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EAN : 9782283024157
302 pages
Buchet-Chastel (27/08/2009)
3.09/5   11 notes
Résumé :
Le narrateur de ce conte contemporain est un avocat de 35 ans. Il travaille au Luxembourg pour un gros cabinet. Salaire mirobolant. Pas d’amours. Pas d’amis. Une femme de ménage... qu’il ne voit jamais.
Il est mal dans sa peau et se trouve insignifiant au point de se sentir transparent.

C’est ce malaise que Pascal Janovjak prend au pied de la lettre. Au cours d’un passage à Paris, l’avocat ressent une douleur inexplicable au cou, puis au bras. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique

N°401 – Mars 2010
L' INVISIBLEPascal JANOVJAK – Éditions Buchet – Chastel.

C'est un peu notre histoire à tous, au moins au début. Tous nous aurions voulu faire autre autre chose, être quelqu'un d'autre... Et puis il y a les hasards de la vie qui vous donnent parfois à penser que vous n'avez pas forcément fait le bon choix...
Le narrateur est avocat au Luxembourg, trente cinq ans et travaille dans un cabinet important. Sur sa situation professionnelle, il n'y a rien à dire, son salaire est très acceptable et il est compétent. On peut donc penser qu'il a réussi, malgré un âge relativement jeune. Pourtant il aurait voulu être artiste-peintre, mais c'était plus hasardeux, le droit c'était plus simple et il avait hâte de quitter Paris pour la tranquillité du Grand-Duché.
En réalité, il manque d'ambition et, côté personnel, c'est un solitaire, un timide, un malchanceux et le résultat de tout cela n'est guère brillant : pas d'amis, pas d'amour, malgré son attirance pour les femmes en général et pour son assistante en particulier, seulement quelques passades rapidement passées, un embonpoint naissant, pas mal de spleen, les mains moites et la prise de conscience de sa médiocrité, de son anonymat! C'est vraiment le désert dans sa vie.
A cause de cela sans doute et à l'occasion d'un voyage d'affaires un peu laborieux, il se rend compte qu'il est invisible. Là, cela devient intéressant et le personnage prend un côté original qui le différencie du commun des mortels auquel il ressemblait si bien. Et pourtant, chacun d'entre nous est un fantôme, perdu dans la foule, mais lui, sans avoir souhaité ce nouvel état, connaissait enfin ce qui lui avait toujours été interdit avant : il était heureux et surtout libre, transparent, un véritable courant d'air!

Dès lors, une nouvelle vie s'offre à lui et il endosse une nouvelle personnalité. Son nouveau pouvoir lui révèle des possibilités insoupçonnées, des audaces dont, dans sa vie antérieure il n'aurait pas eu le début du commencement d'une intention. Il en profite même pour régler quelques comptes, devenir voyeur, espiègle, coquin et même un peu voleur. Son regard sur les femmes, jadis timide et hésitant, devient sensuel et parfois inquisiteur. Tout cela l'entraîne dans un voyage improbable, peut-être initiatique dont le lecteur se demande s'il a réellement eu lieu, mais après nous sommes dans une fiction! Finalement les choses reviennent à leur vraie place et reprennent leur cours. Pas exactement cependant et cette période entre parenthèses lui permet une réflexion salutaire, un nouveau regard sur les choses et les gens, sur la société avec tous les travers que nous lui connaissons.

C'est vrai qu'on ne peut pas ne pas songer à H.G. Wells et à Marcel Aymé.
Le roman est bien écrit, avec un humour qui sait s'attacher le lecteur. le style est léger, presque primesautier. J'ai lu ce récit jusqu'à la fin avec plaisir, mais j'ai été un peu déçu par l'épilogue, je m'attendais à autre chose. Qu'importe! Mais j'ai bien aimé la réalité évoquée à une époque où seule compte la réussite professionnelle, les apparences et où chacun s'attache à faire prévaloir le paraître sur l'être, l'égoïsme, l'artifice, le plaisir immédiat. Sa volonté initiale de devenir peintre trouve, à la fin, une heureuse issue.
© Hervé GAUTIER – Mars 2010.










Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Résumé : Dans la riche et proprette contrée du Luxembourg, il est un homme, comme tant d'autres, qui perd sa vie à courir après l'argent, à vivre seul sans relations amicales, fraternelles, familiales. Avocat d'affaires sans ambition, il vit sans conviction, évitant ses collègues pendant les pauses, regrettant de faire ce métier qu'il n'aime pas. Un jour, alors qu'il prend sa douche, son corps se dématérialise soudainement : il devient invisible. Mais il est toujours vivant. Plus vivant que jamais même. Il se faufile, observe ses contemporains, voyage librement, assouvit même ses désirs sensuels. Cette expérience le libère de ses peurs, lui donnant des pouvoirs inhabituels, lui permettant de nombreuses folies. Insaisissable, il se retrouve en Sardaigne, puis traverse la Méditerranée...


