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EAN : 9782845903593
Arfuyen (09/11/2023)
3.75/5   4 notes
Résumé :
L'ensemble des poèmes de Cristina Campo ont été traduits pour la première fois par Monique Baccelli et publiés en 1996 dans « Les Cahiers d'Arfuyen ». C'est cet ouvrage qui est aujourd'hui réédité dans la collection « Neige » où il a sa vraie place Cristina Campo (1923-1977) déclarait qu'elle avait peu écrit mais aurait aimé avoir moins écrit encore.
Deux livres posthumes ont suffi à la faire découvrir, Gli imperdonabili (1987) et La Tigre Assenza (1991). La ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Il est vain de rappeler quel effroi soulève une foule moderne, du fait de l'extinction de la face humaine dans le nombre, du total effacement des expressions poignantes et pures qu'un visage sait parfois révéler » (Christina Campo)


Elle était capable de descendre, au coeur de Rome, un escalier au volant de sa Fiat 600, comme de
s'intéresser aux mystérieuses identités unissant la fleur, aux lèvres baisant l'icône.
D'aimer tout ce que l'homme a aujourd'hui abandonné.
Au-delà de la critique de la « superficialité » moderne, elle ‘dénonce' la perte du symbole : une chute dans l'immédiateté.
Elle aurait pu être une intellectuelle livresque, une mondaine superficielle, une bigote, maïs elle préférait "allumer des incendies",
Christina Campo, pseudonyme de Vittoria Guerrini (1923-1977). En 1962 elle aura la tentation de signer Campo tout court : « Ne trouvez-vous pas que parler ainsi, c'est déjà le commencement d'Auschwitz ? »
Traductrice de William Carlos Williams, Marcel Proust ou encore d'Hugo von Hofmannsthal, elle est critique littéraire et poète.
De la génération de Pasolini, mais qui s'ignorèrent.
Avec Maria Zambrano, philosophe espagnole réfugiée en Italie sous le Franquisme et la philosophe Simone Veil, elles sont trois Antigone souhaitant le renouveau de la pensée poétique face à la pensée calculante qui domine le monde aujourd'hui.
« Toutes trois ont vécu dans le monde et hors du monde, hors des modes».
Elles sont « antimodernes » mais non réactionnaires .Elles condamnent une pensée rationaliste, pas rationnelle pour autant, qui a rejeté dans les marges tous les modes de pensée qui ne concourent pas à la maîtrise du monde, laissant libre cours à un régime économique de prédation sans limites.
Profondément inactuel, ce livre donne une impression de rareté et d'intemporalité, sans aucun des signes de la modernité.
« Deux mondes_ et moi je viens de l'autre »

La Tigre Assenza (pro patre et matre)

Ahi che la Tigre,
La Tigre Assenza,
o amati,
ha tutto divorato
di questo volto rivolto
a voi ! La bocca sola
pura
prega ancora
voi : di pregara encora
perché la Tigre,
la Tigre Assenza,
o amati,
non divori la bocca
e la preghhiera…


« Hélas le Tigre,
le Tigre Absence,
ô mes aimés,
a tout dévoré
de ce visage retourné
vers vous ! Seule la bouche
pure
encore
vous prie : de prier encore
pour que le Tigre
le Tigre Absence,
ô mes aimés,
ne dévore pas la bouche
et la prière… ».

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
  
  
  
  
Maintenant tu passes au loin, au long des croix
    du labyrinthe,
au long des nuits pluvieuses que j’allume pour moi
dans le noir des pupilles,
toi, sans plus de jeune fille qui disperse les voix…

Routes que l’innocence veut ignorer et brûle
d’offrir, close et nue, sans paupières no lèvres !

Puisque là où tu passes est Samarcande,
que les silences déroulent des tapis de souffles,
et se consument les grains de l’angoisse –

attention : entre pierre et pierre court un filet de sang,
là où ton pied arrive.


/Traduit de l’italien par Monique Baccelli,
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Elle est restée là-bas, chaude
  
  
  
  
Elle est restée là-bas, chaude, la vie,
l’air couleur de mes yeux, le temps
que brûlaient au fond de chaque vent
des mains vivantes, me cherchant…

Restée là-bas la caresse que je ne trouve plus
qu’entre deux sommeils, en miettes
mon infinie sagesse. Et toi, parole
qui changeais le sang en larmes.

