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EAN : 9782915654288
209 pages
Au Vent des Iles (16/01/2004)
3.71/5   17 notes
Résumé :
L’Île des rêves écrasés met en scène ce malaise omniprésent qui déchire la Polynésie française d’aujourd’hui. Si son écriture semble agressive, c’est à une histoire d’amour que l’auteur nous convie. La publication en 1991 de L’Île des rêves écrasés a suscité de nombreuses réactions dans la société tahitienne, allant des félicitations les plus élogieuses aux condamnations les plus frénétiques. De courriers anonymes en appels non identifiés, la violence des attaques a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« C'était une île tranquille, corolle d'émeraude posée à l'aube des temps sur l'océan sans limite : Ruahini, vaisseau dont les voiles montent à l'assaut du ciel, falaises abruptes derrière lesquelles chaque soir le soleil, las de sa propre incandescence plonge pour se rafraîchir dans la mer nourricière ».
« L'île des rêves écrasés » premier roman de Chantal T. Spitz, en 2003, réédité en 2007, 2015, 2022, tant son précieux est une référence littéraire.
La beauté douloureuse d'un texte envoûtant dont la profondeur magnifique, éclatante, finement et audacieusement politique est également d'une empathie extraordinaire, belle à couper le souffle. le peuple autochtone de la Polynésie, Tahiti.
La chant oratoire est du sable brûlant entre nos mains. Entrelacs poétiques, sensibles, gorgés d'humanité, la langue carillonne et que cette musique est ensorcelante !
Les palpitations d'une île en mutation. Les croyances ancestrales, berceau d'une humanité dont la virginité va être tourmentée, immanquablement.
« Je suis venue vous annoncer que la Mère Patrie est en grand danger. L'Allemagne nous a déclaré la guerre et notre mère Patrie a besoin de tous ses enfants pour la défendre… Teuira, elle, recule le plus possible le moment où elle devra dire au revoir à ce fils, qui, hier seulement lui semble-t-il, apprenait à nager avec deux noix de coco lui servant de flotteurs. Mon petit part à la guerre ».
Trois générations s'élèvent dans cette trame spéculative et pleine de force. La ténacité des dires de Chantal T. Spitz est miraculeuse. Ne rien laisser sur la terre ferme. Border l'île des évènements qui encerclent l'idiosyncrasie et les habitus, les couleurs et les sentiments, et cette généalogie dont chacun devrait prendre exemple.
Dans cette île des rêves écrasés, familles assignées au sanglot lent. Hommes et femmes colonisés, le collier perpétuel cassé, perles enfouies dans une terre en proie à la souffrance de l'oubli.
Ne pas perdre, jamais, la lointaine voix murmurante des limbes bafouées. Inscrire la trace indélébile sur le front pâle des enfants. Serait-ce le symbole de Jonas ?
Le plein d'un peuple happé par une métropole humiliante et condescendante.
La capacité extraordinaire d'une autrice qui rassemble l'épars. L'identité vogue sur les flots sauvages et hostiles. Poète de la quête, essentielle et vibrante, digne, l'autrice est de mimétisme. Échappe au grand écart, elle est l'héroïne qui aime l'ensemble devenu, blanc, noir demi. Fronton des exactitudes sans ligne jaune. Tout dire.
L'amour pour les siens, ces hommes et femmes, battus par les tempêtes tropicales, les arrogances d'une France méprisante et orgueilleuse.
« Comme l'a pressenti Tematua avec l'intelligence de son coeur, le temps s'emballe, bouleversant les esprits, installant insidieusement dans les coeurs la honte du monde Mã'ohi et l'admiration des pâles reflets du monde de l'étranger ».
Les racines comme des paroles, le ciel et la terre, l'eau et les hommes.
« Où chaque homme, unique/Se tient debout dans le soleil levant/Fort de l'amour de tous les fils de la terre ».
Il est des étoiles, voûte lactée sur l'océan, le monde pourtant recroquevillé de par ses chagrins.
« Peut-être qu'un jour, si vous restez assez longtemps à Ruahini et si vous savez vous laver de vos idées toutes faites, vous commencerez à nous comprendre ».
« L'île des rêves écrasés » l'utopie vaincue. L'empreinte même de la mémoire résistante et altière. La violence de l'Histoire, les lâchetés des puissants.
« Nous procédons au premier tir de missiles dans un mois ».
« Les rêves brûlés, l'avion présidentiel survole Ruahini, le Général-Président assiste, revêtu d'une combinaison anti-radiations ».
« L'île des rêves écrasés », la mission même d'une littérature au pouvoir immense. La traversée d'un texte vibrant, qui ose et affirme son engagement pour dénoncer ce qui fut et encore de nos jours, jusqu'au vertige des vérités.
