Dans cet essai devenu culte François Dupuy développe les notions d'endogénéité et d'externalisation qui sont souvent la source d'un sous-travail, encouragé par la paresse managériale et la peur des syndicats. Car parfois le personnel n'hésite pas à dramatiser des situations pour rester dans sa zone de confort. Ce cercle vicieux est souvent la cause des réticences aux changement. De plus les nouvelles formes de travail en transversalité privent parfois les cadres de leviers de motivation (évaluation, promotion et rémunération) puisque tout est géré par des services spécifiques (RH ou autre). D'autre part la dérive intellectuelle du management pose question, en effet dans la forme comme dans le fond le recours à un jargon technique ou à des clichés éloignent plus que jamais les dirigeants de la réalité vécue par les équipes. Ces envolées presque lyriques sont à la fois culpabilisantes pour les employés, tout en déresponsabilisant les directions. L'abstraction du discours managérial et la paresse intellectuelle des responsables, l'automatisation des procédés, l'accroissement exponentiel des contrôles et procédures sont des facteurs essentiels de démotivation. Car trop de contrôle tue le contrôle, et surtout la motivation. Le "délire procédurier" fait donc plus de mal que de bien aux organisations. Anticiper les effets du changement est essentiel, car expliquer n'est pas suffisant pour remporter une pleine adhésion. Le sentiment d'abandon éprouvé par les équipes les conduit à des fonctionnements déviants ou de protection bien naturels. Il s'agit donc pour le manager d'adapter l'organisation à la stratégie, de se préoccuper autant de ses employés que de ses clients, et surtout, de rester dans la simplicité et la confiance.
Commenter  J’apprécie         20
Les pratiques managériales visent avant tout à réduire la conflictualité au sein de l'organisation beaucoup plus, en première instance, qu'à maximiser le gain escompté. [...] Paix sociale et "pas de vagues" sont les deux mamelles du développement économique en période de croissance.
Un Premier ministre a suggéré un jour que l'on adapte les horaires des policiers à ceux des délinquants. Il avait tout compris du caractère endogène des organisations.
Nous verrons [...] que l'on contrôle mieux dans le flou que dans la clarté ; que ces processus génèrent plus de difficultés qu'ils ne créent de visibilité, qu'au lieu de donner aux entreprises les moyens de reprendre le contrôle d'elles-mêmes, ils découragent les bonnes volontés et encouragent les comportements routiniers et bureaucratiques. (p. 147)
Les entreprises ont donc une étonnante capacité à détruire la confiance qui a assuré les succès initiaux de la plupart d'entre elles. Dès lors qu'elles souhaitent substituer à l'initiative, à la bonne volonté ou au sérieux de leurs salariés des processus et des contrôles renforcés, elles font passer un message clair de défiance et tout le monde le comprend ainsi. (p. 164)
Le temps n'est plus où l'on cherchait à comprendre le problème avant de rechercher la solution. La solution, on la trouve aujourd'hui dans les tiroirs des cabinets de conseil, qui la rendent d'autant plus complexe que son "déploiement" nécessitera une armée de consultants, jeunes de préférence, sur lesquels ont fait la "marge". (p. 196)
François Dupuy - Lost in management Volume 2 : La faillite de la pensée managériale .François Dupuy vous présente son ouvrage "Lost in management Volume 2 : La faillite de la pensée managériale" aux éditions du Seuil. http://www.mollat.com/livres/dupuy-francois-lost-management-faillite-pensee-manageriale-9782021136500.html Notes de Musique : ?Blackstock Mews? (by Downliners Sekt). Free Music Archive.