Je remercie Babelio et les
Editions Max Milo de m'avoir permis de lire ce récit du voyage de la septuagénaire
Madeleine MELQUIOND intitulé « A ceux qui nous parlent comme à des enfants – Mon voyage en septuagénie ».
Les différentes anecdotes évoquées par l'auteure retracent, heureuselment avec humour et dérision, cette décennie durant laquelle, comme elle le précise, «la vieillesse (est) une métamorphose brutale». Elle énumère des méthodes intimidantes, méprisantes réservées aux «p'tites dames» dont l'état général s'aggrave, procédés qui ne sont pas forcément appliqués aux hommes du même âge dont on se moque pour certains en les traitant plutôt de «vieux beaux».
Que de bouleversements qui passent d'abord par une phase de constat statistique, médical et social révoltant dans le premier chapitre. Puis survient la fabrication de la vieille qui fait l'objet du deuxième chapitre où je souris des difficultés rencontrées par cette « p'tite dame » devant l'évolution rapide de la technologie, du recours quasi indispensable à l'informatique pour les appels téléphoniques et les agendas, et de la modification du physique. Surgissent en troisième partie les aidants paramédicaux dont la liste est longue, les aidants inconnus pour votre hygiène et celle de votre logement, pour les repas, des bénévoles pour vous faire réaliser des activités, des démarcheurs pour vous conseiller les meilleurs adaptations de votre habitation ou même de déménager dans des maisons sans vie spécialement aménagées pour les personnes âgées. Vous vous retrouvez accaparée par d'incessantes manipulations, intrusions quotidiennes dans votre domicile et vie courante par toutes ces personnes qui peuvent être ressenties comme intimidantes, méprisantes ou compatissantes, infantilisantes.
Vous résistez ? Arrive alors l'ultime solution, l'EHPAD et les attitudes avilissantes de certains personnels pour, en définitif, atterrir sur un fauteuil roulant pour le reste de votre vie.
Il y a toutefois l'un ou l'autre résistant énergique qui refuse de muer, sujet du dernier chapitre et qui apporte une lueur d'espoir à toute cette dégénération. Il y a ceux qui imposent encore le respect comme dans les lointaines époques « où les vieillards étaient consultés comme des oracles », qui refusent l'uniformisation des vêtements et chevelures, et qui tombent amoureux, encore, à cet
âge !
J'ai bien apprécié cette énumération d'épreuves aboutissant au troisième et presque quatrième âge car j'ai durant de longues années travaillé dans ce qu'on appelait encore des maisons de retraite et des services de long séjour où j'ai pu constater avec désolation toutes les situations évoquées. Quelle lucidité de l'auteure ! J'ai pu suivre des personnes valides ayant lutté contre leur dégradation et la mise en EHPAD et qui, sur des matelas à eau pour éviter les escarres, attendaient leur fin de vie après de nombreuses années en résidence pour personnes âgées dans les différentes unités de plus en plus médicalisées. Je suis d'autant plus amusée par le regard pétillant porté sur cette tranche de vie que je redoute tant.
A lire lorsque l'âge avance inexorablement avec en fond sonore
« Résiste, prouve que tu existes » de
France GALL.