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EAN : 9782705694777
182 pages
Hermann (24/08/2017)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Créé le 24 avril 1665 par la troupe de Molière au Palais-Royal, Le Favori, troisième et dernière pièce de Marie-Catherine de Villedieu, fut représenté devant Louis XIV à Versailles dans la nuit du 13 au 14 juin. Imitée d’une comedia espagnole, cette tragi-comédie met en scène la soudaine disgrâce de Moncade, le favori du roi de Barcelone. Lassé des coquettes façonnières et des flatteurs importuns qui troublent sa solitude, il s’abandonne à la mélancolie et accuse l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Femme de lettres aux talents divers (poésie, romans) Mme de Villedieu avait déjà donné deux pièces, jouées à l'hôtel de Bourgogne, avant la création du Favori le 24 avril 1665 par la troupe de Molière au Palais Royal. La pièce sera donnée 26 fois, mais les recettes semblent avoir été relativement modestes.

Néanmoins, elle sera jouée devant le Roi à Versailles le 13 juin. D'une façon quelque peu différente : précédée d'un prologue, et entrecoupée d'intermèdes. La musique est composée par Lully, les intermèdes tirés de diverses pièces de Molière, qui en outre, après la musique de l'ouverture joue une saynète en marquis ridicule, qui veut à tout prix monter sur le « théâtre » (l'estrade) où est installé le Roi, malgré l'intervention des gardes. A l'issue de cette soirée, la troupe de Molière deviendra la troupe du Roi. La pièce de Mme de Villedieu sera publiée en novembre de la même année, mais tombera très vite dans l'oubli.

Il s'agit d'une tragi-comédie, genre qui a eu son heure de gloire dans la première moitié du XVIIe siècle, mais qui était devenu peu pratiqué à l'époque de la création du Favori. Ce genre semblait séduire Mme de Villeudieu, puisque Manlius, une de ses deux précédentes pièces, était également une tragi-comédie. Mais c'est incontestablement un genre sur le déclin : après le Favori, seulement 5 autres tragi-comédies seront imprimées en France. Mme de Villedieu s'est inspiré pour composer son oeuvre d'une pièce de Tirso de Molina, El Amor y la amistad (1634).

Le Favori se conforme aux conventions de la tragi-comédie : il y a des personnages nobles d'importance, un roi, de grands seigneurs, dont le Favori du titre ; les personnages principaux vont révéler leurs grandes vertus et leur courage. Il y a à l'opposé les traîtres fourbes et hypocrites. Et c'est au final au monarque de mener le jeu et de provoquer l'heureux dénouement qui se conclut par un mariage comme le veut le genre. Néanmoins, nous ne sommes plus dans les tragi-comédies du début du siècle qui se déroulaient sur des années et des années, dans des lieux différents, avec une action qui se déroulait sur scène : la pièce, comme une tragédie ou comédie se déroule sur une journée, dans un même lieu, avec une seule intrigue. Mais ce rapprochement avec les pièces régulières est une tendance généralisée pour les tragi-comédies de la deuxième moitié du XVIIe siècle, Mme de Villardieu ne fait que suivre le mouvement. C'est ce qui a été parfois appelé « la tragi-comédie de palais ».

Le premier acte nous expose la situation : Moncade, le favori du Roi, est malheureux. Il a l'impression d'être environné de gens qui ne recherchent son amitié que parce qu'il le favori royal, et il doute de l'amour de la femme qu'il aime, Lindamire. Il est venu la surprendre au lever du jour, mais il est importuné par Clotaire, un de ces fâcheux qui ne viennent lui proposer leurs services que de façon intéressée. de plus, Moncade soupçonne Clotaire d'être son rival auprès de Lindamire. L'échange qu'il a avec cette dernière ne le satisfait pas, il la trouve tiède à son endroit. Survient le Roi, mécontent des réserves de Moncade, et qui lui fait avouer que sa condition de favori le gêne, surtout à cause du doute amoureux qu'elle provoque dans son esprit. Il part en menaçant Moncade de lui retirer sa faveur.

Dans le deuxième acte, nous faisons connaissance avec Dona Elvire, qui recherche l'amour de Moncade, en n'hésitant pas de recourir à la ruse. Il l'exècre, mais doit la supporter, comme Clotaire. Mais arrive l'envoyé du Roi qui annonce l'ordre d'exil de Moncade, qui semble avoir perdu la faveur du souverain.Clotaire et Dona Elvire se sauvent le plus rapidement possible.

Au troisième acte, Lindamire apprend l'exil de Moncade, elle s'avoue tout l'attachement qu'elle a pour lui. Arrive Clotaire, qui se croit permis maintenant de faire des avances à Lindamire, qui le repousse violemment. Dona Elvire vient railler Lindamire, qu'elle pense dépitée d'avoir perdu un amoureux prestigieux. Vient Moncade, Lindamire lui exprime son amour, et se déclare prête à le suivre en exil.

Au quatrième acte, les perfides donnent leur pleine mesure. Clotaire et Dona Elvire font entendre au Roi que Moncade conspire, qu'il est puissant et à craindre. La résolution de Lindamire de partir avec lui donne aussi lieu à la calomnie, elle est accusée de vouloir utiliser son influence pour soutenir la conspiration supposée de Moncade. le Roi semble se rendre aux arguments des dénonciateurs.

Au cinquième acte, Moncade est arrêté. Suit une longue scène dans laquelle tout le monde abat ses cartes devant le Roi. Qui finit par abattre les siennes : il a joué à faire choir Moncade de sa position pour lui montrer ce que chacun pense de lui dans l'adversité, de cette façon, il ne peut plus y avoir de doute sur l'amour de Lindamire. Tout le monde peut reprendre sa place, et Clotaire et Dona Elvire n'ont plus qu'à faire profil bas, tout au moins pour un temps.

