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EAN : 9782875684820
180 pages
Espace Nord (02/01/2020)
3.84/5   28 notes
Résumé :
Au départ c est un jeu. Une manière de tuer le temps. Trouver une proie, en l’occurrence une conductrice esseulée sur une route de campagne, puis la prendre en chasse. Faire crisser les pneus sur l’asphalte, serrer de près sa voiture pour le plaisir de voir sur son visage les traits de la frayeur. Les jours sont longs pour Mike, Jeff, Jimmy, Lucky Strike et compagnie; la vie est grise dans leur ville-dortoir, entre fermetures d usines, marasme économique et misère s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Thriller social assez court ancré dans une région économiquement éprouvée par la désindustrialisation. On y croise des gens un peu paumés et en manque de repères comme en crée ce genre de lieu.
Cela m'a fait penser à « leurs enfants après eux » dont l'action se situait dans l'Est de la France. La similitude des profils rencontrés est frappante.
Pour le roman lui-même, rien à voir : celui-ci est mené à un train d'enfer, on ne dessine pas gentiment des personnages, ils sont tracés à gros traits épais. Pas de demi-mesure : du gris (Belgique ! ) du noir, pas moins.
Violence des sentiments, dégoût de l'inhumanité exacerbée par la déchéance sociale. Noirceur des âmes, jusqu'aux derniers maux.
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Rodéo, c'est la vie pas l'paradis.
Eh oui, Zazie l'avait déjà dit dans une de ses chansons qui m'a trottée dans la tête un bon nombre de fois pendant la lecture de ce roman coup de poing.
Un roman court, qui asphyxie par le vide abyssal de la vie de ses personnages. Que le coeur de l'homme est creux et plein d'ordure" comme disait Pascal.
On n'est même plus dans le plat pays, on est dans le néant total. le ciel est bas et lourd. Les gars et leurs fronts aussi. "
On est dans le cercle vicieux de l'abrutissement par la consommation, l'alcool, l'ennui, la culture général en-dessous du niveau zéro, qui se transmettent presque religieusement de génération en génération. Aucune ambition. A peine un sursaut à cette période charnière, entre la fin de l'adolescence et le début de "l'adultie", vite étouffé par la vie active. Enfin active si l'on veut : se traîner de son chez soi étriqué à l'usine. Remplir l'ennui des weekends et soirées par des beuveries, des virées en voiture bichonnées comme des bêtes de concours, passer d'une femme à l'autre jusqu'à ce que la bonne ou celle qui s'est retrouvée enceinte interrompe le tableau de chasse de la pétasse à robe moulante et tee-shirt aussi minimaliste que le cerveau.

Parfois un miracle : une femme avec cerveau et plastique impeccable, tente de s'extirper de la boue. Mais la boue, ça colle, ça sent, ça se niche sous les ongles. Et parfois en voulant courir pour lui échapper on finit par tomber dedans...et c'est pire.

J'ai vraiment adoré ce court roman. L'écriture qui empile ces petits détails de vie insipide jusqu'à vous en donner la nausée. Les accumulations d'expressions imagées subtilement choisies. Vraiment bravo.

J'avoue avoir une certaine tendresse pour la Belgique et particulièrement la Wallonie si accueillante. Là on est dans la fange, mais le beau existe aussi.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Ensuite partez vous faire un week-end découverte de la Belgique (Dinant, Namur, valeurs sûres). Ils sont sympas en vrai.
Je recommande à ceux qui ont aimé Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu. C'est une exploration des bas fonds de ces lieux ni tout à fait ruraux ni tout à fait urbain, mais en plus cinglant, cruel, tragique.
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Dans ce coin de Belgique où hommes femmes et enfants tournent en rond, dans un manège de misère et d'ennui , le travail délictueux y rapporte plus que le travail honnête et les jeunes gars y portent des prénoms de séries américaines. Ces derniers ont les plumes collées dès la naissance, preuves vivantes d'un déterminisme social qui goudronne leurs vies, et c'est dans un avenir étriqué que poussent leurs carcasses.

Il y a eux, et puis il y a Joy, belle intelligente et déterminée, la seule à vouloir se frayer un chemin vers les étoiles.
Leur rencontre, une histoire de prédation et de violence.

