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EAN : 9782910867225
93 pages
Tartamudo (14/02/2005)
3.4/5   5 notes
Résumé :
Une bande dessinée rare et inclassable, organisée dans l’espace géographique urbain et parfois gris qu’est la banlieue et ses nombreux centres commerciaux froids et artificiels. Un grand singe, sorte de King Kong de pacotille qui trône sur un parking d’un de ces centres marchands. Une passerelle fragile tendue entre un père et sa fille comme une note d’espoir et de chaleur qui réunit ces deux êtres, forment une petite musique de nuit enchantée.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce n'est pas une préface qui ouvre cette bande dessinée, c'est un avant-propos où les deux auteurs expliquent leur démarche, leur rencontre, en résonance avec un précédent ouvrage. Ici, c'est Edmond Baudoin; qui n'a fait que "coller le personnage du père sur quelque chose qui était déjà dessiné." par Céline Wagner.
Ce quelque chose déjà dessiné c'est la banlieue d'une grande ville ou plutôt l'arrivée à ces villes passant par des centres commerciaux qui se ressemblent tous : les successions de panneaux publicitaires, les mêmes enseignes, les mêmes voies rectilignes et les mêmes mobiliers urbains. Et tout ce flot de voitures...
La bonne idée c'est que Céline Wagner dessinent des structures vides : les galeries commerçantes ne sont qu'enfilade de vitrines peuplées d'objets, d'affiches. A part un petit groupe de jeunes rigolards, ce sont des pantins qui poussent en foule des caddies. Les êtres humains sont curieusement absents, ou plutôt "on" ne les voit pas/plus. Etrange lieu peuplé d'animaux les vrais, les vivants comme ce vautour perché sur un panneau publicitaire, ou ces rats donnés en pâture au boa et les peluches, jouets de tissu dont on voit les coutures, enseignes représentants d'autres bêtes souriant presque aussi bêtement que ces femmes placardées.
C'est une petite fille qui va faire les courses avec son papa avant de rentrer à la maison. Et il n'y a que ces deux là de vivant pour de vrai dans cette histoire. C'est l'occasion de parler de la vie et de la mort, de la peinture et de ce besoin de créer , de peindre au coeur des humains depuis des milliers d'années. Et la petite se rebelle de voir le marchand donner un rat vivant à engloutir au boa mais pourtant, chacun doit se nourrir, vivre...et mourir. Son papa aussi et elle aussi sont l'un comme l'autre destinés à mourir mais il leur reste des dizaines d'années ; des années pour grandir avec des rêves plein la tête et elle s'imaginera chevauchant un dauphin, se demandant si...
Et le gorille dans tout ça ? Le gorille c'est aussi un grand singe, si semblable à l'homme. Un énorme gorille de plastique décore le centre commercial et le papa lui raconte une histoire d'un drôle de petit homme qui se logerait à l'intérieur. Vrai ? pas vrai ? Devenu grande elle ira vérifier. Vérifier ? La belle idée d'une présence intelligente habitant une énorme stature massive et scellée au sol, comme la flamme de la création au fond d'une caverne ?
Edmond Baudoin aime parler de cette douce relation entre un papa et sa petite fille, avec des mots légers, avec des dessins d'oiseaux et de grands espaces quant à Céline Wagner elle réussit à insuffler de la poésie dans ses dessins d'agglomérations périurbaines plus cité-dépensoirs que cité-dortoirs.
C'est un vrai bonheur de lecture cette bande dessinée, qui donne envie de revenir en arrière, en avant, pour détailler une planche, pour plonger dans le regard vide (vide ?) du grand singe, de ressentir et le piquant de la barbe de papa ou le soyeux lumineux des cheveux de l'enfant, ou le pelage épais d'un animal.
Décidément, ils se sont bien trouvé ces deux là !
Quand la Masse critique nous offre une plongée dans le rêve.
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Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse critique.
Le livre tient à la fois des souvenirs de Céline Wagner et de la collaboration que celle-ci a sollicitée et très facilement obtenue avec Edmond Baudouin. Le fait est rare : les dessins sont à la fois les oeuvres de Céline Wagner (en majorité) et de Baudouin ; le scénario, lui, est de Wagner. La faiblesse de la BD tient d'abord aux dessins. Cela s'explique que Wagner, ainsi qu'elle l'explique dans l'entretien qui fait office de préface, n'a jamais réellement appris à dessiner et veut davantage exploiter la forme "bande-dessinée" plutôt que ce que le média peut offrir en terme d'esthétisme. Mais une BD est aussi un univers graphique, et ici cet univers n'est clairement pas fixé par les traits et les jeux de noir et blanc du dessin. Toutefois, il y a une volonté esthétique claire de la part de l'auteure : faisant fi de la beauté, elle se sert pourtant de ses cases pour dessiner un monde industriel et commercial, oppressant et hyper médiatisé ; d'autre part, elle abandonne régulièrement les habituels phylactères pour user de tout ce qui fait le décor pour y inscrire ses dialogues. En cela, la BD réussit là où elle ose.
Quant au scénario, il faut en dire quelques mots. C'est l'histoire d'une jeune fille qui rend visite à son père (ses parents sont probablement divorcés) ; au centre commercial, ils remarquent un gigantesque gorille, décor de carton peut-être, qui marque étrangement la présence de nos origines animales dans cet univers déshumanisé. La jeune fille demande à son père si elle en sait plus à propos de ce gorille : il invente alors une histoire (mais l'invente-t-il vraiment ?) à propos d'un être mystérieux vivant à l'abri, dans ce gorille, et observant les masses d'hommes courant partout à la poursuite de l'inutilité de leurs vies.
Le scénario, sorte de conte pour enfant, est intéressant dans les trois quarts de l'oeuvre. La fin est brusquée, énigmatique : là est la deuxième faiblesse majeure de l'oeuvre. Cette collaboration entre Wagner et Baudouin ne doit pas nous empêcher, toutefois, de creuser plus loin et de nous intéresser à un travail qui ne manque pas, ça non, d'imagination.
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Mais qu'est-ce que je pense de ce livre ?

