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EAN : 9791033912385
288 pages
Harper Collins (24/08/2022)
3.81/5   119 notes
Résumé :
Fin des années 1980. Une école d’ingénieurs bâtie dans une ville nouvelle à l’écart de tout. Un bizutage, des soirées, les premières fois. Arielle, seize ans, issue de la bonne société versaillaise, fantasme les garçons et l’amour physique. Alors qu’elle se laisse porter par cette vie loin des siens, Éric, un étudiant magnétique de six ans son aîné, va croiser son chemin.Le départ de sa fille est l’occasion pour Inès de revivre sa propre histoire : la rupture avec... >Voir plus
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Manuel à l'usage des jeunes filles du XXIe siècle.
Au milieu des années 80, Arielle, 16 ans, intègre une école d'ingénieurs. Elle se plie de bonne grâce au bizutage, participe activement aux soirées alcoolisées, et n'a qu'une hâte : se débarrasser de sa virginité et trouver l'amour. Avec une majorité de garçons parmi les étudiants, elle parvient rapidement à ses fins. Oui, mais. Ca n'est pas comme elle l'imaginait. Ca fait mal. Tout fait mal : les corps, les regards, les mots. Pas facile d'être une fille de 16 ans.

J'ai bien aimé cette plongée dans l'adolescence sous un éclairage direct et cru, mais jamais obscène. Il n'y a pourtant rien de nouveau dans cette histoire, si ce n'est l'indulgence et le respect pour cette fille qui assume ses désirs (écrit dans les mêmes années 80, un tel récit aurait pu faire d'Arielle une nymphomane, ou plus simplement une "salope"), et la dénonciation de l'ignorance de leur propre sexualité dans laquelle on laissait alors les adolescentes. J'ai aimé aussi qu'Arielle soit issue d'un milieu catholique et bourgeois, et ne soit pas une caricature de prolotte aux moeurs dissolues ; ça aussi, ça change du genre. Par contre, les histoires de famille, et notamment celle de sa mère, m'ont moins intéressée.
Mais ce qui fait vraiment la puissance de ce livre, c'est le coup de massue final. J'ai terminé cette lecture avec une sensation glaciale en moi, j'avais hâte de refermer ce roman, en finir, ne plus le lire. Et en ce sens, je pense qu'il devrait figurer dans tous les CDI (SylvieDoc, si tu me lis...). Néanmoins, je n'ai pas été transportée par le style sec et détaché (même si le thème l'impose), ni convaincue par l'aspect choral du récit.

Ca reste toutefois une lecture marquante, façon "conte cruel de la jeunesse", que même une chanson aussi douce que le "Sweet Sixteen" de Billy Idol ne pourra faire oublier.
Allez, un petit grog pour me réchauffer de l'intérieur !
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Recourir à la fiction pour exorciser sa propre histoire : Agnès de Clairville l'annonce d'emblée. Puisque les lois sont ainsi faites que la reconnaissance tardive est impossible, que le viol est prescriptible, comme si le temps effaçait le forfait, et qu'il existait un délai au-delà duquel la victime cesserait de vivre les conséquences de l'agression.

Le roman met en scène une galerie de personnages qui gravite autour d'une jeune fille, douée, cadrée par les principes éducatifs d'une famille qui s'accroche à la tradition. Lorsqu'Arielle découvre une certaine forme de liberté dans une école d'ingénieur, elle y explore avec avidité les promesses d'une sensualité naissante.

Le roman s'ouvre sur un épisode de bizutage violent, bête, consacrant l'humiliation comme un but à atteindre. Mais l'épreuve ne semble pas déplaire à Arielle, prête à tout pour s'intégrer et bien montrer qu'elle n'est pas farouche. Et pourtant les expériences qui suivront révéleront les fragilités d'une adolescente, sa dépendance maladive, et la faille qui la relie à l'histoire familiale.

C'est toute la difficulté de la notion de consentement, dont dépend l'accusation de viol, qui transparaît dans ces lignes. Au point que cette conscience d'avoir été une victime peut ne pas être évidente au moment des faits et ne ressurgir que des années plus tard. Ce qui pose aussi le problème de la prescription qui protège les coupables.

