Très satisfait de cette lecture. D'abord, parce que je clos ma PAL 2013 avec cette biographie, ensuite, parce que j'ai découvert un personnage historique secondaire qui aurait mérité d'être plus mis en valeur. Il y a eu de l'émotion dans cette découverte.
Jacques Bernot ne romance pas l'histoire, il reste factuel et chronologique mais, tout en s'appuyant sur des citations de ses contemporains, comme
Saint-Simon pour le plus connue, l'auteur ébauche un portait attachant de ce comte de Toulouse.
Qui est ce comte ? Il s'agit de
Louis-Alexandre de Bourbon-Penthièvre, c'est ainsi qu'il sera nommé à la fin de sa vie. Il est le deuxième fils de la marquise de Montespan et de Louis XIV. Contrairement à son ainé qui sera élevé par
Madame de Maintenon qui le façonnera pour tenter d'en faire un égal de ses pairs,
Louis-Alexandre est élevé par sa mère. Il est également le chouchou du Roi Soleil qui le comblera de titres et donc de rentes. Toute sa vie,
Louis-Alexandre hésitera entre indépendance et discrétion, sa nature première, mais son royal père refusera qu'il s'efface, notamment devant les enfants légitimes de sa majesté, tout en le cantonnant à ne pas trop devenir glorieux. Amiral de France dès l'enfance, il verra la mer tardivement. Ce qui ne l'empêchera pas de gagner la bataille navale de Velez-Malaga face une flotte anglo-hollandaise bien plus importante que la sienne. Il aurait pu porter l'estocade fatale si le représentant du roi n'avait mis un véto royal à plus d'engagement.
Louis-Alexandre est un personnage attachant car il a le sens du devoir mais supporte son état de bâtard comme une malédiction. Il se mariera très tard, pour cette raison. N'étant pas un élément de la lignée directe, il subit les bassesses de ceux qui l'étaient. Pour cela, la protection du roi fut nécessaire. Il tenta de réformer la Marine mais il n'en n'eut pas les capacités, bridé qu'il était par les grands commis qui ne voulurent pas laisser ce bâtard décider. Pourtant, outre une victoire navale, ce qui est rare et aurait mérité qu'un navire de guerre portât son nom, nous lui devons l'aménagement du château de Rambouillet, certaines adaptations de Compiègne pour les bâtisses les plus connues. Il fut proche des populations vivant près de ses châteaux. Il ouvrit un hospice pour les indigents à Rambouillet. A contrario, la Bretagne fut une lointaine contrée pour lui qui portait le titre de gouverneur. Ce fut un homme de bon coeur qui n'oublia pas d'étendre ses propriétés, il vivait dans l'oisiveté grâce à ses rentes, et il investit dans la traite négrière, mais qui ne le fit pas à cette époque.
Comme l'écrit
Jacques Bernot, page 206, en citant le désir du comte d'être enterré dans un Carmel « Sans doute, le silence ineffable dans lequel sont volontairement ensevelies les religieuses répond-il aux questions qui [l'assaille] : d'abord celle du rang au regard de la vanité des destinées humaines ; peut-être aussi celle des enfants sans parents ». Tel pourrait résumer l'affligeante situation de ce fils, bâtard d'un roi, l'illégitime légitimé, qui vivra toute sa vie en acceptant son sort, alors qu'il voulait apporter plus à son pays et à son père.