Je n’emporte pas même avec moi
un visage, passé déjà dans un autre visage
comme sphère dans le vin et consumé
dans les brûlants silences…

                    Seule je reviens
là-bas entre deux sommeils, je vois l’olivier
rose sur les jarres pleines d’eau et de lune
du long hiver. Je reviens vers toi qui gèles

dans ma légère tunique de feu.


/traduit de l’italien par Monique Baccelli
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Sindbad
  
  
  
  
L’air de jour en jour s’épaissit autour de toi,
de jour en jour consume mes paupières.
L’univers s’est couvert le visage,
des ombres me disent : C’est l’hiver.

Toi dans le vierge espace où se bercent
de nonchalantes îles, moi dans la terreur
des lilas, dans une flambée de tourterelles
sur la douce, familière route de la folie.

S’entassent chanvre, olives,
marchés et années. Je ne baisse pas les yeux.
Minuit viendra, le premier cri
du silence, la très longue retombée

du faisan entre ses ailes.


/traduit de l’italien par Monique Baccelli
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SINDBAD

L’air de jour en jour s’épaissit autour de toi,
de jour en jour consume mes paupières.
L’univers s’est couvert le visage,
des ombres me disent : C’est l’hiver.

Toi dans le vierge espace où se bercent
de nonchalantes îles, moi dans la terreur
des lilas, dans une flambée de tourterelles
sur la douce, familière route de la folie.

S’entassent chanvre, olives,
marchés et années. Je ne baisse pas les yeux.
Minuit viendra, le premier cri
du silence, la très longue retombée

du faisan entre ses ailes.
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Videos de Cristina Campo (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cristina Campo
« Cristina Campo, pseudonyme de Vittoria Guerrini (1923-1977), déclarait elle-même qu'elle avait peu écrit mais qu'elle eût aimé avoir encore moins écrit. Prise entre la fascination du silence et celle de l'expression […], elle ne pouvait proférer que des paroles exactes et rares. […] Ses réticences, autant que la brièveté de sa vie, expliquent et justifient l'économie de l'oeuvre : quelques poèmes dispersés dans des revues, deux petits textes en prose publiés de son vivant, puis une oeuvre posthume au titre énigmatique, Les impardonnables, qui rassemble des articles écrits entre 1962 et 1972. le tout tient dans un volume de taille moyenne, mais un volume qui peut se permettre d'être unique. À son propos la critique italienne a parlé de «fleur indéfinissable et inclassable». […] […] En lisant les étranges poèmes de Cristina Campo, très peu nombreux, si denses, tellement clos sur eux-mêmes qu'on les pénètre par autre chose que par la raison, on comprendra que leur auteur définisse la pure poésie, « grand sphinx au visage illuminé», comme hiéroglyphe et beauté, inséparables et indépendants. […] le lecteur se trouve en face de germes de réponses, proposées, jamais imposées, à la vaste question que pose le Livre unique de Cristina Campo : « Comment prendre le monde? » Jeune femme au corps fragile (malformation cardiaque), moitié-sainte moitié-poète, elle tente avec toute la force de son esprit d'introduire dans le concert assourdissant de notre monde le son de la flûte, sa propre voix […]. » (Monique Baccelli)
« Un poète qui prêterait à toute chose visible ou invisible une égale attention, pareil à l'entomologiste qui s'ingénie à formuler avec précision le bleu inexprimable d'une aile de libellule, ce poète-là serait le poète absolu. » (Cristina Campo, Les impardonnables)
0:00 - 1er poème 0:49 - 2e poème 1:49 - 3e poème 2:11 - Sindbad 3:01 - Été indien 3:52 - le Tigre Absence 4:22 - Générique
Référence bibliographique : Cristina Campo, le tigre absence, Éditions Arfuyen, 1996
Image d'illustration : http://outsidersweb.it/2018/03/14/un-reading-elena-stancanelli-ricordare-cristina-campo/cristina-campo-4/
Bande sonore originale : Dream Machine - Digression Digression by Dream Machine is licensed under a CC-By license.
Site : https://icones8.fr/music/search/digression
#CristinaCampo #LeTigreAbsence #PoésieItalienne
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