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Annie Le Brun (Auteur de la postface, du colophon, etc.)Laurent Parienty (Illustrateur)
EAN : 9782842050528
151 pages
1001 Nuits (01/07/1997)
3.62/5   37 notes
Résumé :
Le Surmâle se distinguerait-il comme la plus moderne des visions mécaniciennes de l'amour ? À l'inverse de ce que prétendent la plupart, il ne s'agit nullement ici d'une exaltation de la mécanique amoureuse mais de sa critique sauvage, qui doit néanmoins sa radicalité au fait de ne jamais perdre de vue l'évidence ouvrant ce livre " L'amour est un acte sans importance puisqu'on peut le faire indéfiniment. "
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le perpetual-motion-food est censé apporter une perpétuelle énergie. Or, « un homme qui ferait l'amour indéfiniment n'éprouverait pas plus de difficulté à faire n'importe quoi d'autre indéfiniment : boire de l'alcool, digérer, dépenser de la force musculaire, etc. », et le raisonnement inverse est valable aussi.

C'est donc l'histoire d'André Mercueil, faisant l'amour comme un dopé au perpetual-motion-food ferait du vélo, de la pioche ou de n'importe quoi d'autre. Arrivera-t-on à répondre à la question suivante : combien de fois un homme peut-il baiser avant de n'en plus pouvoir ?


L'expérimentation se passe sous l'oeil d'un comité de philosophes du dimanche sûrement bien imbibés parce qu'ils ferment pas leur gueule une seconde. Et ça commente les exploits de Mercueil, celui-ci ayant fini par élire une certaine Ellen pour baiser à toute heure du jour et de la nuit.


Dans la postface, Annie le Brun trouve que Jarry nous rappelle qu'« à l'origine de la passion érotique comme du sentiment amoureux, il y a la trivialité du piston qui fait marcher la machine ». Ouais, et Jarry va même jusqu'à nous faire penser que c'est du désir sexuel que finit par naître l'amour. Ce n'est pas une recette plus conne qu'une autre pour nous faire croire à la possibilité de l'amour heureux.


De toute façon, quand c'est Jarry qui cause, faut pas refuser.
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Dans ma quête de la découverte des oeuvres de mon compatriote lavallois, Alfred Jarry, j'ai décidé de tenter le Surmâle, très bien noté sur Livraddict et surtout très court (il ne faut pas abuser des bonnes choses non plus !).
Eh bien, je dois dire que je ne sais pas trop quoi penser de ce texte.

En effet, je l'ai trouvé très déstabilisant, finalement pas tant par le texte que j'imagine très provocateur pour l'époque, mais plutôt par l'écriture très séductrice vis à vis du lecteur. Habituellement, dans les romans, même très engagés, le lecture à plutôt une place de spectateur, mais là, je me suis sentie sans cesse "stimulée" comme si à chaque phrase écrite, Alfred Jarry se retournait vers moi pour voir ma réaction... J'ai eu l'impression qu'il cherchait un peu trop à me plaire et ça m'a un peu dérangée. Un peu comme si, du coup, je me sentais obligée d'être d'accord avec lui.
Bon, cela n'empêche pas que l'auteur à une écriture très agréable et que le roman se lit très facilement et rapidement, que le vocabulaire est plutôt simple et que le texte s'avère assez drôle.

Je trouve le texte du Surmâle assez culotté en soit : il est assez futuriste en soit et plutôt philosophique. Je dis ça car, par certains de ses aspects et notamment ses références aux machines et sa foi en le progrès, j'ai entraperçu pas mal de brides d'idées sur la science et le rapport de l'homme aux machines que j'ai pu étudier en cours de philo' au lycée... Ne connaissant pas du tout l'univers de Jarry, j'ai été assez étonnée, mais la surprise se révèle très bonne.
Je ne m'attendais également pas du tout à retrouver tant de référence à la sexualité dans ce texte. Ça m'a rappelé un truc que dit l'un des personnages de la vie d'Adèle (je suis allée le voir hier soir aussi) comme quoi, les femmes n'ont pas besoin des hommes pour connaitre l'extase, mais qu'un homme ne pourra pas la connaitre sans l'intermédiaire d'une femme. Même si les idées défendues ne sont pas les mêmes dans ce texte, j'ai trouvé qu'il y a pas mal de similitude dans ces réflexions. Je ne pourrais pas dire que je suis d'accord avec toutes les idées que défend Alfred Jarry, mais elles ne sont certainement pas dénuées d'intérêt.
Bref, le Surmâle est un texte déstabilisant mais sympathique.
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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Un troublant roman d'amour qui est peut-être même encore trop moderne pour aujourd'hui (peut-être pas non plus). L'histoire d'une machine d'amour fait homme. Un homme-machine qui nous prouve que l'amour peut être monstrueux, excessif, difforme, vampirisant... C'est quasiment une tragédie, la tragédie du plaisir amoureux et de son impasse. L'Humanité doit se reconquérir, se ressaisir continuellement. C'est à la fois une tâche éternelle et quotidienne. D'une écriture limpide, c'est un roman sublime et horrible avec à la fin un dossier très intéressant.
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Un des livres les plus accessibles de Jarry... Etrange modernité d'un roman écrit il y a plus de cent ans........
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Quelle surprenante lecture que celle du Surmâle, et plus encore si on s'imagine dans le contexte de l'époque à laquelle ce livre a été écrit.
Ce personnage priapique est (forcément) le prétexte à aborder la question de la sexualité, mais aussi celle de la mécanisation de toute chose, et même du dopage. C'est étrange et absurde, sans pour autant manquer de profondeur.
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
L'OVULE

