Le titre initialement prévu, annoncé en fin des précédents ouvrages Sociorama, était plus sobre. C'est bien parce que je suis devenue fan de cette série que j'ai passé outre ce 'zizi' racoleur, rougeaud & turgescent (même si ce genre d'humour ne me fait pas toujours reculer)...
De février à avril 2017, la sociologue Julie Pagis et l'illustratrice Lisa Mandel sont allées ensemble dans une école primaire de Seine-St-Denis (alias 9-3) pour interroger et écouter deux classes (CE1 et CM2), sur l'élection présidentielle à venir. Il y avait de la matière pour faire réagir des enfants sur ce sujet, l'actualité politique a été chargée, la campagne aussi spectaculaire que navrante et ridicule.
Ils sont vraiment rigolos, ces gamins de huit à douze ans ! Ils répètent ce qu'ils entendent à la maison, dans la rue, à la TV, ils font leurs amalgames, créent leurs raccourcis pour piger des discours plus ou moins complexes et une situation qui les dépasse. Comme nous, quoi - sauf qu'ils sont plus sincères, et plus manichéens (grande mansuétude utopique vs égoïsme assorti d'une discipline de fer).
On peut déplorer quelques longueurs, les jeux de rôle pour faire débattre les élèves m'ont semblé superflus.
Les passages où Julie Pagès explique ses méthodes (absence de l'enseignant pour que l'élève ne se sente pas jugé, notamment), et décrypte les comportements et réflexions sont en revanche bienvenus et d'autant plus passionnants si l'on s'intéresse à la discipline.
• Exemple :
« Les enfants sont-ils de gros fachos ?
On a demandé à des enfants de 7 ans comment ils verraient la France idéale.
-> « Plein de police. Des caméras partout ! La cigarette interdite. De la propreté. On tue les voleurs ! C'est quoi cette coiffure ? Les barrettes c'est pas fait pour les chiens ! Je peux te chanter l'hymne nazi que j'ai appris à la récré ? »
On serait donc tenté de répondre OUI. Et on en vient même à se demander si cet autoritarisme ne serait pas BIOLOGIQUE ! Genre : tous les enfants auraient un 'penchant' réactionnaire. Mais gardons-nous des conclusions hâtives... [...] Les enfants sont perpétuellement l'objet de pratiques autoritaires [ -> On ne coupe pas la parole à un adulte. Hop, en pyjama ! On ne répond pas ! Lave-toi les dents. ne mets pas de l'eau partout !! Les pantoufles ! Mets pas tes doigts dans ton nez ! Tiens-toi droit ! ]. Il ne faut donc pas s'étonner que nos chers bambins soient tentés de recycler les schémas répressifs auxquels ils sont soumis, à la terre entière... »
(p. 72 > 76)
Intéressant et amusant !
A lire, comme la plupart des autres ouvrages de la série 'Sociorama'.
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Une sociologue qui parle politique avec des écoliers, un spectacle irremplaçable. Avec en prime des références décalées et un langage fleuri. Derrière les rires rafraîchissants, un état de notre société, avec ses failles et ses peurs...
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Une sociologue et une auteure de bande dessinée ont passé trois mois dans une école pour travailler avec les enfants sur l’élection présidentielle. Une bande dessinée drôle et vivifiante.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Les gamins se mettent même dans la peau des politiques pour un irrésistible débat, qui voit Jacques Cheminade triompher de Philippe Poutou grâce à la question des retraites. « Ma mamie elle a 63 ans et elle travaille encore ! » Imparable.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Un ouvrage salvateur, à la fois désopilant et édifiant.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Certes c'est pertinent, mais une fois qu'on a saisi le processus et les diverses réactions qui reviennent sans cesse on se dit qu'on a fait le tour.
Lire la critique sur le site : Sceneario
- Vous avez entendu que Mélenchon, on l'accuse d'être communiste...
- C'est quoi ?
- JE SAIS ! Un communiste, c'est... Tout le monde doit partager, on va dire. On va tous gagner la même chose.
- Arrête de faire ton intéressant, là.
- Ça veut dire que si quelqu'un a 100 euros, il partagera pour que tout le monde ait 10 euros !
- QUOI ? C'est nul !
- C'est ki ki a dit ça ?
- Ça veut dire que l'argent que mon père il gagne, il doit le partager avec les autres ?
- Et si on n'a pas envie de partager ?
- Si les gens ils travaillent pas, pourquoi on va leur donner de l'argent ?
- C'est vrai ! Mon père il travaille dur. Il gagne beaucoup (il est plombier). Pourquoi il devrait partager avec les autres ?
- Moi je préfère le capitalisme. Dans le capitalisme, t'es radin. C'est bien.
(p. 127-128)
[ élèves de primaire ]
- Si vous aviez Macron en face de vous, vous lui diriez quoi ?
- Bonjour, Emmanuel Macron, si j’ai un truc à te dire : change de meuf.
- Ouais, elle est trop vieille.
- Il a le droit d’être amoureux ! C’est sa vie !
- Ben oui hein !
- Mais oui ! Elle l’aime ! « L’amour n’a pas d’âge ».
- Oui mais l’autre fois t’as dit : « C’est comme si on se mariait avec son maître ».
- Ta gueule : l’amour n’a pas d’âge !
(p. 164)
- Si j'étais présidente, je sortirais tous les racistes de France. [...]
- Comment tu vas sortir les racistes de France ?
- Ben je demanderai à la police de m'aider, on trouvera tous les racistes de France.
- Et comment on les reconnaîtra ?
- Ben c'est simple ! On va dire : « Est-ce que vous aimez les musulmans ou pas ? - NON ! - Ah ben ça veut dire que vous êtes raciste ! Dehors la France ! »
(p. 44 > 46)