Le nouveau capitalisme criminel

Jean-François Gayraud découvre la lune avec 30, 50, 70 ans de retard sur bien d'autres. La mondialisation néo-libérale est, nous dit-il, le fait d'une symbiose transnationale entre des criminels nomades "du haut" et des criminels nomades "du bas". le néolibéralisme est un capitalisme criminel qui se repaît de la prédation des nations dont il a parasité et zombifié les Etats qui au lieu de protéger leurs citoyens agissent au contraire comme des truies qui bouffent leurs petits. L'"Etat profond" est le noyau dur de ces organisations parasites à l'échelon "local" (si cela veut encore dire quelque chose). Derrière la façade d'une institution démantelée et vidée de sa substance, cet Etat profond agit comme la courroie de transmission de la mondialisation néo-libérale.

Ce néo-capitalisme, d'essence criminelle, n'a plus de rapport structurel avec ce qu'il était d'usage d'appeler "Capitalisme" dans les analyses marxistes dont l'emploi anachronique, qui fait utilement diversion, arrange bien les affaires des "criminels nomades" (voir, à ce sujet, le vieillard de la Nouvelle Droite qui radote les principes de Proudhon ou Gramsci et vante la nouveauté de son "anti-libéralisme" de pacotille; une vraie menace pour le pouvoir!)

Bon, tout ça, mon pauvre Jean-François, on le sait depuis longtemps, tu ne nous apprends rien. Mais alors, me demanderez-vous, pourquoi lui mettre cinq étoiles, vous vous êtes trompé de touche? Vous sucrez les fraises?

Non. Je mets 5 étoiles parce que Gayraud apporte une AUTRE substance: celle des faits techniques soigneusement énumérés et évalués en illustration de ces propos. Et c'est là que ses compétences de commissaire divisionnaire, docteur en droit, blablabla - et diplômé de l'Institut d'Etudes Politiques (ah, non, ça c'est plus une incompétence qu'une compétence, au temps pour moi) - vont nous être utiles pour étoffer ce que nous savions déjà être vrai depuis longtemps.

Gayraud malheureusement, comme tout fonctionnaire, est tenu au devoir de réserve, donc il se contente d'enfoncer les portes ouvertes. D'ailleurs s'il balançait tout, non seulement il serait révoqué, mais encore on peut être sûr que les éditeurs le laisseraient sur le paillasson. Par contre, une bastos dans la testa ne serait pas exclue, éventuellement. Ses camarades sont si espiègles.

J. F. Gayraud est commissaire divisionnaire de la police nationale, et à l'époque chef du département des affaires internationales de la Direction de la surveillance du territoire (DST).
Beaucoup d'informations intéressantes dans ce livre, par exemple cette citation de la sénatrice étatsunienne E. Warren lors d'auditions publiques consacrées aux crimes répétés de la banque HSBC :
« Si vous êtes pris avec un gramme de cocaïne, vous avez de grandes chances d'aller en prison. Si cela se produit à plusieurs reprises, vous pouvez aller en prison pour le reste de votre vie. Mais, à l'évidence, si vous blanchissez près de 1 milliard de dollars pour les cartels de la drogue et que vous violez des sanctions internationales, votre entreprise prend une amende et vous rentrez chez vous dormir dans votre lit. Il en est de même pour chaque personne associée à cela et je pense que c'est fondamentalement inacceptable. »
(NB : Les cartels de la drogue ne pourraient pas exister si des banques complices ne blanchissaient pas leur argent.)