Thème très actuel depuis quelques années, ici développé sans dénonciation ciblée, d'autant que le récit se veut être une fiction.

280 pages Harper Collins 24 Août 2022

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Immersion totale et immédiate dans cette histoire qui commence par un bizutage en 1985, avec jet d'oeuf, d'huile et de farine sur les nouveaux, assorti d'allusions graveleuses et de jeux humiliants à connotation sexuelle et/ou scato. J'ai vécu le même en 1986, de manière totalement inattendue dans l'IUT d'une ville côtière bretonne, avec la complicité et la bénédiction d'enseignants rigolards. Ça voulait jouer à la grande école d'ingé, de commerce ?
« Je garde un sourire bon enfant pour montrer que je m'amuse. » On évite aussi/surtout, de se faire repérer pour ne pas devenir la tête de turc, celle qui va devoir faire un strip-tease sur l'estrade - clou du spectacle après divers défilés.
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On devine qu'Arielle est une élève brillante puisqu'elle intègre cette école d'ingénieurs agronomes dès l'âge de seize ans. Est-ce son immaturité qui la pousse à vouloir séduire ? veut-elle entrer en accéléré dans la cour des grands ? est-elle éblouie par ce changement de vie, elle qui passe d'un cocon feutré catho-versaillais à ce 'campus' peuplé de jeunes qui, enfin loin du regard parental, entendent désormais faire la fête - c'est à dire danser, boire, fumer, baiser ?
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Depuis la puberté de mes enfants, les romans ou BD mettant en scène la sexualité adolescente me gênent. Je les évite ou abandonne si je n'avais pas compris le propos avant de commencer : les balbutiements sexuels des jeunes ne me regardent pas, sauf si on sollicite mon avis.
Ici, c'est différent : c'est moi que je (re)voyais, puisque tout, dans ce roman, m'a ramenée à 'mon' époque, à mes propres difficultés d'alors pour mettre un pied dans cet aspect du monde adulte - pas le plus simple. On peut s'y perdre, s'y noyer, sans que quiconque puisse aider à défaut de voir au delà d'une 'presque normalité' (p. 245) : si quelque chose ne fonctionne pas, c'est de ma faute, forcément, alors il m'appartient de sauver les apparences. Dans une relation à ce point déséquilibrée, l'autre ne se remettra jamais en question ; la coupable c'est moi.
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Le comportement de Françoise m'a d'abord interpellée puis mise en colère. Je ne le comprends pas. Pourquoi tout faire pour maintenir le loup dans la bergerie, jusqu'à laisser sa propre fille s'y brûler les ailes ? Quid des profs qui laissent passer autant d'absentéisme (symptomatique, pourtant) sans sanctionner les étudiants ou alerter leurs parents, au moins ceux des élèves mineurs ?
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A l'inverse, le mur entre Arielle et sa mère m'a émue aux larmes ; cet orgueil de gamine qui dépérit sous les yeux de ses parents mais ne lâchera rien est aussi insupportable que bouleversant - mais hélas compréhensible. L'adolescence est une période terrible pour la jeune fille mais aussi pour sa mère, qui revit la sienne, ses erreurs, mais n'a pas les clefs pour comprendre le malaise de son enfant. Elle ne peut que la voir sombrer si celle-ci, trop fière, refuse les mains tendues.
« On n'apprend jamais rien à ses enfants. » (p. 200)
« Alors je dois me résoudre à la laisser faire son chemin, frêle et pâle (...). Pour la première fois lui permettre de partir loin de nous, vivre on ne sait quoi. Je ne lui aurai rien appris. Rien n'aura servi à rien. » (p. 201)
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Je ne m'attendais pas à ce que la fin apporte sa pierre à l'édifice .
Ce n'est pas ce que je retiendrai du livre (même si c'est important), mais tout le reste, auquel j'ai pu m'identifier - côté maman désemparée et côté fille qui fait n'importe quoi, indéfiniment.
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Intense et bouleversant.
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Libérer la parole…

Depuis plusieurs années, l'expression a envahi nos sociétés, nos actualités, nos vies. Et nos lectures aussi. Au risque parfois de banaliser ou, pire, de minorer ce qu'elle contient d'enjeux libérateurs pour qui l'exprime mais aussi, parfois, pour qui la reçoit. Effet catharsis ou déclic salutaire.

