - baise - baise - tout fort - puis parler sur un ton extatique de cons à la fente rose - et de queues rigides qui palpitent puissantes - et de gouttes de sperme - de foutre à la tiédeur moite - de corps adhérant l'un à l'autre - de coups de boutoir rythmiques d'un phallus écarlate - de cuisses qui broient, de ventres musclés - de langues roses affolantes - humectant les bites à la tête lisse - dardant leur pointe à l'intérieur de l'anus - léchant le trou du cul - mouillant les parties génitales - manipulant adroitement les couilles - excitant la bite raide et faisant place aux lèvres rouges trempées, pressées d'envelopper le braquemart bandé - le gland qui s'enfonce avec feu dans la gorge - se gonfle à la dernière poussée - plonge encore plus profond comme des giclées de jus brûlant ruissellent à l'intérieur et que le corps entier est secoué de volupté - ou de seins comme des melons - de touffes de poils de chatte - d'accouplement et d'amour - de queues sauvagement branlées - de doigts dans des pièges d'amour et de sexe - de baiser - sucer - lécher - bouffer - branler - et doigter. Pourquoi pas ?
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Ce qui est le plus étrange pour moi, c'est que - en dépit du fait que je ne ressens pas grand-chose à part du mépris pour moi-même et que je reconnais pleinement mon insignifiance - et suis las - malheureux - découragé - et désire la mort - tout au fond de moi quelque chose s'obstine à rester en vie.
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