 — DIEU EST INFINIMENT PETIT.
Qui prétend cela ? Non pas un homme assurément.
Car l’homme a créé Dieu, du moins le Dieu auquel il croit, il l’a créé et ce n’est pas Dieu qui a créé l’homme (ce sont des vérités acquises aujourd’hui) ; l’homme a créé Dieu à son image et à Sa ressemblance, agrandies jusqu’à ce que l’esprit humain ne pût concevoir de dimensions.
Ce qui ne veut pas dire que le Dieu conçu par l’homme soit sans dimensions.
Il est plus grand que toute dimension, sans qu’il soit hors de toute dimension, ni immatériel, ni infini. Il n’est qu’indéfini. 
Cette conception pouvait suffire, au temps un peu antérieur à celui où les deux peuples que nous appelons l’Adam et l’Éve furent tentés par les produits manufacturés des marchands qui avaient pour totem le Serpent, et durent travailler pour les acquérir.
Nous savons maintenant qu’il y a un autre Dieu, qui, lui, a bien véritablement créé l’homme, qui réside au centre vivant de tous les hommes et qui est l’âme immortelle de l’homme.
Théorème : Dieu est infiniment petit.
Car pour qu’il soit Dieu il faut que sa Création soit infiniment grande. S’il gardait une dimension quelconque, il limiterait sa Création, il ne serait plus Celui qui a créé Tout.
Ainsi il peut se glorifier de sa Bonté, de son Amour et de sa Toute-Puissance, qui ne se réservent aucune part du monde. Dieu est hors de toute dimension, en dedans.
C’est un point.
C.Q.F.D.
On sait qu’il y a deux parties dans l’homme. l’une apparente et périssable, l’ensemble des organes que nous appelons corps, le soma; et cette partie périssable comprend même la « petite agitation » qui en résulte, dite la pensée ou l’âme « immortelle ».
L’autre impérissable et microscopique qui se transmet de génération en génération depuis le commencement du monde, le germe.
Le germe est ce Dieu en deux personnes, ce Dieu qui naît de l’union des deux plus infimes choses vivantes, les demi-cellules qui sont le Spermatozoaire et l’Ovule.
L’un et l’autre habitent des abîmes de nuit et de rouge trouble, au milieu de courants — notre sang — qui emportent des globules espacés les uns des autres comme des planètes.
Elles sont dix-huit millions de reines, les demi-cellules femelles, qui attendent au fond de leur caverne.
Elles pénètrent les mondes de leur regard et les gouvernent. Elles sont infiniment déesses. Il n’y a pas de lois physiques pour elles — elles désobéissent à la gravitation — elles opposent à l’attraction universelle des savants leurs affinités particulières ; il n’existe pour elles que ce qu’il leur plaît.
Dans d’autres gouffres aussi formidables, ils sont là, les millions de dieux dépositaires de la Force et qui ont créé Adam au premier jour.
Quand le dieu et la déesse veulent s’unir, ils entraînent chacun de leur côté, l’un vers l’autre, le monde où ils habitent. L’homme et la femme croient se choisir... comme si la terre avait la prétention de faire exprès de tourner ! 
C’est cette passivité de pierre qui tombe, que l’homme et la femme appellent l’amour.
Le dieu et la déesse vont s’unir... Il leur faut, pour se rencontrer, un temps qui, selon les mesures humaines, varie entre une seconde et deux heures...
Encore un peu de temps, et un autre monde sera créé, un petit Bouddha de corail pâle, cachant ses yeux, si éblouis d’être trop près de l’absolu qu’ils ne se sont jamais ouverts, cachant ses yeux de sa petite main pareille à une étoile...
Mais alors, l’homme et la femme se réveillent, escaladent le ciel et écrasent les dieux, cette vermine.
L’homme, ce j our-là, s’appelle Titan ou Malthus.
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Mais non, Priam, il n’est rien si dur
Que le bouclier d’ivoire de mes seins ;
Leur pointe s’avive au sang des blessures,
De corail comme l’œil de blancs oiseaux marins :
Dans la prunelle froide on voit l’âme écarlate.
Il n’est rien si dur, non, non, non, Priam.
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Les condamnés sont électrocutés, d’ordinaire, en Amérique, par un courant de deux mille deux cents volts : la mort est instantanée, le corps grille et les convulsions tétaniques sont effrayantes à ce point qu’il semble que l’appareil qui a tué s’acharne sur le cadavre jusqu’à le ressusciter. Or, si l’on est soumis à un courant plus que quadruple –soit dix mille volts- il ne se passe rien.
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Seule, cette conscience de la fin de l'amour et de celle d'une criminalité sexuelle, qui en serait au plus profond de nous la continuelle tentation, peut casser la circularité du désir à laquelle n'échappe, en fin de compte, aucune des grandes traditions érotiques occidentales, quand bien même l'accès à une autre dimension en serait le but proclamé.
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Sirène : ce nom avait été suggéré à Marcueil par le ronflement du moteur qui ébranlait les vitres de Lurance. Le masque de chauffeuse, en peluche rosé, d’Ellen lui dessinait une curieuse tête d’oiseau, et Marcueil se rappela que les vraies sirènes de la fable n’étaient point des monstres marins, mais de surnaturels oiseaux de mer.
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Quelle pièce de théâtre nous montre le pitre le plus grotesque jamais imaginé dans une étourdissante fête du langage et s'ouvre… sur un gros mot ?
« Ubu Roi » d'Alfred Jarry, c'est à lire en pochez chez Etonnants Classiques.
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