Rodéo est un roman piège. Il happe et ne vous relâche pas. Il écorche au passage et vous tord les boyaux.

Ce fait divers, aiko solovkine se l'attaque frontalement. le style et ses changements de registres travaillés en leviers de vitesses. Accélérations et freinages, dérapages, heurts, secousses et cabossages. L'étau qui se resserre, le fer qui marque, c'est en position de proie que j'émerge de ce rodéo. Ko. mes sensibles s'abstenir, les autres foncez.

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Un texte pareil, ça vous harponne. Ça vous prend par la main -certes un peu brutalement- puis ça vous entraîne inéluctablement, des longues lignes droites évoquant la fatalité d'un déterminisme mortifère aux cahots des chemins de traverse qui donnent la fugace illusion d'y échapper puis aux sorties de route concluant certains dérapages incontrôlés.
Dans une langue d'une précision et d'une férocité percutantes, "Rodéo" brosse le portrait d'une jeunesse désoeuvrée, membres d'un lumpenproletariat évoluant dans un néant semi-agricole et périurbain, attendant qu'on lui trouve une valeur marchande.

Ils n'ont aucune conscience politique ou sociale, des capacités intellectuelles limitées ou inexploitées, mais éprouvent une rage sur laquelle ils ne savent pas mettre de mots, celle d'exister dans ces microcosmes coquets identiques d'un village à l'autre, bleds vides et mornes qu'ils ne songent pourtant pas une seconde à quitter, et dont ils adopteront finalement les codes avec application. Voués à une calvitie précoce couronnant leur silhouette bedonnante. Condamnés à adopter la même déco kitsch et surchargée que leurs parents, à considérer comme une fin en soi l'acquisition par traites mensuelles d'une cuisine équipée ou du dernier cri en matière de gadgets électroniques, à éponger par des crédits les fins de mois problématiques. Ils seront même prêts, le temps venu, à faire des efforts pour rentrer dans le rang : éviter les bagarres, cesser de faire des doigts d'honneur aux filles. Consommer. Fonder une famille, dont les enfants porteront comme eux des prénoms à consonnance anglo-saxonne. Si possible trouver un boulot. Se résigner, sans le conscientiser, à rentrer dans ces existences toutes tracées, sans surprise ni déviation.

Mais en attendant, ils ont le sang brûlant, avide de mouvement, de folie et d'intensité. Sont en quête de parenthèses où la vie bat plus vite, plus fort. Mus par une violence atavique et une idée primitive de la virilité, excités par l'alcool et les amphétamines, ils se grisent de vitesse et de danger au volant de leurs bagnoles bricolées, effraient les jeunes filles qui ont le malheur de croiser leur route, rejouant les règles d'une chasse impitoyable et séculaire, dont l'issue est parfois fatale…

Aïko Solovkine trace les chorégraphies macabres et les rituels cruels dans lesquels cette jeunesse à l'imagination mesquine et brutale oublie son statut de laissés-pour-compte à coups de phrases brèves mais éloquentes, saisissant l'essence d'instants que leur dimension significative rend immuables, et créant un effet de martèlement addictif qu'elle entrecoupe de brèves pauses au cours desquelles le rythme se fait plus ample, la langue moins tranchante. Il se dégage de son texte une énergie qui, associée au réalisme cru et violent de son propos, laisse le lecteur en apnée.

A lire, bien sûr !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Avant toute chose, merci à Masse Critique de m'avoir fait découvrir ce roman, et par la même occasion, une collection de la Fédération Wallonie-Bruxelles dont j'ignorais l'existence.

Roman choc, brut qui peut se passer dans n'importe quelle banlieue, mais ici nous sommes en Belgique.

Des potes, des amis, peut-être mais surtout une bande de gars qui ont grandi ensemble, fait les mêmes expériences de la vie, ils sont ce qu'ils ont vécu, ce qu'ils ont connu.
Avec comme toile de fond la banlieue morte, morne, la buvette, les bagnoles surkitées, les rêves de gain au Lotto, les beuveries et les coups d'adrénaline.

La vitesse, jouer à se faire peur, les filles faciles, voilà le quotidien de ceux-là qui deviendront un jour magasinier, caissière ou tout autre profession qui ne les sortira pas de là.

