Un album qui creuse les apparences, qui tente de redonner une seconde chance aux causes dites perdues. Mais attention, avec tendresse et humour.
On sait bien que les ogres ne feront pas pleurer dans les chaumières.
Les ogres, on les aime dans les contes au même titre que les sorcières, pour nous donner le grand frisson. Si les princes charmants se mettaient à jeter des sorts et à se changer en dragon dans les histoires, où irait-on?
Quel drôle de repère! Une chose honteuse.
Et pourtant, l'ogre de l'histoire rêverait bien d'un autre rôle alimentaire de composition.
"Il faut le bon physique. Comme je vous l'ai dit, il y a des gens qui ont l'air de ce qu'ils sont.", nous dit l'auteure
Véronique Cauchy.
En effet, il ne sera pas simple pour notre ogre de prétendre à autres choses sur le marché de l'emploi.
L'adage "on est ce qu'on est" veut-il dire que l'on est ce que l'on donne l'impression d'être?
C'est très subtil ici.
Les ogres servent en tous cas à des leçons scolaires sur la prudence, c'est utile ça, on le conçoit.
En attendant qu'une révélation nous tombe dessus, nous sourions des multiples clins d'oeil de la culture littéraire jeunesse ou animée logés dans le texte et l'image, on ne s'ennuie en tournant les pages.
En attendant quand même, l'ogre a faim et il va falloir trouver une solution illico presto.
Véronique Cauchy nous détourne aimablement le conte du loup et des sept biquets, transformant le colporteur en ogre donc et nos sept victimes coincés à la maison en septuplés infernaux qui ont la gastro-entérite.
Munis d'une porte d'entrée avec une caméra, les sept mioches ne seront pas dupes des ruses de l'ogre qui usera de toutes les ressources du monde moderne pour tenter d'entrer.
Seigneur! Nous voulions vous parler de rédemption et ce n'est pas gagné avec ce gros ogre plein de soupe et vide d'enfants qui a faim.
L'album est irrésistible d'un bout à l'autre et la fin ne sera pas celle que l'on croit, avec toute la bonne volonté des contes de fées.