Critique : Ce roman est une véritable belle surprise, un livre magistral, très riche.
D'abord et très vite, il y a le style de Janovjak, une plume espiègle, poétique, séduisante.
Ensuite il y a cette histoire loufoque. Devenir invisible. Mais l'auteur a étudié les conséquences possibles, et dans ce cas, il y a seulement la lumière qui traverse ce corps, mais son corps n'a pas disparu, son métabolisme ne s'est pas tu : il transpire, il digère, il se salit et se couvre de poussière, se dessine sous la pluie, il est consistant, peut provoquer des chocs, renverser les objets, se trahir par les bruits provoqués. Alors notre héros, invisibilité pour invisibilité, veut passer le plus possible inaperçu, ne jamais être détecté pour pouvoir être entièrement libre. Il faut faire attention à se déplacer exclusivement nu, sans clé ni aucun accessoire, éviter de sortir sous la pluie, s'empêcher de lâcher des paroles qui feraient sursauter l'entourage....
Monsieur s'accorde quelques bons moments, se délace sur la côte sarde. Et puis un jour, un homme sur la plage retient son attention. Et il le suivra très loin.
C'est aussi un livre qui marque par sa poésie, son côté fabuleux (de fable) et la mise en cause d'une société qui rend des hommes transparents, sur lesquels le regard des autres ne fait que glisser. Et là, pour le coup, la véritable invisibilité l'a rendu tout puissant.... mais seul, bien évidemment.
Pascal Janovjak a tenu le pari jusqu'au bout et la fin n'est pas ratée. Pour un premier roman, c'est plus que prometteur !

Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Avocat luxembourgeois de 35 ans, gagnant bien sa vie, vivant une vie de solitude, regrettant une profession choisie par dépit, renonçant ainsi à son goût pour la peinture, le personnage de ce roman va vivre au fil des pages une expérience aussi étrange qu'extraordinaire. Suite à un rendez-vous d'affaires avec un client qui fût un échec, ce personnage va se réveiller le lendemain à sa chambre d'hôtel totalement invisible. Après un moment d'inquiétude, celui-ci va vite s'apercevoir que cette invisibilité va lui permettre de se soustraire à toutes ses contraintes notamment professionnelles, et jouir d'une liberté toute nouvelle. Petit à petit, il va ressentir un sentiment de toute-puissance puisque qu'aucun lieu ne peut se refuser à lui. Cette situation va lui permettre de s'attarder sur ses congénères.
Grâce au voyage que va effectuer le personnage de Paris à la méditerranée, celui-ci va renouer avec les émotions humaines et son humanité. Ce périple l'obligera à prendre du temps, à prendre du recul sur sa vie passée et à savoir faire des priorités.

Ce roman est un véritable livre sur le savoir « bien vivre ». Il nous encourage à faire attention à notre entourage et également à nous même, dans une société où tout va toujours plus vite et où les objectifs sont toujours revus à la hausse. Ce livre amène à réfléchir sur la vie et le sens à lui donner.

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Avocat d'affaires au Luxembourg, le narrateur (il se nomme Griffin, mais son nom n'est cité qu'une fois) mène une vie solitaire et morne. "Trente-cinq ans, un salaire mirobolant et une femme de ménage que je ne voyais jamais."
"Je ne vais pas vous décrire le Luxembourg, c'est comme vous l'imaginez - et si vous n'imaginez rien, c'est encore mieux, c'est tout à fait ça."

Plus de petite amie, pas d'amis. Ses collègues lui font sentir son infériorité, pire, ils l'ignorent.
Il découvre un jour qu'il est devenu réellement invisible.

Au tout début il se lâche carrément, joue des farces, vit sans payer, se venge de deux de ses collègues, et puis il part en voyage en Sardaigne.
"Mon pouvoir m'offrait ce que la vie m'avait jusqu'alors refusé : le droit à l'improvisation." "L'invisiblité me conférait une puissance inouïe."
"Toutes ces vies entrelacées,que j'avais si consciencieusement ignorées, pendant tellement longtemps, toutes ces existences secrètes qui palpitaient , derrière les salutations anonymes, derrière les sourires de circonstance, j'entrevoyais à présent l'inextricable réseau de leurs désirs, les abimes de leurs passions inavouables, de leurs peurs enfouies. "

Il décide brusquement de suivre un homme, parce qu'il en a envie, et se retrouve en Israël.
Là son invisibilité commence à lui peser...
"Privé de corps j'étais privé de parole, je ne pouvais compter que sur moi, seul dans la foule indifférente, spéléologue oublié dans une caverne..."

