Une femme de la mi-trentaine, ayant abandonné deux ans auparavant un fils ingrat et une mère castrante, apprend par un coup de téléphone la mort de cette dernière; prostrée elle se remémore les deux dernières années, depuis sa fuite de Montréal, et se questionne sur le sens de sa vie. Cela aurait pu être intéressant, mais ni la construction, ni les propos, ni l'écriture ne m'ont touché. Mon plus gros inconfort réside dans un paradoxe apparent. S'étant supposément libéré de la mère deux ans auparavant, comment se fait-il que sa mort remette immédiatement et fondamentalement tous les choix de la narratrice?
L'espèce de catatonie dans laquelle elle plonge arrive de nulle part. Les nombreux flash-back sur sa fuite et sa vie antérieure mettent en scène des personnages stéréotypés, manichéens, pas suffisamment développés pour retenir l'attention. Je me suis vite lassé de cet autoapitoiement perpétuel, de ce désarroi inexplicable, de cet univers factice de cocooning abitibien. Bref je ne dois pas faire partie du public cible. . .
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Le deuil de ma mère s'est accompli cette fois-là dans l'église de Val-Paradis, le deuil de ce qu'il y avait de meilleur en elle, de sa capacité de nous projeter dans l'art, de nous enseigner l'envers des choses, de refuser le main stream de la vie. En écoutant Prokofiev, j'ai compris aussi que c'était un piège, et que ma mère nous enfermait paradoxalement dans son monde tout en nous enseignant ses chemins de liberté totale. Le non-conformisme pur et dur est une exigence quasi religieuse. Un cloître dont on ne peut s'échapper. Avec ma mère, impossible de se relâcher, de se permettre un instant d'être comme ces gens qui sont comme tout le monde, qui ne cherchent pas à être uniques et qui font leurs achats chez Walmart. À force de vouloir être absolument libre, on se barricade.
Louise Desjardins lit des poèmes inédits