Avec Li Mubai l'épée précieuse, ma déception continue de grandir. Ce troisième tome de Tigre et Dragon est tout à fait à l'image des précédents. de l'action, de l'action et… ah oui, de l'action. Je croyais que l'arrivée de Li Mubai allait bouger un peu les choses. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce jeune homme est un expert en arts martiaux, le protagoniste du personnal principal du film remarquable qu'a tiré Ang Lee de cette saga. Visiblement, le film a été adapté d'un tome ultérieur car, ici, on s'attarde aux année « de jeunesse » du Chinois. Ce qui sauve le roman, c'est que le jeune homme est attachant (posé, réfléchi, presque parfait), davantage que le Petite Grue aveuglé par son désir de vengeance.
Et le début était pourtant prometteur. Li Mubai avait été élevé pour devenir un homme de la cour et, juste avant de passer les examens pour entrer dans l'administration impériale, il a opéré un 180 degré et s'est lancé dans les arts martiaux. Quoiqu'il fasse, il y excelle. le jeune entend parler de Yu Xiulian, la fille d'un garde d'escorte renommé. Elle manie vraiment bien l'épée et le jeune chevalier espère attirer son attention en la provoquant en duel. Malheureusement, elle est déjà promise à un autre alors la romance tant espérée n'aura pas lieu. (Je sais que les traducteurs changent souvent les noms, je crois que cette Yu Xiulian est la fameuse Yu Shulien du film). Dans tous les cas, un respect mutuel les lie à jamais. Et plusieurs aventures, évidemment.
L'auteur insiste souvent, en particulier quand il fait référence à Li Mubai, ou Petite grue et d'autres grands maitres du gongfu, sur des codes d'honneur, un sens de la justice, la sagesse. Et c'est souvent ce que nous, les Occidentaux, nous associons à cet univers d'arts martiaux. Étrangement, ce n'est pas ce qu'il ressort de ces bouquins de
Wang Dulu. Après tout, pourquoi tant de chevaliers s'entretuent, cherchent à se venger ? D'un côté comme de l'autre, c'est qu'il doit y avoir des experts de gongfu qui n'agissent pas avec honneur ou qui ne soient pas justes ni sages. N'est-ce pas ? Je veux dire, tous les mécréants ne sont pas des saoulards sans morale, des criminels impis. Ou bien j'ai manqué quelque chose…
Toutes ces histoires de vengeances… c'est pire que les vendettas des Corses. Un premier se venge d'un second qui ripostait contre les faits d'armes du premier qui voulait réparer une insulte du second qui exerçait des représailles contre le premier qui voulait se faire justice contre le second qui prenait sa revanche contre le premier… Vous saisissez ? Un peu d'imagination, SVP ! L'évolution psychologique des personnages, connaissez ?
Et si au moins
Dulu Wang nous transportait dans un décor, dans un univers aussi enchanteur qu'Ang Lee. Mais non. Son écriture est sèche, on y retoruve peu de descriptions de lieux, de paysages. Les meilleures informations, je les tirais des notes du traducteur (excellentes, en passant !), qui expliquait certaines références du roman, et de mes recherches personnelles sur l'internet. C'est beaucoup dire. Je m'encourage en me rappelant qu'il ne reste qu'un tome (traduit en français, car il y en a davantage dans la langue d'origine, et ils sont divisés autrement).