Ce livre est avant tout une invitation au voyage.
Entre Orient et Occident, entre terre et mer, entre mère et fils, enfance et (...) vieillesse, entre rêve et réel...
Il m'a surprise, saisie, désarçonnée, sans pour autant me lâcher.
𝘜𝘯 𝘭𝘪𝘵 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭'𝘰𝘤𝘦́𝘢𝘯, c'est une curieuse traversée au cours de laquelle le lecteur respire le monde et la vie par petites touches. Des touches colorées et rapides qui créent une oeuvre indéfinissable, insaisissable, quasi impressionniste.
Mais entre les vagues, derrière la brume, se disent les silences, s'expriment et s'expansent la vie et l'amour entre deux êtres qui pourtant semblait perdu à jamais.
En dépit de l'Alzheimer de la mère, le fils recrée le lien en retournant dans les profondeurs.
Une mère qui pousse un fils à une exploration olfactive, gustative et sonore, et l'embarque avec elle pour faire le plus beau des voyages, celui qui emmène vers l'autre et vers soi-même...
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Dégusté comme une datte sucrée, un thé à la menthe pas loin en haut du Suquet, ce texte sensible (mais pas mièvre !) cristallise nos 5 sens : les goûts, les couleurs, les odeurs, les musiques, les cultures juives et musulmanes si proches. La délicatesse et la pudeur avec lesquelles l'auteur aborde des thèmes pourtant difficiles (les césures familiales, la maladie, la guerre...) font de cette lecture un incroyable voyage.
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"Ma mère est à elle seule l'Algérie de mon enfance, une terre de lumière et de sang, aux sables roux, ocres, d'un brun luisant au bord de l'eau que les étoiles filantes éclaboussent de leurs lueurs. Il ne sert à rien de demander ce qui lui reste de ce pays, elle est ce pays. Mais moi, je peux me poser la question : que me reste-t-il de l'Algérie ? Ce reste m'empêche-t-il de m'ouvrir complètement au monde qui m'entoure ?
À vingt ans, j'ai voulu quitter tout ça, ne pas revenir en arrière. "C'est contre la nostalgie que je grandis", ai-je écrit un jour. Et me voilà repris par cette terre. Me voilà repris pas ma mère. Je ne veux plus m'éloigner d'elle, maintenant que je l'ai retrouvée.
"Je ne veux pas aimer ma mère", avais-je pensé.
"Je ne veux pas aimer cette terre" aurait été plus juste. Mais l'amour est là et m'enveloppe.
Tam-tam d'une nuit lointaine.
Battements à l'intérieur de chaque mot.
Toute vie même en délitement est source de créativité". Pages 148-149
Son savoir vient de la terre, des apprentissages de la rue et du ventre des maisons… Elle aime le violon que l’on pose sur la cuisse, la derbouka, les chansons populaires en arabe, la chaleur étouffante du vent d’est qui vous confine à l’intérieur des maisons le jour et qui, le soir, vous invite à venir goûter l’air frais sur les trottoirs.
Ma mère a le don des femmes vêtues de sable rouge.