le Salon des Indépendants a donc toutes les raisons d’exister; et nous avancerons même qu’il est le seul, le seul, qui vaille! Nous préférons, en effet, mille fois, des efforts ratés ou que l’on juge ratés à des sempiternelles redites, à des banalités épuisées par tous les regrattiers de l'huile. Tenez, qu’est venu dire le Salon d’Automne, après les Salons officiels? A part quelques rétrospectives illustres : Cézanne, Renoir, Van Gogh, rétrospectives qui eussent pu être organisées aisément ailleurs —, il est devenu, ce Salon, un ramassis de vieux jeunes, un fonds de composts, un solde de « pannes » demi-officielles, de la liquidation de stocks invendables! Fier comme un pou sur un crâne d’évêque, il emprunte des tapis; il se fait courtier de publicité; il donne des concerts, des galas de littérature; et, de tout cela, que sort-il?
A l’entrée du groupe qui devait former quelques mois plus tard la Société des Indépendants on avait affiché. Exposition des Impressionnistes et, comme malgré cela, la foule ne savait quelle exposition choisir, on criait, des deux côtés, ainsi qu’à la foire : « C’est ici que se trouvent les meilleurs tableaux! »
Enfin des exposants de la future Société des Indépendants se dévouèrent, entrèrent, sortirent, rentrèrent, ressortirent, firent la foule, s’interpellèrent à haute voix, exprimèrent leur joie d’avoir vu «tant de bons tableaux! » ; et la foule, entraînée, alors les suivit.