Et dans ce domaine, il n'y aura jamais de trop plein tant qu'il restera des blessures profondes à dénoncer ou expurger, quel qu'en soit le moment, quelle qu'en soit la forme. En cette rentrée littéraire, c'est ce qu'a choisi de faire Agnès de Clairville dans La Poupée qui fait oui, récit romancé ou roman inspiré de faits réels.

En intégrant encore mineure dans les années 80, l'école qui fera d'elle une ingénieure agronome, la jeune Arielle profite enfin de cette autonomie qui va lui permettre de s'extraire du carcan de sa famille, un brin cliché et pourtant si répandu (maison dans l'Ouest parisien, vacances en Bretagne, 2CV familiale…).

Elle se coule sans mal dans le bizutage, la succession des soirées du jeudi, les garçons et la découverte de la sexualité, qu'elle s'était jurée de démarrer à 16 ans et demi comme le fit autrefois sa tante modèle. C'est grisant, mais pas très romantique, surtout quand elle s'entiche d'Eric, le tombeur, insatiable pour remplir son tableau de chasse. Mais ça n'est pas de sa faute, « il est comme ça ! ».

De son côté, Ines la mère d'Arielle, vit à distance les changements de sa fille qui rentre de moins en moins les week-ends et reproduit sans le savoir une partie de la jeunesse restée secrète, de cette mère qui verra peu à peu les dangers du passé resurgir sans pouvoir les empêcher.

Car Arielle est amoureuse, enfin le croit-elle. Alors Arielle aime, se donne, déconne, perd de sa lucidité, s'abaisse, dépasse même les limites du respect qu'elle se doit. Arielle devient une marionnette sans conscience, une poupée qui dit toujours oui dans les bras d'Eric. Jusqu'au jour où elle dira non. Mais Eric passera outre.

Lu d'une traite, La poupée qui fait oui m'a d'abord amusé : l'époque, la grande école, la playlist des têtes de chapitre ou du DJ en soirée (avec mention spéciale pour les Bérus), le lait-Malibu… En racontant la sienne, Agnès de Clairville décrivait ma jeunesse, à quelques transpositions près.

Et puis, ma lecture est devenue un peu plus perplexe devant les états d'âmes amoureux d'Arielle, respectables et compréhensibles (surtout avec le regard de dizaines d'années de recul), mais me faisant craindre une dérive romance dont je ne voyais pas l'issue voire l'intérêt.

Jusqu'à ce que dans la dernière partie, cet ensemble forme un tout, dont aucune des parties n'était superflue, où la banalité et l'indicible se mélangent dans la souffrance et la blessure qui ne s'effaceront plus jamais.

En choisissant une forme apparemment plus légère – mais non moins légitime - que d'autres témoignages du même ordre, Agnès de Clairville dit la légèreté d'une époque et le laxisme coupable des adultes d'alors (ah, cette Françoise !).

Elle dit la désillusion des amours adolescentes, y compris chez bien des garçons, si bien illustrée par Mowgly, le pur : « Épuisés, mes grands idéaux. Une fille qui remplirait ma vie du début à la fin. La fusion de nos corps, de nos âmes. Ce choix toxique m'a vidé. Chacune à leur tour, elles se jouent de mon désir. La blonde, la brune. Je suis pris dans leur tourbillon, je bois la tasse de l'une à l'autre. »

Elle dit aussi le désarroi des adultes, impuissants face à la reproduction de leurs erreurs par leurs propres enfants : « On n'apprend jamais rien à ses enfants. Alors je dois me résoudre à la laisser faire son chemin, frêle et pâle, dans cet été en demi-teinte où tout paraîtra calme sans elle (…) Je ne lui aurai rien appris. Rien n'aura servi à rien. »

Elle libère à son tour sa parole et en donne les codes dans quelques phrases de fin. C'est fort, émouvant et d'une pudicité éminemment respectable. En souhaitant que cela soit libérateur. Et surtout, partagé.
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Arielle a seize ans. C'est une jeune fille intelligente et précoce. Elle démarre sa vie étudiante en faisant son entrée en école d'ingénieurs dans le nord de la France. Nous sommes dans les années 1980. C'est le temps du bizutage, des premières soirées, des rencontres, des garçons et des toutes premières fois.

