Trouvé sur un étalage, je ne me suis pas privé d'emporter ce livre qui ne sera jamais réédité. L'auteur écrit divinement bien et nous offre une construction intellectuelle sidérante de justification de sa déviance personnelle. Il crée son propre univers, mélange de détestation du monde et de haine des autres hommes, afin de se conforter dans son obsession. On reconnait à posteriori, d'ailleurs, les conditions de la fin de l'auteur qu'il annonce: éloignement, réclusion, repli sur soi, solitude absolue. Je ne me lasse pas de rester ébahi par le fait qu'un tel texte ait pu être publié (en 1978) alors qu'il constitue une manière d'apologie de la pédophilie, avec des scènes non censurées de surcroît, et ne pourrait en aucun cas l'être aujourd'hui. Alors que sont chantées et éditées des chansons de rap qui incitent à la haine et au meurtre racial... (envers les Blancs pour ceux qui auraient raté un épisode...)
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Jonathan se rappela que, lui aussi, il avait eu, vingt ans plus tôt, une énergie aussi ardente et aveugle: et, lui aussi, en pure perte. On peut lutter contre des hommes, de simples hommes: on ne peut pas lutter contre des personnages, contre des rôles, car il y a une société entière derrière eux.
p. 223, éd. de minuit, 1978.
Certaines plantes, dans une terre, absorbent les substances qui leur conviennent, et elles épurent le sol : aussitôt, ce sol devient viable pour d'autres plantes qui, sinon, y crèveraient. Chacune prend et répand des nourritures différentes; chacune élimine ainsi les poisons qui empêcheraient l'autre de vivre. Telle était l'amitié de Jonathan et de Serge, sans qu'on puisse savoir lequel des deux, vraiment, purifiait le monde pour l'autre.