C'est la question que je me pose depuis la lecture de cette BD il y a trois jours. Elle est d'une importance capitale. Logiquement, on écrit une critique pour donner son avis. Or je n'ai pas d'avis bien défini. du moins, j'ai un avis, mais que j'estime trop naïf pour être juste.

En temps normal, je n'aurais pas écrit ce billet, à cause de cet avis trop mitigé, mais il se trouve que j'ai reçu cette BD dans le cadre Masse Critique BD et mangas. (Je profite de cette occasion pour remercier Babelio et les éditions Tartamudo pour l'envoi de ce livre.) Donc j'étais bien obligée de faire cette critique et c'est avec beaucoup de difficultés que je vais la "pondre" (excusez ce terme un peu familier mais qui convient très bien pour ce que je voulais exprimer).

De cette BD, je me souviendrai d'une chose : les dessins. Je les apprécie tout particulièrement. Ils sont très enfantins, leur trait est épais, l'encre est seulement noire mais malgré tout, il émane d'eux une certaine poésie qui m'a charmée. On remarque différentes techniques selon les objets et les personnages, ce qui peut signifier beaucoup de choses selon moi. La façon dont est dessinée la petite fille, par exemple, est très simple et sans nuances, tandis que celle dont est dessiné le père est plus floue, et comporte beaucoup plus d'ombres. Après avoir vu cela, on peut interpréter les choses de différentes manières.

Pour ce qui est de l'histoire, elle est, selon mon regard de petite fille de douze ans, très simple, assez étrange, pas franchement palpitante ni émouvante. Mais ce n'est que selon mon regard de petite fille de douze ans, attention. J'insiste bien sur ce point parce que j'ai l'impression que derrière cette histoire somme toute assez enfantine se cache quelque chose de plus profond que je n'arrive pas à déceler. Je préfère que vous ne vous fiiez pas entièrement à mon avis et que vous vérifiiez par vous-même en lisant cette BD.

Nul doute qu'il s'agit d'une jolie BD. Assez subtile, j'imagine, même si je ne peux pas vraiment dire pourquoi. Pardonnez la naïveté de cette critique, et ne vous retenez pas d'acheter ce très beau livre qui, je l'espère, ne vous décevra pas.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Toi alors, t'es jamais contente.
- Pourquoi je serais contente alors que bientôt, on va mourir ?
- Tu vois tout en négatif ; on ne peut pas être plus loin de la mort que toi : tu es enfant.
- J'ai dix ans, il me reste que six fois à vivre ce que j'ai déjà vécu. C'est pas beaucoup. Et tout le temps où j'étais bébé ne compte pas : c'était nul.
- Tu sis qu'on a le droit de désapprendre à compter...
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Quand il a découvert la peinture, l'homme n'était plus un simple prédateur. Pour la première fois, il exprimait un univers intérieur, plein de rire, de jeu et d'imagination. Comme un petit matin après la nuit des temps.
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...le marchand n'a pas voulu tuer le rat, il a voulu donner à manger au serpent, c'est pas pareil.
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