Puis, elle rencontre Eric. Il a 22 ans. Il est beau, mystérieux. Ils ont tous les deux leurs chambres dans la résidence étudiante. C'est si facile. Ils se fréquentent rapidement. Elle, veut vivre une histoire comme tous les jeunes de son âge. Lui, c'est une autre histoire. Il a l'expérience qu'elle n'a pas.

En parallèle, il y a Inès, la mère d'Arielle. L'entrée de sa fille en faculté lui rappelle d'amers souvenirs. Elle revit sa propre histoire. Cette liberté tant attendue, les relations charnelles, une grossesse inattendue et le retour à la maison avec un secret qu'elle ne dévoilera jamais à sa fille.

Je remercie les éditions Harper Collins pour cette lecture.

"La poupée qui fait oui" sort aujourd'hui en librairie. Je l'ai lu il y a déjà quelques semaines mais l'histoire reste encrée en moi comme si je l'avais lu hier. Les thèmes abordés dans ce premier roman sont actuels, percutants et forts.

Les sujets : les premières fois, la découverte de la sexualité, la liberté, les amis, et le consentement qui va avec, celui qui n'est pas toujours entendu, compris surtout venant d'une toute jeune fille, d'une enfant., puis les secrets de famille, les non-dits, le courage.

Entre chapitres courts et alternances des points de vue entre Arielle, Inès, Mowgli (le meilleur ami) et Françoise (responsable de la résidence étudiante), au son de Deep Purple, de Cindy Lauper, de Depeche Mode ou des Rolling Stones (dont on trouve la liste complète des titres en fin d'ouvrage), on parcourt les pages en apnée. On attend la suite, le dénouement rapidement. On a envie d'intervenir et de protéger Arielle ainsi projetée dans une vie d'excès et de liberté alors qu'elle est encore si jeune.

Le sujet est peu développé en littérature. L'autrice retranscrit parfaitement ces moments d'insouciance, d'incertitude, de solitude et de gouffre dans lequel s'enfonce une jeune adolescente qui n'a personne à qui se confier.

Le rythme est soutenu, les mots sont directs. C'est un livre que je ne mettrai pas entre les mains de ma fille tout de suite, mais il s'adresse aux mères.
C'est un témoignage courageux, un thème essentiel, un roman actuel.
A lire !

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Il me faudra dix ans de plus...
Dix ans de colère...
Dix ans à ne pas arriver à en parler à ma mère.
Dix ans à ne pas oser lui poser la question...
Cinq ans à éluder le sujet avec mon père...
Dix ans, enfin, pour décider que la seule réparation qui soit possible ne sera ni une plainte classée sans suite, ni un hashtag, mais ce livre, impossible à écrire, qu'il leur sera impossible à lire. Comme un cri venu du fond de mon ventre.
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Je ne sais pas ce qui m'a pris de me mettre en robe. C'est comme si des serpents vicieux susurraient sur mon passage, à croire que ces mecs n'ont jamais vu les jambes d'une fille. En référence au discours de la semaine dernière, certains m'ont même lancé « alors, tu gères ? ».
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Épuisés, mes grands idéaux. Une fille qui remplirait ma vie du début à la fin. La fusion de nos corps, de nos âmes. Ce choix toxique m’a vidé. Chacune à leur tour, elles se jouent de mon désir. La blonde, la brune. Je suis pris dans leur tourbillon, je bois la tasse de l’une à l’autre.
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Avec Pierre et moi, [ma fille] est un mur. (...)
Si je pouvais accéder à ce qu'elle me dérobe, je trouverais peut-être le courage de la mettre en garde. Mais elle ne laisse aucun brèche pour que je puisse lui parler.
(p. 149)
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Je ne sais pas ce qui m'a pris de me mettre en robe. C'était comme si des serpents vicieux susurraient sur mon passage, à croire que ces mecs n'ont jamais vu les jambes d'une fille. En référence au discours de la semaine dernière, certains m'ont même lancé : Alors, tu gères ?
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Vidéo de Agnès de Clairville
VLEEL 304 Rencontre littéraire avec Agnès de Clairville, Corps de fermer, Éditions Harper Collins
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