C'est une intrigue assez linéaire et rapidement prévisible ; les personnages sont toute d'une pièce, la noblesse s'opposant à la perfidie. Les deux traîtres sont quand même amusants, surtout Elvire. le style est agréable et fluide. C'est une pièce d'un intérêt certain, sans être un incontournable.

Je crains que le regain d'intérêt qu'elle suscite ne soit du en grande partie au fait qu'elle ait été écrite par une femme : la pièce a même donnée lieu à une journée d'études en 2016 à Lyon. J'aurais du mal à souscrire au qualificatif de chef-d'oeuvre oublié. Des pièces de cette qualité, jouées et publiées au XVIIe siècle et à peu près oubliées maintenant, il y a en un nombre impressionnant. Pourquoi ne pas mettre celle-ci sous les feux des projecteurs. Mais je crains qu'en l'affublant de qualificatifs un peu trop exagérés, on risque de lui rendre un mauvais service, et un mauvais service à la littérature féminine en général.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Hé la ruse en amour ne passe point pour crime,
Ce sont vieilles erreurs et soucis superflus
Tant d'estime ne sert que quand on ne plaît plus,
Quand on n'a plus d'appas pour paraître agréable,
Il est bon de tâcher à se rendre estimable,
Il faut charmer l'esprit ne pouvant faire mieux ;
Mais quand un jeune amant se rend à de beaux yeux,
Il borne à ce qu'il voit son estime et sa flamme,
Et ne s'avise pas d'aller jusques à l'âme ;
Le secret est de plaire, et l'on voit en effet
Que chacun croit toujours ce qu'il aime, parfait :
Plaisons donc dans le temps d'une belle jeunesse,
Et laissons sans regret l'estime à la vieillesse,
Se pique qui voudra de grande probité,
Pour moi je ne veux point de cette qualité
Et comme par le temps elle m'est destinée,
J'attends pour l'obtenir ma cinquantième année.
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Oui sans doute, Seigneur, et de plus ordinaire ;
Je prends tous les matins un plaisir sans pareil,
À voir dans ce beau lieu le lever du Soleil ;
Il embellit alors, se mêlant à l'Aurore,
D'un émail naturel tous les endroits qu'il dore,
Dans ces moments on voit les folâtres zéphyrs
Pousser autour des fleurs mille faibles soupirs,
Et parfumant les airs de leurs douces haleines,
Reverdir, et sécher le gazon des fontaines,
Je vous en fais, Seigneur, un fidèle tableau,
Jugeant bien que pour vous il doit être nouveau ;
Un homme qui soutient le poids d'une couronne,
Goûte peu ces plaisirs que la campagne donne.
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Il m'aime, hé ! Justes Dieux, ce lâche est mon rival,
Les yeux de Lindamire ont embrasé son âme :
Mais il n'ose avouer une si belle flamme,
Par la crainte qu'il a de choquer ma faveur,
Et de s'ôter en moi peut-être un protecteur,
Une terreur si basse a sur lui tant d'empire,
Qu'il me cède en tous lieux la main de Lindamire,
M'accable des effets de son zèle indiscret,
Et le traître qu'il est me poignarde en secret.
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LÉONOR.
Dussé-je être pour vous une amie incommode ;
Non je ne puis souffrir cette étrange méthode,
Dans une heure Moncade est par vous oublié,
Cet homme si parfait.

DONA ELVIRE.
Il est disgracié.
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Video de Marie-Catherine-Hortense de Villedieu (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie-Catherine-Hortense de Villedieu
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
#3
0:00 - Antoinette du Ligier de la Garde, dite Madame Deshoulières 1:34 - Marie-Catherine-Hortense Des Jardins, dite Madame de Villedieu 1:59 - Marie-Anne-Henriette Payan de l'Estang, dite Madame Bourdic-Viot 3:08 - Anne-Marie de Montgeroult, comtesse de Beaufort d'Hautpoul 4:15 - Constance-Marie de Théis, Princesse de Salm-Dyck 5:37 - Marceline Desbordes-Valmore 6:58 - Amable Cazimir Sabine Voïart, dite Amable Tastu 8:41 - Générique
Référence bibliographique : Alphonse Séché, Les muses françaises, anthologie des femmes-poètes (1200 à 1891), Éditions Louis-Michaud, 1908
https://archive.org/details/lesmusesantholog01sc
Images d'illustration : Antoinette du Ligier de la Garde, dite Madame Deshoulières : livre Marie-Catherine-Hortense Des Jardins, dite Madame de Villedieu : livre Marie-Anne-Henriette Payan de l'Estang, dite Madame Bourdic-Viot : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henriette_Bourdic-Viot#/media/Fichier:HenriettePayanDeLEstang.png Anne-Marie de Montgeroult, comtesse de Beaufort d'Hautpoul : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne-Marie_de_Beaufort_d%27Hautpoul#/media/Fichier:Anne_Marie_de_Montgeroult.png Constance-Marie de Théis, Princesse de Salm-Dyck : livre Marceline Desbordes-Valmore : https://www.societedesetudesmarcelinedesbordesvalmore.fr/?p=1052 Amable Cazimir Sabine Voïart, dite Amable Tastu : livre
Bande sonore originale : Arthur Vyncke - Uncertainty Uncertainty by Arthur Vyncke is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike 3.0 license.
Site : https://www.free-stock-music.com/arthur-vyncke-uncertainty.html
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