"En BD...trouve une bonne histoire..." conseille
Aurélia Aurita ; et là, elle en a trouvé une, de bonne et riche histoire, pleine de rebondissements ! L'immersion dans un lieu hors des sentiers battus de l'éducation nationale, un lycée alternatif, où le bac se prépare, ou non, selon le choix de l'élève, un lycée autogéré qui fonctionne depuis plus de trente ans, en plein Paris. Trente ans, tout de même !
Initialement, son idée était de faire une BD reportage, peut être à la manière de
Guy Delisle...Sauf que ce dernier, rapporte un véritable carnet de voyage où, à l'inverse d'
Aurélia Aurita, il vit pendant une courte période de sa vie dans un pays étranger, sans s'y intéger. Mais, pour elle, c'est le retour dans un lieu, un cadre chargé de souvenirs plus ou moins douloureux, elle doit mesurer, aussi, de facto, le temps écoulé depuis son adolescence avec une pointe de nostalgie ( ?).
Et puis, les "autochtones » de ce LAP, ils s'impliquent et se passionnent, et comment pourrait-elle conserver longtemps de l'objectivité ?
D'ailleurs, elle n'y tient pas à son objectivité, et ça plaît à la lectrice que je suis de la suivre dans ses découvertes, ses attachements, son envie de plus en plus forte et chaleureuse de ne pas rester en dehors de cette formidable utopie qui se réalise tous les jours.
D'où le sous-titre « un roman d'apprentissage » : apprentissage par les élèves du fonctionnement d'une démocratie, du devenir adulte avec prise de responsabilités, choix et parcours de vie avec les réussites, les petites joies et les échecs. Elle aussi apprend : à trouver sa place, à se faire discrète quand il faut et à accepter de se faire absorber par ce drôle de lycée, a devenir partie prenante du projet.
"En BD...trouve une bonne histoire, le dessin viendra tout seul !"
De mon point de vue, elle croque plus qu'elle ne dessine, structure la page un peu en « marelle » ou en « gaufrier » léger. Décors (quand il y en a) rudimentairement esquissés, à l'inverse des personnages bien identifiés et pour lesquels, un ou deux traits exprimera le caractère et l'émotion.
Elle se représente avec une petite couette dressée au-dessus de son crâne … comme un point d'interrogation ! Normal ! et bien trouvé : Elle est LA reporter BD, celle qui pose les questions et retranscrit au filtre de ses pensées, réflexions.
« L'autogestion, ce n'est pas un lit de roses. C'est un mouvement de violence, d'appropriation » et c'est ce que l'auteure transmet à son lecteur tout en délicatesse, entre rires et tristesse, par son graphisme et ses petits textes.
Elle clôt sa BD par un dernier petit mot, si beau !
Elle se dessine de dos, un balai à la main… « Il est trop tard pour revenir en arrière. Je suis pleine de vous. »
Et bien, moi aussi !
Belle aventure que vous m'avez offerte Babelio et Les Impressions Nouvelles. Merci et…que les vents soient porteurs à cette petite BD, à faire traîner à portée de mains des ados en recherche et de leurs parents et enseignants.