Le dernier tome du Maître des Peines nous entraîne à la suite de Louis Ruest, bourreau de Caen de 1370 à 1391.
Louis s'est adapté à sa nouvelle vie d'homme marié et de maître du domaine de Hiscoutine. Sa démission du poste de bourreau de Caen a été refusé. Il continue donc à partager sa vie entre la douceur d'un foyer aimant et les tâches odieuses qu'il doit accomplir sur les condamnés. Pour autant, ses traumatismes sont toujours présents et nuisent à son comportement. L'affection sans borne que lui voue le Père Lionel et même sa jeune épouse l'apaise sans toutefois le délivrer complètement.
Le récit est toujours aussi intéressant. La plume de l'auteure toujours vive. Les faits historiques s'insèrent dans l'histoire principale sans que le rythme en souffre. J'ai aimé assister à la métamorphose de Louis qui s'ouvre peu à peu entre les révélations sur son vrai père et l'arrivée d'un enfant. le suspense est aussi plus présent avec la rivalité entre Louis et Sam sur les sentiments de Jehanne.
Dans l'ensemble, le Maître des Peines aura été de loin une excellente lecture. J'ai aimé découvrir cette époque au côté d'un personnage atypique et plutôt odieux en dépit de certaines incohérences dans la psychologie des personnages. Je comprends le procédé de l'auteur puisqu'il permet d'exprimer à la fois les sentiments et conditions de vie de l'époque mais également la quête de rédemption pour cet être plus animal qu'humain.
L'auteure a su décrire toute la violence de l'époque incarnée par Louis, victime et bourreau de tout ce que l'être humain est capable dans l'horreur mais aussi dans la bonté.
Un gros coup de coeur pour cette saga.
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Me voici arrivée à la suite et fin de cette saga relatant la vie certes très chaotique mais passionnante de notre cher Louis, apprenant enfin à montrer qu'il a, lui aussi, des sentiments (chose dont nous doutons les deux premiers tomes et un bon quart du dernier roman il faut l'avouer.)
Bien que jusqu'ici l'histoire m'ait happée, je ne peux cacher ma déception quant à.... Cette fin. Je ne parle pas du fait que Louis apprend enfin à trouver la paix, non, ceci est très bien, après toutes les horreurs qui lui sont arrivées au cours de sa vie, je pense qu'il a bien mérité sa part de bonheur. Mais de la fin à proprement parler! Attention, ça va "Spoiler" !! Comme dirait l'autre... Je n'ai pas du tout apprécier les derniers chapitres de ce volume. La haine de Sam (personnage ô combien insupportable selon moi, au fil des pages je ne rêvais que d'entrer dans le livre pour lui mettre des claques !..) Envers Louis grandissante, le menant une fois de plus à une séance de torture m'a semblé de trop. Oui de trop, il avait déjà eu assez au cours de sa vie, et cette dernière fois est à mon sens tombée comme un cheveu sur la soupe, c'était redondant. Puis la façon dont il meurt ne m'a pas convaincue non plus, tué par son propre père pour que Jehanne et Sam puisse se retrouver... Mouais. Solution de facilité ? Dés que Louis commande a un archer c'était gros comme le nez au milieu du visage que ça allait terminer de cette façon! Sinon mis à part ce "défaut" scénaristique qui plaira ou aura probablement plu à certains d'entre vous, c'est une trilogie que je ne peux que conseiller positivement, l'écriture est correcte et fluide, détaillée sans l'être trop.
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Le troisième et dernier tome relate la vie de Louis Ruest de 1370 à 1391. Il continue à vivre au domaine d'Hiscoutine. Il devient père et un sentiment nouveau, l'amour, le fait éclore à la vie.
Mais, l'enfant qu'il a recueilli dans le précédent tome, Sam, lui voue une haine farouche. Louis va-t-il se comporter comme son père jadis ou non ? Sam pourra-t-il se venger ?
Je conseille fortement cette trilogie qui est très bien documentée et à l'écriture soignée. On s'attache aux différents personnages qui gravitent autour de Louis Ruest. Et comme Louis, nous rêvons, nous aspirons à ce qu'il est une vie normale.
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Dernier tome de cette trilogie, toujours aussi bien écrite, bien documentée, cruelle, mais en même temps très vraie.
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Vous vous souvenez sans doute encore de ce qu'a dit Gilles de Rome au sujet des femmes : il déplorait leur incessant caquetage et en justifiait l'existence par la faible raison de ce sexe. C'est ce genre de réflexion qui va graduellement nous aliéner toute une moitié du genre humain...
- C'est notre peur des femmes qui nous fait ainsi déraisonner. Et nous autres, hommes d'Église, sommes bien davantage soumis à cette tournure d'esprit, puisque nous devons nous défendre d'elles ainsi que des désirs provoqués par leur présence. Mais Gilles de Rome oublie une chose : la grande majorité des femmes ne savent ni lire ni écrire ; il est donc primordial que leur héritage de connaissances se transmette de façon orale.
- La femme au stade de la maternité sait mieux que quiconque renoncer à elle-même pour étendre sa sollicitude aimante vers une autre créature. Elle est la dépositaire de tout savoir, de toute bonté et de tout dévouement.
- Mais oui. Une mère oriente ses dons non plus vers son propre accomplissement personnel, mais vers celui de son enfant, vers l'autre, vers la protection et les progrès de l'autre. Ce qu'il advient d'elle ne lui importe plus autant. L'amour qui naît de la maternité n'est pas seulement le plus intense, mais aussi le plus universel...
Voilà qui est tout à fait typique des Ruest. J'ai depuis longtemps renoncé à combattre un tel orgueil. Peu importent les obstacles qu'il trouve devant lui, le ru va son chemin. Il creusera le roc durant des millénaires s'il le faut, mais il finira par passer là où il le veut. Que d'admirable entêtement il peut y avoir dans la puissance de l'eau ! Et vous portez tous les deux son nom.
Depuis toujours, on percevait les vieillards comme étant détenteurs de sagesse. Les vieilles femmes, quant à elles, devenaient des sorcières. C’était comme ça. Le retour d’âge rendait la femme stérile, lui faisant perdre le seul rôle pour lequel on lui accordait une quelconque valeur ; la société se mettait donc à la percevoir comme un élément inutile, voire nuisible et possiblement malfaisant.
L’exercice d’un contrôle absolu sur un autre être, l’omnipotence que l’on éprouve à l’égard de cet être, voilà qui crée l’illusion de dépasser les restrictions de cette condition. C’est particulièrement vrai pour un individu comme Louis, dont l’âme ne connaît pas la joie.
Un comportement soumis pouvait être trompeur, il pouvait aisément être perçu comme étant à l’opposé d’un comportement dominateur, alors qu’en fait, tous deux sortaient du même creuset ; tous deux étaient dus au même sentiment d’impuissance vitale.
Le Maitre des Peines, Marie Bourassa