Le front de mer d'une littérature engagée et percutante. L'île des rêves écrasés, ensanglantés, déchiquetés, un tissage inoubliable dont on aime de toutes nos forces les hôtes de cette île. La Polynésie française dans ses plus vives contradictions.
Un chef-d'oeuvre poétique, obstiné, magistral. À noter une magnifique couverture de Gabrielle Ambrym dont on aime le fil rouge dans chacune des parutions de cette ligne éditoriale cruciale et vertueuse : Au vent des îles. Une urgence de lecture !
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Ardent best-seller polynésien
« Même les dieux dans les cieux ont suspendu le destin des hommes dans l'attente de la musique des paroles. »
Première femme à écrire un roman en Polynésie, Chantal T. Spitz signe L'Île des rêves écrasés en 1991. Véritable « événement » littéraire en pleine renaissance culturelle, où le lyrisme vient supplanter la prose, imprégnée de mots tahitiens, pétrie de mythes célestes et de revendications identitaires puissantes. Fille adultérine d'un père anglais et d'une Polynésienne, Emere passe une enfance à deux vitesses, entre deux cultures. Elle porte le fardeau des erreurs de sa mère sur la conscience, elle qui a transgressé son peuple, elle qui a aimé l'envahisseur et bafoué la loi de la terre, sacrée, fondamentale. Une saga familiale sur plusieurs générations, où l'amour l'emporte malgré les transgressions, signe que le syncrétisme entre les cultures est finalement, peut-être, possible...
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J'ai lu ce livre en connaissant déjà un peu l'auteur. Si le le roman se veut, et est engagé, il met en scène de beaux récits sur un fond historique pesant et rempli de clichés et de préjugés. le livre dénonce un certain nombre de choses, réelles par ailleurs, mais sans recul malgré une écriture que je trouve, globalement, très agréable et parfois poétique. L'idée générale derrière est quelque peu gênante aujourd'hui, "chacun chez soi et ne nous mélangeons pas", mais s'explique bien par le contexte local de la fin des années 80.
Ce livre a au moins le mérite de donner la parole, à l'écrit, aux polynésiens.
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Un livre assez particulier mais intéressant sur une partie de notre histoire
Particulier car pas mal de tahitiens à l'intérieur
Le modernisme à tout prix cela n'a pas que du bon.
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Un très beau roman mêlé de poésie qui relate parfaitement et réellement les tors de la France avec les îles de Tahiti. Une très belle histoire bien que triste qui le temps de quelques heures ou quelques jours nous emmène loin de chez nous. Un texte qu'il faut lire.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Cinq longues années passent, l'angoisse de Maevarua se mêlant aux cauchemars de Teuira, dans ce monde qui a changé de visage depuis le départ de leur enfant. Chaque aube, fidèle à sa parole, Teuira guette les voiles de la goélette qui doit lui rendre son enfant, surgie avec le soleil levant, après avoir vogué toute la nuit. Chaque soir, juste avant que le soleil ne se repose dans ses draps roses, Maevarua s'assoit sur la pirogue de son fils et adresse ses prières au ciel, demandant protection pour Tematua, à ses dieux, au dieu étranger et aux esprits de ses pères, espérant qu'au moins l'un d'entre eux aura le temps de veiller à ce qu'aucun malheur ne lui arrive là-bas, et le raccompagne jusqu'à Maeva.
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Même les dieux dans les cieux ont suspendu le destin des hommes dans l’attente de la musique des paroles.
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Videos de Chantal T. Spitz (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chantal T. Spitz
Derrière chaque paradis, il y a un enfer. Bienvenue en Polynésie ! Dans le lagon de Moorea, les eaux calmes et bleues bercent quelques voiliers tranquilles. Les cocotiers dansent au vent. Les tiarés exhalent leur parfum. Pourtant, à l?abri de la forêt, des flammes se fraient un chemin vers le ciel. Lilith Tereia, jeune photographe, tourne son appareil vers le bûcher. Devant son objectif, des bras, des jambes, des troncs se consument. Et quatre têtes. Pour quels dieux peut-on faire aujourd?hui de tels sacrifices ? Avec Maema, journaliste au quotidien de Tahiti, Lilith est happée dans le tourbillon de l?enquête. Les deux vahinés croiseront le chemin d?un homme venu de France chercher une autre vie. Un homme qui tutoie la mort.
« La perle noire du polar. » Julie Malaure, le Point. « Un diamant dans l?univers du noir. » Jérôme Pitt, libraire Furet du Nord, Lille. « Un polar azur qui démonte les clichés. » Chantal T. Spitz, auteure, directrice de la revue Littérama'ohi. « Un grand roman qui offre un voyage diabolique. » Benoît Minville, auteur, libraire Fnac Défense.
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