Un de mes rituels de l'été est de m'offrir la lecture d'un cycle de fantasy. Même si je n'en lis que peu d'habitude, ne trouvant souvent que peu d'intérêt dans les ouvrages du genre, j'espère toujours trouver quelque pépite qui me fera retrouver les frissons du Seigneur des anneaux ou de L'ombre du bourreau. La plupart du temps, mes lectures estivales me donnent plutôt la sensation que décidément ce n'est pas pour moi, et éviter soigneusement le genre jusque l'année suivante. Mais je ne résiste pas pourtant l'été suivant à faire encore une tentative.
Cette année mon choix s'est porté sur une trilogie, L'appel du Mordant de
Stephen R. Donaldson. Dans ce premier tome, le miroir de ses rêves, nous faisons connaissance avec l'héroïne, Térisa Morgan. Personnage très effacé, fille d'un homme riche, qui lui donne une aisance financière, mais avec qui elle n'a pas de lien affectif, et très peu de contacts, elle travaille comme secrétaire dans un hospice qui s'occupe de déshérités. Mais un soir, un homme, Géraden, fait irruption par un miroirs dont Térisa a tapissé les murs de son appartement. Il prétend venir d'un autre monde dans lequel on a besoin d'elle, et lui demande de le suivre Seule, sans amis, menant une existence vide et sans joie, elle accepte. Et se trouve projetée dans un univers de type médiéval. La situation est compliquée, car en réalité, ce n'est pas Térisa que Géraden était censé ramener, mais un puissant guerrier. Térisa éveille donc déception et suspicion chez les Imageurs, des sortes de mages utilisant des miroirs. Certains la considèrent comme une nouvelle manifestation de l'incapacité de Géraden, l'éternel Aspirant maladroit, d'autres se demandent si elle n'est pas un mage puissant qui a détourné leur magie. Pendant ce temps, le royaume de Mordant se délite, le roi semble devenu à moitié fou, et ne fait rien pour prévenir les dangers. Ses deux puissants voisins ne semblent attendre que la fin de l'hiver pour l'assaillir. Ses barons, certains Imageurs, et même une des filles du roi, complotent et pensent pouvoir prendre le pouvoir. Térisa se retrouve en plein milieu de tous ces complots, d'autant plus qu'un assassin très habile cherche plusieurs fois à la tuer. Elle est par ailleurs tiraillée entre son amitié pour Géraden, maladroit, mais honnête et sympathique, et le très attirant mais manipulateur Erémis.
C'est bien construit, l'auteur nous distille petit à petit les révélations sur le monde dans lequel nous suivons son héroïne, qui sans être terriblement original, est, tout au moins dans ce premier tome, très cohérent. La magie par les miroirs est aussi assez intéressante, les personnages bien moins stéréotypés que dans beaucoup de livres de fantasy. C'est très bien dosé, entre le suspens et les parties plus calmes dans lesquelles nous découvrons le Mordant et les personnages. Il y a aussi une dose d'humour. Mais jusque là, Térisa est un peu passive, elle ne comprend pas beaucoup de choses, et surtout pourquoi elle là. le lecteur se doute qu'elle doit avoir un pouvoir d'Imageur caché, et que sa présence va modifier les équilibres en jeu, mais pour l'instant, à part les tentatives d'assassinat et un bref passage avec un miroir, rien ne permet d'en être certain. Il est temps que l'auteur passe à la vitesse supérieure pour maintenir l'intérêt crée par ce premier tome plutôt réussi.