En 1847, la maison d’un nommé John Fox, demeurant à Hydesville, petit village de l’État de New-York, fut troublée par des manifestations étranges ; des bruits inexplicables se faisaient entendre avec une telle intensité que rapidement le repos de la famille en fut troublé. Malgré les plus minutieuses recherches, On ne put trouver l’auteur de ce tapage insolite ; mais bientôt on remarqua que la cause productrice semblait être intelligente. La plus jeune des filles de M. Fox, nommée Kate, familiarisée avec l’invisible frappeur, dit : « Fais comme moi. » et elle frappa de sa petite main un certain nombre de coups que l’agent mystérieux répéta. Mme Fox lui dit : « Compte dix. » L’agent frappa dix fois. « Quel âge ont nos enfants ? » La réponse fut correcte. À cette question : « Êtes-vous un homme, vous qui frappez ? » aucune réponse ne vint ; mais à celle-ci : « Êtes-vous un Esprit ? » il fut répondu par des coups nets et rapides.
Des voisins appelés furent témoins de ces phénomènes. Tous les moyens de surveillance furent pratiqués pour découvrir l’invisible frappeur, mais l’enquête de la famille, et celle de tout le voisinage, fut inutile. On ne put découvrir de cause naturelle à ces singulières manifestations.
On ne connaît pas ces recherches en France, ou on les connaît mal, de sorte que le spiritisme teste toujours, aux yeux du grand public, la farce des tables tournantes. Cependant le temps a fait son oeuvre, et cette doctrine présente aujourd’hui à l’examinateur impartial une série d’expériences rigoureuses, méthodiquement conduites, qui prouvent d’une manière certaine que le moi humain survit à la désagrégation corporelle.
Ce sont ces résultats que nous voulons exposer, afin qu’ils implantent dans toutes les consciences la conviction de l’immortalité, non plus basée seulement sur la foi ou sur le raisonnement, mais solidement étayée sur la science, procédant avec sa sévère méthode positive.
Peu de savants ont été, plus que moi, incrédules au spiritisme. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter mon ouvrage Pazzi ed anomali (les Fous et les Anormaux) comme aussi mes Studi sul Ipnotismo (Etudes sur l’Hypnotisme) dans lesquels je me suis laissé aller presque jusqu’à insulter les spirites. Je trouvais et je trouve encore aujourd’hui plusieurs assertions des spirites complètement inadmissibles : ainsi, par exemple, la possibilité de faire causer et agir les morts. Les morts n’étant qu’un amas de substances inorganiques, il vaudrait autant prétendre que les pierres pensent, que les pierres parlent.
L’intelligence qui gouverne ces phénomènes est quelquefois manifestement inférieure à celle du médium, et elle est souvent en opposition directe avec ses désirs. Quand une détermination a été prise de faire quelque chose qui ne pouvait pas être considéré comme bien raisonnable, j’ai vu donner de pressants messages pour engager à réfléchir de nouveau. Cette intelligence est quelquefois d’un caractère tel, qu’on est forcé de croire qu’elle n’émane d’aucun de ceux qui sont présents.
La génération actuelle est lasse des spéculations métaphysiques ; elle refuse de croire à ce qui n’est pas absolument démontré, et, si le mouvement spirite, qui compte déjà des millions d’adhérents dans le monde entier, n’a pas pris la première place, c’est que ses adeptes ont trop négligé, jusqu’alors, de mettre sous les yeux du public des faits bien constatés.