Le Crime de John Faith

John Faith, c'est le bouc émissaire. Un type débarquant dans une petite bourgade de Californie, Pomo, où chacun mène sa vie tranquille et où notre personnage se retrouvera être, avec son visage marqué de cicatrices et son allure porteuse d'une étrange aura, le point de mire de tous les regards, souvent hostiles, parfois simplement intrigués, rarement bienveillants.
On ne sait rien de lui sauf qu'il serait amateur de s'installer dans les environs, ce coin d'Amérique lui convenant, lui qui cherche un endroit sans histoire. Et pourtant, il va à son corps défendant s'attirer les foudres de la population, sera suspecté de meurtre, devra fuir la police...
Bill Pronzini nous raconte le parcours de cet homme qui n'aspire qu'à la tranquillité au travers du regard de ceux qui croiseront sa route. Tour-à-tour, nous auront droit aux avis du shérif, du gérant du motel, de la serveuse de bar, de l'agent immobilier...
Des hommes et des femmes qui ne sont pas sans défauts, qui ont chacun leurs secrets, leurs problèmes... et qui feront de John Faith l'étranger par excellence, celui dont il faut se méfier de toute façon.
Un polar qui peint sans concession les travers d'une Amérique hypocrite, voyant chez l'autre l'ennemi à éliminer avant même de le comprendre.

John Faith.
L'homme qui ne demande rien, mais qui précipite les évènements contre son gré. Une sorte de catalyseur. Dont les faits et gestes sont épiés par toute la ville, mais uniquement parce qu'il a une "salle gueule".
Le cas typique de l'homme que l'on juge -mais ce verbe est galvaudé-, uniquement sur l'apparence.
Un scénario monté de façon très originale, car toute l'histoire est racontée, étape par étape, et de façon chronologique, par les diffrents protagonistes. Un peu surprenant pour le lecteur au départ, et puis on s'y fait, et personnellement, j'ai adopté cette "forme".
Au tout s'ajoute une "étude" soignée de la psychologie des uns -unes- et des autres, quelle soit stable ou évolutive, et l'on sent le vécu, celui d'un Bill Pronzini qui a roulé sa bosse avant de se mettre à écrire.
Un très bon polar et un aueur dont on ne parle pas assez souvent. Dommage.