Et au milieu du lot, exception : une fille jolie, intelligente, douée même. Pour elle, pas de chemin de vie en forme de gosses, de téléviseur à crédit. Jusqu'à ce que …..

L'auteure a une plume efficace qui nous fait plonger directement dans ce quotidien grisâtre, sombre même, dérangeant.
Le rythme donné à certaines scènes, fait de petites phrases, de descriptions courtes, donne un mouvement particulier au texte, j'ai beaucoup apprécié cela.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
D'une fête à l'autre, d'un vagin au suivant, ils demeurent soudés et continuent à profiter de l'existence mais en économisant leurs forces, désormais réservées aux fins de semaine. Barbecues l'été en débardeurs gagnés en boîte de nuit, fondues bourguignonnes l'hiver et beuveries en toutes saisons. Lorsqu'ils sortent ou se divertissent, c'est entre hommes uniquement. Les femmes sont pour la maison et la baise réglementaire. D'autres, plus excitantes, clandestines, les attendent à l'extérieur, dans les bars et les discothèques. Où dans les bordels où ils se rendent parfois en meute, et y filment leurs exploits. [...]
Jef, Olivier et Christopher se garent au bord de la piste d'aviation, s'approchent des autres à grands pas. En prince, tu sors de la voiture pour accueillir tes hôtes, le pantalon baissé à mi-cuisses que tu remontes sans empressement. Ah putain, qu'est-ce que ça fait du bien quand même, de se vidanger les boules. Tu es d'humeur joviale, en tout cas, elle nous a bien chauffés, cette petite salope et il y en aura pour tout le monde.
Les autres garçons encerclent la voiture de Lucky Strike et y découvrent Joy dans la position où Kevin et toi l'avez laissée. Ne veulent décidément pas comprendre cette fille en pleurs qui boude sa chance et son plaisir. Ton sperme qui coule encore d'entre ses cuisses ne les dérange pas davantage.
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Pourriture. Saloperie. Tu ne connaîtras jamais la fin de l’histoire, ne sauras jamais qu’on a fini par apprendre la vérité, que c’était toi. Trahi par le corps de ton père dont les fluides ont scellé ton crime.
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On va voir ce qu’on va voir. Les autres pouffent et disent que c’est tout vu. Ils l’ont déjà observé à la manœuvre et savent à quoi s’en tenir. Kevin se défend et leur oppose des arguments qu’il estime adéquats. En centaure des temps modernes, il est parfaitement capable de ne faire qu’un avec sa machine, et il est même appelé à le faire. Mais pas question pour ses copains de s’exhiber sur le parking d’un supermarché un samedi après-midi. Le projet n’est pas à la hauteur de leurs vues esthétiques qui s’accommodent mal du public familial issu de la petite classe moyenne se rendant aux magasins comme d’autres au musée. À leur décharge, force est de reconnaître que la présence de ce public ne les incite pas à s’adonner à ce qu’ils font de mieux.
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Une belle qualité s’exhibe et se partage, tandis que la médiocre se consomme dans la honte d’être surpris. Faut voir en fonction des filles et faut voir avec les autres. Les exemples prospèrent à foison et celui de Priscilla est significatif. Encore une gonzesse qui ne se respecte pas, déplore Olivier. Se comportant en trou et réclamant par conséquent sa pelletée de bites salvatrices, complète Christopher, en des termes certes moins choisis. Nombreuses d’ailleurs sont celles qui sacrifient de leur temps à cette noble cause. Il n’y a donc aucune raison de s’affranchir d’une bonne action, à pratiquer seul ou en nombre, tant il est vrai qu’on y croit, au bonheur d’autrui.
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Sans tarder, il s’instruit des pulsions de ses jeunes compagnons. Complaisants, ces derniers passent en revue les adolescentes de leur voisinage ou celles qu’ils côtoient sur les bancs de l’école. Celles qui les excitent, pulpeuses à souhait dans leurs t-shirts au-dessus du nombril. Sans parler de leurs culs asphyxiés dans des minijupes. Celles qui portent des bottes blanches ou des talons. Celles qui se teignent en blonde et se maquillent pour appâter les garçons. Celles qui ne parlent que de ça et n’attendent pas autre chose. Celles aux lèvres trop gonflées et perpétuellement entrouvertes, qui en rajoutent dans la provocation en les peignant en rouge.
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