Mijouet tient à remercier les éditions Michalon ainsi que Babelio pour ce roman qu'il a découvert dans le cadre de l'opération Masse critique du début de cette année.
Lorsque Mijouet découvrit la dernière "Masse Critique", il commença par choisir quelques livres, et soudain il tombe sur un auteur dont le nom lui fit revivre une page entière de son enfance… alors il pousse sur le Buzzer frénétiquement… à tel point qu'il finit par recevoir le livre en question à sa critique.
Un court instant le voilà projeté à près de cinquante ans en arrière.
Un jour, Mijouet accompagna son père qui rendait visite à Soleyman Moradpour: Homme discret, mais possédant une des plus belles collections privées de tapis persan. Ces tapis, étaient exposés dans les suites de pièces d'un immeuble jouxtant d'un coté le Conservatoire de Musique de Genève. C'est là que Mijouet découvrit ces oeuvres rares et uniques, avec un ravissement touchant au plus profond de sa sensibilité d'adolescent.
Nous parlions d'amour de peur de nous parler d'autre choses
Edouard Moradpour nous propose un livre étrange, qui pourrait tout aussi bien être une pièce de théâtre ou mieux une oeuvre cinématographique. A le lire, on ne sait pas trop où en veux venir l'auteur, sinon de mettre en scène, dès la première page, la mort.
Il y a Julien, avocat brillant, carriériste, qui charrie un égo démesuré, agrémenté d'un bel Oedipe, et pour qui les femmes, même les plus brillantes, n'ont de place qu'ailleurs de la voie qu'il s'est tracée. Un jour, Julien organise un rendez-vous avec de brillants collègues de droit, amis et anciens étudiants contemporains de sa promotion, associés potentiels, venus discuter de son projet de créer une nouvelle étude à Paris. Soudain, Il piqua une crise à la vue d'une personne nullement invitée s'approcher d'eux au bras de Nathan, Dorothée, une femme splendide, qu'il prit pour l'amie de ce collègue, alors qu'il avait devant lui une des femmes les plus au courant des affaires et connaissant intimement de nombreuses personnalités clés. Cette dernière ne se démonta pas: elle commanda un taxi et s'en alla, après avoir posé sa carte de visite sous le nez de Julien. Pas brillant, l'avocat! Mais il peux être pire: d'un message sur un répondeur, il ne se gêne pas de stopper sa relation amoureuse avec Claude, comme on jette un"Kleenex" à la poubelle! A ce point, les lecteurs cherchent encore quel est le mot entre "mufle" et "goujat" qui lui est le plus approprié. Probablement ni l'un ni l'autre, car une personne de l'entourage de Julien, prend une place énorme dans sa vie: Maman. Elle survit à une maladie qui n'en finit pas de lui ronger le cerveau. Parfois elle a des crises de violence, parfois quelques taches de lumière:
Julien: "Maman je suis ton fils", "Maman je suis ton fils qui t'aime"
Un instant après, elle répond: "Mais bien sûr mon Julien, je sais qui tu es. Et l'école, tout s'est bien passé aujourd'hui à l'école?".
D'un autre côté, nous trouvons Eléonore, une violoniste qui doit sa carrière fulgurante à un accident improbable d'un premier violon, et qui rêve d'avoir un enfant avec Fiodor, l'homme de sa vie qui l'adore avec volupté. Mais il ne voit en elle que l'artiste et non pas la femme. Il lui offre des voyages en Italie, par exemple dans un des meilleurs palaces de Venise, avec deux billets pour assister à la Traviata jouée à la Fenice. Cependant le mortier qui lie cette tendresse et cet amour est en train de se désagréger lentement: sans le dire ouvertement Fiodor rêve de gouverner la carrière d'Eléonore.
Voilà Julien et Eléonore sont deux personnes radicalement différentes mais dont le destin, ou si vous préférez, l'auteur, se chargera de faire croiser leurs routes, et là, il s'y passera quelque chose…
Voilà, les cartes sont distribuées.
Du point de vue de l'écriture, abstraction faite de la volonté de l'auteur de placer le lecteur devant une forme de journal qui n'en est pas un, Mijouet ne trouvera rien de particulier à dire dans la manière d'évoquer les faits, les émotions, la vie des personnages, les fêtes somptueuses, sinon de faire apparaître, discrètement, sa culture, sa connaissance de l'art, du monde des affaires et de la vie mondaine actuelle.
Il y a aussi son amour du détail, par exemple un numéro de rue, ou son nom, la description d'un lieu, comme on en trouve, par exemple, dans les romans de
Metin Arditi. le vocabulaire est précis, propre, les évènements, à la limite plausibles, certains trouveront peut-être qu'il y manque un peu de sel et de poivre. Mais là, il n'est question que de goût et de sensibilité…
Mijouet, quant à lui, préfère les piments!