D'autres auteurs ont déjà écrit sur le thème de l'invisibilité, H.G. Wells par exemple, ou bien Westlake dans Smoke.
Dans cette fable moderne, glacée et désabusée, Pascal Janovjak a adroitement exploré les conséquences de l'invisibilité chez un "héros" assez peu sympathique et préalablement sans densité particulière. On le suit sans désemparer et sans effort, mais sans empathie.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Un avocat luxembourgeois constate avec amertume la médiocrité de son existence. Il se trouve insignifiant, presque transparent. Un soir, dans sa chambre d'hôtel parisienne, la métamorphose de produit: il devient parfaitement invisible. Bien décidé à profiter de son nouveau statut, il vit en roi, se délectant de sa toute-puissance sur l'humanité. Plus rien ne l'empêche de voler impunément, d'entrer chez les gens, de regarder les femmes. Mais il lui en faut plus. Il décide de suivre dans la rue un inconnu, qui l'entraînera jusqu'à Tel-Aviv. Là, perdu, sans aucun recours, l'invisible découvre le revers de la médaille.
Ce que j'ai tout d'abord adoré dans ce roman, c'est ce ton cynique, cet anti-héros qui cache son dégoût de lui-même en crachant son venin sur les autres et sur tout ce qui l'entoure: "Je ne vais pas vous décrire le Luxembourg, c'est comme vous l'imaginez - et si vous n'imaginez rien, c'est encore mieux, c'est tout à fait ça". [...]
En revanche, j'ai eu beaucoup plus de mal à suivre la seconde partie: lorsque notre passe-muraille décide de suivre l'Arabe: pourquoi lui? qui est-il? pouquoi Tel Aviv, ce n'est tout de même pas neutre comme destination![...]
Il s'agit également d'un roman initiatique: c'est vers sa propre disparition que court le narrateur, ce dont il ne se rend compte qu'une fois perdu dans cette ville inconnu, après un cheminement destructeur et absurde, puisqu'il se rend compte que si personne ne peut le voir, personne ne se doute de son existence. C'est bien le rapport aux autres et à soi qui est mis en fable fort plaisante dans ce roman.[...]
Retrouvez l'intrégralité de ma critique et toutes mes lectures sur mon blog.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
"Mes sens étaient constamment en alerte, plus affûtés peut-être, comme pour compenser mon manque d'opacité. Jamais je n'avais prêté tant d'attention aux parfums, que je pouvais dorénavant respirer à même les nuques. Il y en avait qui m'enivraient comme des alcools trop forts, d'autres qui excitaient mon désir, des chauds, des mielleux, des écoeurants, des alchimies complexes, subtilement mêlées à la peau, d'autres posés comme à la truelle. Des femmes qui sentent l'animal, d'autres qui ne sentent rien, les pires. Un soir je fus surpris par l'odeur de ma propre sueur, aigre, répugnante. Mon corps était bien là, je pouvais le toucher. Il fallait juste que j'y pense, parfois, que je n'oublie pas de me laver, de me brosser les dents, de me curer les oreilles, en faisant confiance à mon toucher. C'était peu cher payé pour les plaisirs qui m'attendaient."
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"Ce que nous faisions vraiment, c'était juste faire glisser des fortunes colossales sur les rails élastiques de la loi internationale, vite installés, vite effacés, souples et silencieux comme la morale, une discrète contrebande et des milliards s'échappaient, volant de compte en compte, légers comme l'air, ils filaient comme les nuages, loin au-dessus des pauvres hères qui vivaient encore dans le réel, qui payaient leur bière comptant, et leurs impôts, avec leurs trois gouttes de sueur." (p 34).
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Toutes parties se coucher, se noyer dans la solitude de leuujours le même scénario, il y a là une belle, vous jouez des coudes pour l'approcher, vous n'osez pas, et puis vous osez quand même, vous faites des pieds et des mains et des sourires et des yeux, et elle ne vous voit pas__elle vous répond à peine et son regard vous traverse, se perd par-dessus votre épaule, dans la direction d'un autre, un autre déjà bien entouré-, alors vous approchez la suivante, un peu moins attirante mais quand même, et puis une troisième, et il ne vous reste même plus les laides, parce qu'elles sont déjà dans leurs draps roses.p.23
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"On persiste encore à gâcher du papier pour des informations qui seront obsolètes le lendemain, quand, de toute façon les seules qui ont vraiment du poids sont celles qui ne sont pas encore publiées. Celles-là valent de l'or, alors même qu'il ne s'agit que de quelques mots sur un message électronique, une phrase inachevée dans une conversation." (p 20-21)
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»J’avais juste franchi un pas de plus dans l’anonymat, ma disparition n’affecterait personne.Il est tellement facile de se couper des autres, il suffit de se laisser porter par la spirale de la solitude, la tentation de l’autarcie-combien de fantômes croisez-vous chaque matin, qui hantent les rues des grandes villes, combien d’âmes errantes, sans attaches, sans visage? » p.55
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Videos de Pascal Janovjak (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pascal Janovjak
En 1980, la salle des machines d'un énorme pétrolier baptisé le Salem prend feu au large des côtes sénégalaises. L'équipage est sauvé par un navire anglais qui s'éloigne en sachant que le tanker, chargé de 200 000 tonnes de brut, va exploser et provoquer la plus grande marée noire de tous les temps. Mais le géant de fer bascule et coule sans la moindre étincelle. Un mystère, une histoire unique, celle de la plus extraordinaire escroquerie du siècle.
le nouveau roman de Pascal Janovjak paraît en librairie le 3 janvier 2024 ! https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature-francophone/le-voyage-du-salem #litterature #rentreedhiver
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